Reprenons confiance dans notre culture nationale !

[Rencontres Capitales] Notre monde est passionnant. Nous vivons ensemble. Pour la première fois. On suit l'actualité à Pékin comme à Marseille.

L'état de la banquise nous fait souci. Nous vivons vite, plus vite que jamais, dans une hyperactivité qu'il va falloir apprendre à maîtriser. Pas de panique. Il faut relire Du bon usage de la lenteur de Pierre Sansot (Rivages, 1998). Mais il faut que nous retrouvions une direction, un chemin. Un sens à ce monde, un commun. Mais un commun du futur. Avec des peurs raisonnables.

Et c'est ici que nous avons besoin de tenter d'éclairer cette époque où chacun de nous est un être individuel, libre et mobile en face à face direct et immédiat avec le monde en son entier. Chaque bouteille vide que je trie sauve le monde comme les plus grandes décisions des puissances les plus grandes. Ce couple entre l'unité et la totalité est écrasant et novateur, libérateur et insécurisant, mais chacun peu à peu s'y engage pour donner un avenir au monde. Seulement, nous appartenons aussi à des cultures nationales et à de grands ensembles politiques. Et là encore, chacun est unique. Là encore, il n'y a pas de solution moyenne, bonne pour tous et partout.

L'Allemagne s'apaise dans la puissance industrielle, l'Angleterre dans la puissance des échanges, la France a besoin de politique. Elle a besoin de parler au monde, d'être un laboratoire politique d'innovations culturelles, scientifiques, techniques, sociales. Elle et les États-Unis. L'Union européenne est une invention extraordinaire, mais ce n'est pas un récit national partagé car nos récits nationaux sont divers, non fusionnels ni fusionnables. Cela aussi nous sommes en train de l'apprendre, et les peurs des peuples l'ont exprimé avant que nous ne trouvions des solutions. Cette société si vivante vit dans les corps culturels hérités, qui sont multiples, parfois enchevêtrés. Elle ne les efface pas et ne peut s'en extraire.

La nation, c'est aussi le commun

La France ne peut entrer dans le monde d'une humanité réunifiée qu'avec sa structure culturelle propre, ouverte certes dans une Union européenne puissante et une planète solidarisée, mais ouverte aussi à ses diversités internes et à la projection de son être commun politique qui est son unicité.

Son être unique, comme aurait pu dire le philosophe Max Stirner. Comme pour chaque nation, certes, mais justement, on a trop dit :

« La nation, c'est la guerre. »

C'est la guerre, mais c'est aussi le commun, et donc aussi la paix. Et sur la toile et dans le temps d'une planète écologiquement devenue fragile, il faut donner des signes manifestes de compréhension de ce commun-là. En cela, un président jupitérien est là, dit le politologue Stéphane Rozès, pour restaurer « la souveraineté de la nation ».

Napoléon Ier écrivait : « Je ne suis qu'un magistrat de la République qui n'agit que sur les imaginations de la nation ; lorsque ce moyen me manquera, je ne serai plus rien. »

Puisse se faire alors que nous reprenions suffisamment confiance dans notre culture nationale pour entrer dans le temps du monde nouveau sans passer par une phase de régression populiste.

___

RENCONTRES CAPITALES

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 18/04/2018 à 10:30
Signaler
"Chaque bouteille vide que je trie sauve le monde comme les plus grandes décisions des puissances les plus grandes" Production de déchets d'un habitant par an: 400kg Production de déchets de l'industrie par habitant par an: 14 tonnes. Don...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.