En août dernier, à Genève (Suisse), la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Cites) a ajouté à sa liste des espèces en danger les raies et les requins, victimes de surpêche. Depuis nombre d'années, associations et ONG alertent sur le fait que nos océans, mers et rivières sont en train de se vider rapidement. En effet, selon la Cites, la part de poissons dont le rythme de pêche est supérieur à celui de leur reproduction a plus que doublé depuis les années 1980.
La raison de cette surpêche s'explique par l'envolée de la demande mondiale. Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), elle est passée entre 2011 et 2016 de 130 millions de tonnes à 151,2 millions de tonnes (+ 16,3 %), alors que la population mondiale progressait de 7 à 7,4 milliards d'individus (5,7 %). Rapportée par habitant, elle est passée de 18,5 kg en 2011 à 20,3 kg en 2016, et elle devrait atteindre 21,8 kg en 2025, selon l'OCDE. En résumé, chaque habitant de la planète mange en moyenne le double de poissons et de fruits de mer qu'il y a cinquante ans.
Cette accélération s'explique aussi par les nouveaux standards de consommation dans les pays émergents, comme la Chine. Selon l'OCDE, chaque chinois mangeait 39,5 kg durant les années 2013-2015. Il devrait en consommer 47,2 kg en 2025 (+ 19,5 %). Aujourd'hui, la Chine est la première consommatrice de poissons et autres fruits de mer. Avec son 1,7 milliard d'habitants, la Chine exerce donc une pression importante sur l'offre.
L'aquaculture, alternative à la surpêche
Pourtant, la catastrophe annoncée par certaines ONG n'apparaît pas, grâce à l'aquaculture. Il s'agit d'un phénomène inédit, apparu depuis cinquante ans, contrairement à l'élevage qui existe depuis des siècles. L'aquaculture a ainsi permis depuis les années 1990 de stabiliser le volume issu de la pêche en mer (voir le graphique). En 2013, la part de poissons et de fruits de mer provenant des fermes aquatiques a même dépassé celle provenant des milieux naturels, atteignant 97,11 millions de tonnes contre 91,75 millions de tonnes. En 10 ans, la production issue de l'aquaculture a bondi de plus de 83 % pour atteindre 106 millions de tonnes en 2015.
Certes, à l'instar de l'élevage intensif, l'aquaculture a ses problèmes. Le recours massif aux antibiotiques pour traiter des maladies favorisées par les élevages surpeuplés n'est pas sans rappeler les abus que l'on trouve dans les élevages de poulets, de porcs ou de boeuf, qui se répercutent sur la qualité. Il n'est donc pas étonnant que se développe ces dernières années une aquaculture biologique plus soucieuse des conditions de vie des poissons et de leur reproduction. Et à moins d'adopter une diète vegan qui élimine tout produit d'origine animale, l'aquaculture permet de nourrir de plus en plus de monde tout en empêchant les océans de se transformer en déserts.
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