Le Zéro artificialisation nette ou la fin de la réindustrialisation de la France

OPINION. La loi Climat et résilience du 22 août 2022 a écrit un scénario exigeant : à l'échéance 2050, la France devra avoir cessé toute artificialisation de ses sols à des fins de construction, et la consommation de terrains devra avoir été divisée par deux en 2030. Cet ultimatum plonge dans un profond désarroi tant les promoteurs et les constructeurs de maisons individuelles que les maires. En effet, certains d'entre eux sont bien conscients des besoins croissants de leur population et se retrouvent comme gênés de délivrer des autorisations d'urbanisme. La loi finit par dissuader les maires bâtisseurs sur tout le territoire. Par Norbert Fanchon, Président du Groupe Gambetta
(Crédits : DR)

Que va-t-il se passer ? On entend qu'il va falloir mobiliser en priorité le parc existant, de toutes les manières possibles. En rénovant et en luttant contre la vacance issue de l'obsolescence des immeubles, en cœur des villes moyennes et des villages, ou encore en surélevant les immeubles. En exploitant les friches industrielles, en utilisant les parkings démesurés des hypermarchés, ou encore les terrains trop grands autour des habitations. Soit : mais les bonnes idées et les initiatives vertueuses n'effacent pas les réalités juridiques et économiques, très défavorables à ces opérations pourtant si nécessaire. Et il reste que tout cela, qu'on appelle la reconstruction de la ville sur elle-même, ne permettra pas de créer de nouveaux équilibres territoriaux. Les territoires faiblement construits vont le demeurer, même si l'essor du télétravail pourrait faire évoluer à la marge le visage de certains bourgs peu éloignés des métropoles.

En effet, le dérèglement climatique nous impose des changements plus structurels que le seul arrêt de l'artificialisation des sols, au premier rang desquels la réduction des émissions de CO2 de notre quotidien, imputables à nos logements et à nos activités.

Décarbonation de notre système productif

Dans les villes moyennes qui ont su restaurer leur attractivité et se bâtir une forte identité, la construction de logements neufs présente une utilité sociale et environnementale majeure, car elle permet de réduire significativement la part des déplacements en voiture. Mais, si crucial que soit cet enjeu, en matière d'aménagement du territoire, le chantier le plus structurant est celui de la réindustrialisation de notre pays, au travers de la décarbonation de notre système productif, véritable levier de création d'une richesse durable par notre économie. Car ces entreprises ont besoin d'espaces suburbains, urbains et ruraux, et non de densité. À ces acteurs-là, on oppose une fin de non-recevoir. D'autres pays les recevront sans doute avec moins d'états d'âme environnementaux et plus d'égards.

Lire aussiRéindustrialisation et zéro artificialisation nette (ZAN) des sols : une équation impossible ?

Les élus locaux doivent, d'urgence, abonder l'offre résidentielle par des logements sociaux et des logements privés, collectifs comme individuels. Le gouvernement et le parlement, en élaborant la loi Climat et Résilience et en édictant la fin de la consommation foncière, installent un paradoxe : alors qu'un habitat mieux réparti est souhaité, on fige la photographie de notre pays de la façon la plus autoritaire et la plus violente. La France de l'écologie, qui est d'abord respiration territoriale et équilibre des habitats, devient la France du déjà construit, la France du déjà là. Dessinée par l'urbanisme du statu quo.

Il ne faudrait pas que la France meure guérie, guérie de ce qui dérègle son climat et au même moment terrassé par l'asthénie territoriale. Il est encore temps d'ouvrir les yeux et de travailler à faire rimer transition énergétique et aménagement pragmatique du territoire national.

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Commentaires 14
à écrit le 16/04/2023 à 14:06
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Enfin une analyse globale, bien écrire et simple donc juste

à écrit le 15/04/2023 à 22:28
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Très déçu de cette tribune, je m'attendais à un peu plus d'arguments ! Là c'est du discours de comptoir de PMU.

à écrit le 15/04/2023 à 9:54
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Oui continuons à nous étaler sans limite comme on le fait depuis les annees 1950, avec cela on va relever notre defi climatique à coup sur! heureusement qu'on a en France des acteurs economiques constructifs ! Mais tenter de faire croire que la loi d...

le 15/04/2023 à 14:32
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Ben il faudrait déjà entasser les gens qui sont pour la ZAN dans des cages et des tours ou mieux faire payer une taxe foncière monstrueuse. Genre 100 euro par mètre carré et par an : ça s'appelle la régulation par les coûts. Plutôt que de san...

le 21/04/2023 à 0:12
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Bien parlé mec.

à écrit le 15/04/2023 à 1:41
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Les écolos se font beaucoup entendre, mais on n'écoute pas les gens raisonnables a qui on ne demande pas leur avis. Le réchauffement climatique n'est pas du au gaz carbonique mais a la vapeur d'eau. Ils veulent le déclin de la France.

à écrit le 15/04/2023 à 1:39
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Les écolos se font beaucoup entendre, mais on n'écoute pas les gens raisonnables a qui on ne demande pas leur avis. Le réchauffement climatique n'est pas du au gaz carbonique mais a la vapeur d'eau. Ils veulent le déclin de la France.

à écrit le 14/04/2023 à 17:44
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lunaire. ils ont réussi à nous condamner à un sombre avenir. ils font mine de se réveiller aujourd'hui...qui aurait pu prévoir le changement climatique!? c'est à mourir de rire ils ne pensent pas au bien commun, à l'avenir ils pensent à leur petit...

à écrit le 14/04/2023 à 14:13
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Notre pays est passé de 20% de PIB industriel à 10% en à peine 20 ans. Toutes ces entreprises industrielles ont laissé derrière elle des zones de friches industrielles considérables : je m'étonne donc de voir fleurir ici et là de nouvelle zones indu...

le 14/04/2023 à 16:28
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Je suis entièrement d'accord avec vous

à écrit le 14/04/2023 à 12:24
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Est-ce que les centres commerciaux et les grandes surfaces existeront toujours dans 15 ou 20 ans du fait des changements de nos habitudes de consommation ? les concessions automobiles qui occupent de grandes surfaces commencent à réduire la voilure e...

à écrit le 14/04/2023 à 11:43
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Si l' on doit cessé toute artificialisation de ses sols à des fins de construction, il suffit de supprimer les fondations !

à écrit le 14/04/2023 à 10:32
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il serait honnete de preciser que la personne est directement impactee. le groupe gambetta est un constructeur de logement. si on construit moins, il va se retrouver avec moins de CA

le 14/04/2023 à 12:32
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Y a marqué "OPINION", donc 'orienté' sans que ça ne puisse pour autant faire sortir quelques vérités. Comme la watture qui va mettre des gens au chômage vu qu'il faut moins de personnes pour construire ces véhicules, et pour l'entretien aussi [et il ...

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