Le logement doit cesser d'être le grand oublié de la présidentielle !

OPINION. Immigration, souveraineté nationale, sécurité intérieure... Tous les points qui font la vie des Français sont évoqués et épluchés. Tous, ou presque. Parmi les absents : le logement ! Par Pierre Vital (*), associé co-fondateur d’ID&AL groupe.
Pierre Vital
Pierre Vital (Crédits : Idéal Groupe)

Alors que les Français seront appelés aux urnes dans quelques semaines pour élire leur président de la République, les différents candidats à l'Élysée ne perdent plus une occasion de s'exprimer voire de s'écharper sur les sujets les plus structurants de la campagne.

Immigration, souveraineté nationale, sécurité intérieure... Tous les points qui font la vie des Français sont évoqués et épluchés. Tous, ou presque. Parmi les absents : le logement !

Il faut dire que c'est peut-être le plus technique de tous.

S'il est plus aisé d'expliquer et d'analyser les chiffres de la délinquance, ceux de la construction neuve ou de la rentabilité locative demandent un peu plus d'entraînement. De par sa nature pluridisciplinaire, l'immobilier ne peut en effet être mis entre toutes les mains sans explications. Avec les termes juridiques d'un côté, les dispositifs fiscaux de l'autre et la réglementation qui évolue sans cesse, il n'est pas toujours évident d'être clair.

Sans doute est-ce pour cela qu'aujourd'hui encore, aucune politique publique n'a su cibler toutes les problématiques rencontrées par le logement. Mais n'oublions pas non plus l'influence des maires, détenteurs de tous les pouvoirs lorsqu'il s'agit d'octroyer les permis de construire, mais qui ne veulent pas entendre parler d'une trop grande densité urbaine.

Alors que ce sont d'eux dont dépendent les candidatures à la présidentielle, il serait dommage de les contrarier en évoquant la nécessité de construire plus de logements, si nuisibles à un nouveau mandat. Enfin, gardons à l'esprit qu'il ne peut y avoir qu'une seule politique en matière de logement. Chaque territoire a en effet ses propres besoins qui dépendent notamment de la production de logements neufs.

Pas un mot - ou si peu - sur le logement donc, alors qu'il est sans doute le point le plus essentiel dans la vie des Français.

Les différents sondages le prouvent : être bien logé est l'une des principales préoccupations de nos concitoyens. D'abord, parce que le logement est le point de départ. C'est lui qui définit nos conditions de vie chaque jour, impacte le budget alloué aux autres dépenses, détermine le pouvoir d'achat et a une répercussion directe sur l'économie du pays tout entière.

Et puis, alors que le monde semble instable, il y a plus que jamais ce besoin de se construire un patrimoine, de se préparer aux aléas de la vie et à ses vieux jours, sans faire appel aux épargnes classiques, bien trop incertaines. Car quoi qu'il arrive, un bien immobilier aura toujours de la valeur, que l'on décide de le revendre après plusieurs années, ou de le mettre en location. Sans compter qu'acheter un logement neuf est vertueux, tant pour les propriétaires que pour les locataires qui y trouvent confort et services.

Essentiel mais absent, tel est donc le sort que semble réserver les différents candidats au sujet du logement.

Pourtant, les sujets pourraient être nombreux. Déjà, par la nécessité de le rendre encore plus accessible. L'offre doit impérativement être plus grande si l'on veut relever le défi de loger correctement tout le monde. Pour cela, les promoteurs doivent être en mesure d'augmenter non seulement la quantité de logements produits, mais aussi leur qualité. Sans oublier que l'offre doit être variée, au moins autant que le sont les territoires français, du marché tendu des grandes métropoles au besoin de redynamisation des petites villes.

Pour y parvenir, une urgence : libérer le permis de construire ! Il est devenu nécessaire de travailler sur l'acceptabilité de ce dernier, y compris en période électorale. Les maires doivent comprendre qu'être bâtisseur n'est plus une fatalité, tout comme autoriser la construction de logements sociaux et abordables n'est plus synonyme de développement urbain néfaste.

Sans oublier qu'accepter la densité est le point absolument capital pour atteindre l'objectif zéro artificialisation nette, imposé par la loi Climat & Résilience. Enfin, il faudrait redonner du pouvoir d'achat immobilier aux Français afin qu'ils puissent acheter des logements neufs plus vertueux où ils ont tout à gagner, plutôt que des passoires thermiques au rabais, dont le prix de revient est finalement bien supérieur.

Il est temps que le logement retrouve la place qui lui est dû dans le débat : celle d'un élément central dans la vie et le quotidien de chaque Français. Le logement n'est ni une affaire de riches, ni une affaire de professionnels de l'immobilier. Il est dans la tête de chaque citoyen.

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(*) Après une classe prépa Math Sup-Math Spé au lycée Henri IV puis Louis Le Grand, Pierre Vital sort diplômé de l'École Nationale des Ponts et Chaussées et d'un MBA du Collège des Ingénieurs. Il revient à Bordeaux en 2005.

Au sortir de deux années en audit chez Ernst and Young et l'obtention du DECF, il choisit de rejoindre les équipes de Nexity à Bordeaux en 2007 où il prend le poste de Directeur Commercial George V Aquitaine en 2008. Sous sa Direction, le nombre de logements commercialisés dans son périmètre passe de 40 à 500.

Avec Édouard Myon il crée en 2011 ID&AL groupe, acteur polyvalent comptant plus d'une centaine de collaborateurs et qui propose des services et un accompagnement dédié à toutes les étapes d'un projet immobilier (promotion, aménagement, réhabilitation, transaction, location, gestion locative, syndic de copropriété...)

En 2017, Pierre Vital devient Président du Syndicat National de la Rénovation (SYNAR) à Bordeaux, mandat qu'il occupe jusqu'en 2021.

En 2018, il devient parallèlement Président de l'Observatoire de l'Immobilier du Sud-Ouest (OISO) puis troque ce mandat en 2021 pour prendre la présidence de la Fédération des Promoteurs Immobiliers (FPI) de Nouvelle Aquitaine.

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Commentaires 4
à écrit le 05/03/2022 à 16:04
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Vous avez raison..., comment générer des crédits, source de profit, si les plus pauvres ne peuvent pas s'endetter et accepter docilement ce que l'on leur imposent!

à écrit le 05/03/2022 à 10:55
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Bah ils sont très bien logés en haut de la pyramide ils voient pas pourquoi ils se fatigueraient pour ça.

à écrit le 04/03/2022 à 15:30
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Disons que tout ce qui touche le pouvoir d'achat des français qui s'effondre n'est pas mentionné en effet et ne le serait pas puisqu'ils n'ont aucune solution puisque c'est demain que tout empire.

à écrit le 04/03/2022 à 15:08
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encore un promoteur qui plaide pour sa paroisse. pourquoi pas mais il faut etre logique. si on veut redresser le pays, il faut que le logement coute bien moins cher afin de restaurer la competitivite (vous trouverez jamais de gens pour travailler a 1...

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