Finances publiques : Nicolas Sarkozy est-il sérieux ?

Nicolas Sarkozy promet de ramener le déficit public sous les 3% du PIB en 2019. Mais le peut-il, tout en baissant massivement les impôts? A l'évidence, non.
Ivan Best

 La politique, c'est bien sûr la gestion des contradictions. Il est possible de les résoudre, de les contourner, ou de les masquer. Candidat à la primaire de la droite et du centre, Nicolas Sarkozy opte manifestement pour cette troisième solution. Il fait semblant de ne pas voir la contradiction pourtant fondamentale de son programme, au risque de se décrédibiliser. Quelle est-elle ? L'ancien chef de l'Etat veut baisser massivement les impôts, rapidement. Le chiffre qu'il avance désormais, dans une interview au Figaro, s'élève à 40 milliards d'euros (il était plus proche de 30 milliards début septembre). Il sous-entend depuis la publication de son livre-programme que ces allègements fiscaux interviendront rapidement, afin de créer ce qu'il appelle un « choc de confiance ». Mais ces baisses d'impôt ne vont-elles pas creuser le déficit des comptes publics, lui demande-t-on ? Absolument pas, répond-il désormais, voulant manifestement donner des gages de sérieux budgétaire, après une période de flottement sur le sujet. De toute façon, le trou est déjà creusé par Hollande, qui ment sur les comptes, dit-il. Donc, il négociera au niveau européen un nouveau délai pour ramener le déficit sous les 3% du PIB. Au lieu de l'échéance de 2017 promise par François Hollande, qui a obtenu deux reports, ce sera 2019, affirme désormais Nicolas Sarkozy:

"À partir du moment où toutes les mesures d'économies auront été votées sous trois mois, et qu'elles s'accompagneront simultanément d'une baisse des impôts et d'une réforme du marché du travail qui répondront totalement au blocage français en matière de croissance, nous n'aurons aucune difficulté à ce qu'ils - les Européens- acceptent que nous repassions sous la barre des 3 % en 2019, pour renouer avec l'équilibre à la fin du quinquennat".

Les comptes à l'équilibre en 2022?

L'équilibre budgétaire serait atteint en 2022. Est-ce possible ? Sans doute, au vu du point de départ d'un déficit public de 3,5% du PIB en 2015 -seul chiffre avéré-. Mais à condition, bien sûr, de ne pas avoir la main trop lourde sur les baisses d'impôts. Car peut-on les baisser massivement et rapidement, à hauteur de 2 points de PIB, tout en ramenant le déficit sous les 3% ? L'arithmétique, ici, reprend ses droits : c'est évidemment impossible. L'argument de la baisse des dépenses ne tient pas la route : Nicolas Sarkozy l'admet, elles n'interviendront que progressivement. Si les 100 milliards d'euros d'économies peuvent être atteints, c'est seulement à la fin du quinquennat (au passage, on peut s'interroger sur la réalité de ces100 milliards, reposant notamment sur 31 milliards d'euros d'économies sur l'assurance maladie, sur un budget de 163 milliards).
De deux choses l'une, donc. Soit Nicolas Sarkozy procède aux fortes baisses d'impôts évoquées depuis la fin août, et il est alors impossible de revenir sous les 3% de déficit en 2019, comme il l'annonce. Soit le candidat à la primaire veut tenir cet engagement budgétaire, et il lui faudra alors renoncer aux allègements fiscaux massifs et rapides.

Ne pas trancher clairement entre ces deux options, ce serait à coup sûr faire preuve d'un manque de sérieux.

Ivan Best

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Commentaires 12
à écrit le 03/10/2016 à 22:42
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Sarkozy et sérieux dans la même phrase. Etes-vous naïf a ce point ? Il a été plus de 15 ans au pouvoir , chacun sait maintenant ce qu'il vaut.

à écrit le 03/10/2016 à 19:38
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Question: Quel serait l'impact sur le PIB (et la croissance) d'une baisse des dépenses publiques de, disons, 100 Mrd, c.à.d. retirer 100 Mrd du circuit économique ? Jusqu'à 2012 on croyait que la valeur du 'multiplicateur des dépenses publiques' (ra...

à écrit le 03/10/2016 à 16:04
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30 milliards il ya un mois, 40 milliards aujourd'hui. 50 dans une semaine et 100 d'ici la fin de la primaire? Apparemment, les plans economiques de Nicolas Sarkozy évolue au gré des mauvais sondages.

à écrit le 03/10/2016 à 15:44
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Il faut surtout s'attendre a une foison de nouvelles taxes TVA et impots pour les classes moyennes pour financer tout ça et surtout les 5 milliards de cadeau fiscal au plus riches avec la suppression de l'ISF !

le 03/10/2016 à 19:04
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Supprimer l'ISF n'est pas faire un cadeau aux riches. Déjà un "cadeau" est quelque chose que l'on donne, ici le but est de ne plus "prendre". Ensuite les "riches" paient déjà beaucoup d'impôts, plus que partout ailleurs en Europe. Et ensuite, si ça p...

le 03/10/2016 à 21:00
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Pour Pat34. 1°) Aucun pays au monde de sérieux n'aura l'idée de baisser les impôts pour faire du déficit alors que sa situation budgétaire est déjà tendue. Et que ce soit pour n'importe quel impôt. En 2006, Peer STEINBRUCK a massivement augmenté ...

à écrit le 03/10/2016 à 14:43
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Il faut des entrepreneurs,des travailleurs,des laborieux,etc autant de sueur,qu'un évêque peut en bénir pour sortir le pays de la médiocrité ,qui chaque jour devient de plus en plus crasse???? avec le dossier kadachian,la France ,bat un record d'imp...

à écrit le 03/10/2016 à 14:19
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M. SARKOZY égal à lui-même : il veut faire sa relance KEYNESIENNE (baisse des impôts de 2 % du PIB), comme il l'a fait en 2009 et en 2002. Et évidemment, il accuse HOLLANDE de ne pas tenir compte dans son budget de cette baisse de 2 % du PIB. Le si...

le 03/10/2016 à 15:53
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MDR que des bêtises !

le 03/10/2016 à 18:04
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Une politique keynesienne ne peut se résumer à une baisse des impôts, je ne pense pas que ce soit d'ailleurs l'objectif de NS. Sinon, Reagan Thatcher et consorts étaient les rois des keynésiens, ce qui fait sourire rien qu'à l'écrire ! Keynes augm...

à écrit le 03/10/2016 à 13:05
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Il ne s'agit pas de baisser les impots, mais de modifier leur point de prélèvement; il faut les répartir progressivement sur la production (fiscalité des entreprises) et sur la consommation. Cela correspond à basculer la fiscalité du travail (les cha...

le 03/10/2016 à 14:14
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Cela fait du bien de constater que vous êtes toujours en bonne santé....

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