Ebola bientôt vaincu ?

LE "CONTRARIAN" OPTIMISTE. En République Démocratique du Congo (RDC), la vaccination préventive et la découverte d'un traitement efficace contre Ebola font naître l'espoir de vaincre cette maladie. Une situation qui contraste avec celle des pays développés où la suspicion à l'égard de la pratique de la vaccination gagne du terrain dans l'opinion publique. En cause : les réseaux sociaux et la méfiance croissante envers l'industrie pharmaceutique. Par Robert Jules, directeur adjoint de la Rédaction.
Dans les pays développés, la vaccinations suscite de plus en plus de méfiance.
Dans les pays développés, la vaccinations suscite de plus en plus de méfiance. (Crédits : Olivia Acland)

L'information est loin de faire la une des journaux, pourtant elle mérite qu'on s'y attarde. La République démocratique du Congo (RDC) fait face depuis plus d'un an à l'épidémie Ebola, une maladie contagieuse, et « mortelle entre 25 % et 90 % » selon les situations, estime l'OMS. En 2014, elle avait causé la mort de 11.000 personnes en Afrique de l'Ouest, en Guinée, au Liberia et au Sierra Leone. À l'époque, la vitesse à laquelle se répandait le virus avait fait craindre une pandémie. Malgré ses 2006 morts et plus de 3.000 cas répertoriés, la RDC a réussi à contenir la maladie.

C'est d'autant plus remarquable que ce grand pays africain compte parmi les plus pauvres de la planète et que la maladie sévit à l'est du pays, dans le Sud-Kivu, une région tristement célèbre pour les violences exercées par les seigneurs de guerre et l'exploitation illégale de mines, sans compter « d'autres défis sanitaires comme la rougeole et le paludisme », rappelait le secrétaire général de l'Onu, António Guterres, en visite sur le terrain en début de semaine.

Cette lutte passe par deux actions. Il y a d'abord la vaccination de plus de 200.000 personnes à titre préventif. Le vaccin, produit par le groupe pharmaceutique Merck, a évité la mort de 800 personnes. Mais cela ne va pas sans mal auprès de la population. L'ONG Oxfam, présente dans la région, évoque des « réticences communautaires » dans certaines zones, en soulignant que ce sont celles qui présentent le plus de cas confirmés. Mais c'est surtout la découverte d'un traitement efficace qui rend optimiste pour l'avenir. Les autorités sanitaires congolaises ont fait état au mois d'août de la guérison de deux malades - une mère et son fils -, grâce à deux traitements à base d'anticorps monoclonaux qui agissent en neutralisant la capacité à affecter d'autres cellules.

La vaccination loin de faire l'unanimité dans les pays riches

L'espoir que fait naître la possibilité de vaincre cette maladie contraste avec la vague de scepticisme à l'égard de la vaccination dans les pays développés. L'Onu a récemment alerté sur le retour de l'épidémie de rougeole : 350.000 cas en 2018, le double par rapport à 2017, et, pour le premier trimestre 2019 le nombre de cas a quadruplé par rapport au premier trimestre de 2018, selon l'OMS. La stagnation du taux de vaccination - il reste à 86 % depuis dix ans pour la diphtérie, le tétanos, la coqueluche et la rougeole - explique le phénomène, dû selon l'Onu « aux conflits et aux inégalités », mais aussi « à une complaisance ». Selon l'Unicef, près de 20 millions d'enfants dans le monde n'ont pas reçu les vaccins qui permettent d'éviter certaines maladies mortelles en 2018.

Dans les pays développés, une partie de la population est influencée par « la prolifération des fausses informations », explique l'Onu, et la méfiance à l'égard des pratiques des « Big Pharma ». Pour ce qui concerne la rougeole, le mouvement « antivax » se base sur les résultats d'une étude publiée en 1998 par un chercheur britannique, Andrew Wakefield, faisant le lien entre le vaccin contre la rougeole et l'autisme. Malgré la démonstration ayant prouvé que ce chercheur avait falsifié ce résultat, la rumeur prolifère notamment via les réseaux sociaux sur Internet.

Sans compter les prises de position de certains responsables dans le monde de la médecine ou encore dans la politique, à l'instar de Michèle Rivasi, députée européenne qui figurait au deuxième rang de la liste écologiste menée par Yannick Jadot. « Je ne suis pas contre les vaccins, je suis vaccin-critique. Mon combat, c'est la transparence et l'accès aux informations que l'industrie pharmaceutique cache au nom du secret commercial. Prenez l'Afrique, je ne crois pas que la vaccination soit une solution à tout », confiait-elle au Point. Pourtant, ce sont bien les progrès de la médecine, notamment la vaccination, qui permettront un jour prochain en Afrique de faire passer Ebola du statut de maladie mortelle à celui de maladie évitable.

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Commentaire 1
à écrit le 08/09/2019 à 8:04
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"En cause : les réseaux sociaux et la méfiance croissante envers l'industrie pharmaceutique" Vous avez du mal à assimiler réseaux sociaux et opinion publique, si c'est pas un sondage venant d'un média de masse cela ne peut pas être l'opinion publ...

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