Les possibilités, inédites, de créer synonymes d'une liberté, inédite, de créer ?

[Rencontres Capitales] Nous sommes indéniablement dans un moment singulier de l'histoire de l'humanité, engendré par une accélération sans précédent des connaissances induite par la triple convergence des progrès des technologies (notamment du numérique), d'outils théoriques qui facilitent la compréhension de la complexité, et d'une production considérable de données.
Une société qui doute de la science risque de ne plus garantir la liberté de chercher
"Une société qui doute de la science risque de ne plus garantir la liberté de chercher" (Crédits : DR)

Ce contexte procure à l'homme des possibilités inédites de créer. Deux difficultés existent cependant : l'une, d'origine technique, est due à la différence de rythme de croissance entre le flot massif de données et celui des grilles d'analyses ; l'autre, d'origine anthropique, est liée à la difficulté d'appropriation de ces nouveaux savoirs scientifiques par le plus grand nombre d'entre nous. Elle pose, sous un angle nouveau, la question de l'acceptabilité citoyenne de la connaissance et de ses implications.

Depuis les temps immémoriaux, le progrès humain est dû à la synergie entre les découvertes scientifiques, leur compréhension grâce à la démarche scientifique, et la créativité des hommes liée à leur imagination. Les hommes se sont donné la liberté de chercher et de créer. Aujourd'hui, cette liberté inédite laissée aux scientifiques fait peur. Est-ce la liberté de comprendre ou celle de créer qui est mise à mal ? Sont-elles néanmoins dissociables ? Cette question est particulièrement sensible dans la recherche sur le vivant. L'homme capable d'intervenir sur l'ADN devient responsable de sa propre hérédité, il est l'acteur de son évolution. L'approfondissement de la connaissance scientifique entrouvre alors un gouffre existentiel sous nos pas. Les possibilités inédites de créer peuvent-elles tout autoriser avant que l'on en ait exploré les conséquences ?

Au risque de l'obscurantisme

L'enjeu consiste à savoir comment nous pouvons réguler collectivement notre relation à la connaissance et ce que nous en faisons. Une société qui ne s'approprie plus ou qui s'approprie mal la science sera d'autant plus tentée d'expulser la science hors de ses murs, laissant place à l'obscurantisme. Une société qui doute de la science risque de ne plus garantir la liberté de chercher.

La création des premiers OGM dans les années 1970 a conduit, trente ans plus tard, à une suspicion de la part des citoyens quant à leur utilisation et à en bannir la recherche. La société du numérique qui s'est construite depuis ces dernières décennies, induisant une hyperconnectivité, n'est pas exempte de développer une phobie à l'égard de celle-ci, si elle empiète trop dans la sphère privée. C'est pourquoi la réflexion et l'éthique sont indispensables pour que les possibilités inédites de créer qui s'offrent à nous permettent la liberté de créer, en évitant une liberté sans limite, au risque de verser dans le désastre, que les Grecs appelaient avec effroi l'hybris et que l'on traduit souvent par démesure.

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RENCONTRES CAPITALES

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Commentaires 3
à écrit le 23/04/2018 à 13:11
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L’homme « crée »car il change son «  ADN » ? En changeant son ADN , il modifie son hérédité. Ce n’est pas de la «  création » c’est du bidouillage sur l’ADN J’espère que vous avez assez de «  budget » pour réparer les dégâts «  collatéraux «  par la ...

à écrit le 23/04/2018 à 12:59
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Réflexion et éthique ? C’est ce qui manque à la science Matérialiste.

à écrit le 18/04/2018 à 10:59
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"Une société qui doute de la science risque de ne plus garantir la liberté de chercher" LA science fondamentale oui bien entendu elle est intrinsèque à l'humanité, vitale même mais celle qui fait que nos essuies glaces se déclenchent tout seuls, ...

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