L'irrésistible ascension de nos amies les bactéries

[Rencontres Capitales] Une véritable révolution agite actuellement le monde des bactéries ou plutôt celui de celles et ceux qui les étudient. Il y a moins de vingt ans, le mot bactérie évoquait presque toujours une maladie, une infection, une contamination, bref une situation qu'on ne souhaitait pas, source de problèmes plus ou moins graves et plus ou moins durables. Cette période est bien terminée car, on le sait maintenant, il y a beaucoup plus de bactéries bénéfiques que de bactéries pathogènes. Par Pascale Cossart, professeur à l'Institut Pasteur, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences
Pascale Cossart, professeur à l'Institut Pasteur, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences
Pascale Cossart, professeur à l'Institut Pasteur, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences (Crédits : DR)

Les technologies performantes de la métagénomique (techniques permettant d'identifier l'ensemble des génomes de micro-organismes présents dans un environnement donné) ont révolutionné notre regard sur les niches bactériennes, qui d'ailleurs sont bien plus nombreuses qu'on ne le soupçonnait !

En effet, les bactéries sont présentes partout et souvent en quantités gigantesques. Elles s'assemblent en énormes communautés appelées « microbiotes » et jouent des rôles très importants pour l'équilibre de l'homme, des animaux, des plantes et aussi de l'environnement. Par exemple, notre intestin est un énorme réservoir de bactéries qui, notamment, participent à la digestion des aliments.

L'intestin, un deuxième cerveau

Mais ces bactéries de la flore commensale font bien plus : elles participent au développement de l'intestin, contribuent à l'élaboration d'un système immunitaire efficace, fabriquent des composés indispensables à la vie - des vitamines -, et stimulent les cellules de l'intestin à produire des composés qui peuvent migrer jusqu'au cerveau et affecter nos cellules neuronales et, par voie de conséquence, notre état psychologique. On parle d'un deuxième cerveau situé dans notre intestin, c'est bien sûr une image mais les résultats des recherches le démontrent sans ambiguïté : une flore intestinale composée de nombreuses variétés de bactéries est signe de bonne santé physique et mentale. Une flore appauvrie ou ayant une composition déséquilibrée est signe de maladie ou de vieillesse.

L'environnement et, en premier lieu, l'alimentation influent énormément sur la composition de ce microbiote intestinal. En retour, le microbiote influe sur l'organisme lui-même. Il faut donc prendre très grand soin de son microbiote intestinal. Pas question de le déstabiliser et de le désorganiser par un régime alimentaire peu équilibré ! De même, évitons au maximum les antibiotiques qui, s'ils éliminent les bactéries responsables d'une infection, éliminent aussi une grande partie du microbiote intestinal et le désorganisent, laissant le champ libre à la prolifération de micro-organismes non souhaités. Des bactéries bénéfiques vivent aussi en véritable symbiose à d'autres endroits de notre corps, la peau par exemple...

Elles diffèrent de celles de nos voisins, de nos animaux domestiques ou sauvages, de celles qui sont présentes dans l'environnement, sur les racines des plantes, ou dans les fonds marins. Notre planète est peuplée de bactéries qui communiquent entre elles à l'aide de signaux chimiques et qui parfois changent de localisation. D'où la nécessité évidente maintenant que travaillent ensemble microbiologistes, médecins, vétérinaires, agronomes et environnementalistes.

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Commentaire 1
à écrit le 18/04/2018 à 9:14
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Merci beaucoup même si un peu court vu la cause que vous défendez ! Sur 100 bactéries seules 4 ou 5 sont mauvaises, toutes les autres sont bonnes pour la santé et la vie dans son ensemble or avec nos produits chimiques nous anéantissons les bonnes...

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