La « financiarisation » déstabilise notre système de santé

OPINION. Partout à travers le territoire, nos entreprises se battent pour créer et maintenir des emplois. Notre responsabilité est de préserver un système de santé solidaire avec une offre de soins bien répartie sur l'ensemble du territoire. Or cet équilibre, qui est la richesse et la spécificité de notre pays, est en danger. Par François Asselin, Président de la CPME et Gilles Bonnefon, Responsable du pôle Professions libérales de la CPME et Vice-président de la CNPL.
(Crédits : DR)

 La « financiarisation » du secteur menace d'y mettre un terme. On assiste en effet comme nous avons pu le vivre pour la biologie, certains centres dentaires, ophtalmologues, radiologues, à une concentration rapide et massive aux mains de groupes financiers, avec des capitaux parfois étrangers.

La rentabilité, fonction notamment du lieu d'implantation, devient alors la seule priorité. Ce n'est pas un hasard si les centres dentaires fleurissent dans les métropoles, mais qu'il est de plus en plus difficile de se faire soigner ailleurs. La création de centres de soins non programmés, sans aucune concertation avec les responsables locaux, s'inscrit dans cette logique.

 Les professionnels de santé qui travaillent dans ces conditions perdent leur autonomie, tant sur les choix d'implantation que sur leur mode d'exercice de la médecine. Leur activité se concentre sur les actes les plus rémunérateurs et la qualité des soins en pâtit. Dans certains cas, les pouvoirs publics ont même été contraints de lancer des procédures de fermetures.

La téléconsultation vers laquelle se tournent massivement les jeunes diplômés en médecine pose aussi problème. Les plateformes qui les gèrent annoncent elles-mêmes que leur durée est, en moyenne, de 3 minutes. Est-il raisonnable que cet acte soit remboursé au même tarif que la consultation en cabinet médical ? Il doit rester un outil facilitateur intégré dans le parcours de soin du patient et pris en charge sous certaines conditions. Mais il ne peut résoudre la question des déserts médicaux. Si la téléconsultation consiste juste à obtenir des arrêts maladie ou la prescription de médicaments parfois détournés de leur usage, c'est un mauvais investissement tant en termes de santé publique que pour l'équilibre de nos comptes sociaux.

Entendons-nous bien, la recherche de rentabilité n'est pas un gros mot et le secteur de la santé a besoin d'investissement. Mais cela ne doit se faire ni au détriment de la qualité des soins ni à celui de cette médecine de proximité que souhaitent nos concitoyens. Ceux qui essaient de nous faire croire que la véritable question est celle d'un choix entre acteurs publics ou privés nous trompent.  On parle ici d'un secteur économique dont les ressources proviennent des cotisations sociales. Il est normal qu'il fasse l'objet d'une régulation.

Le glissement actuel vers la seule logique financière n'est pas acceptable.

Il est donc heureux que la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAM) en ait pris conscience. Il lui appartient de mettre un terme à ces dérives en garantissant l'indépendance des professionnels de santé.

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Commentaires 2
à écrit le 26/07/2023 à 21:42
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La financiarisation gangrène déjà tous les secteurs d'activités de notre économie, qu'elle épargne au moins la santé , l'éducation , pour le sport c'est top tard .Mais par ailleurs il est évident que la médecine générale n'attire plus mais ce n'est ...

à écrit le 26/07/2023 à 8:00
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Partout la cupidité financière partout la mort et la misère. Hier un super doc sur arte qui expose comment elle a avalé l'argent du trafic de drogue mondial et de ce fait le protégeant car lui apportant de juteux revenus. Et ce sont ces gens là qui n...

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