La France séduit-elle toujours les investisseurs ?

OPINION. En 2017, la compétitivité de la France figurait en tête des priorités politiques du Président nouvellement élu. La crise de la Covid a rebattu les cartes et propulsé les politiques sociales au premier rang des réponses des pouvoirs publics face à la pandémie. Les mesures d'accompagnement du tissu économique ont permis le maintien de notre attractivité à l'international, mais pour quelles raisons et pour combien de temps ? (*) Par Gilles Bonnenfant, Président d’Eurogroup Consulting.
(Crédits : DR)

Depuis un an, l'économie française est coupée en deux : les secteurs qui ont gardé la tête hors de l'eau, qui ont su s'adapter à la nouvelle donne sanitaire, maniant télétravail et mutations profondes, et pour lesquels l'activité ne décroit pas. De l'autre côté, les secteurs qui ont bu la tasse, mais ne se sont pas noyés grâce à l'intervention de l'État, au premier rang desquels le tourisme et l'hôtellerie-restauration.

Pourtant, ce tableau un peu sombre n'a pas entamé la confiance des investisseurs. Notre pays regorge en effet d'atouts qu'ils gardent bien en tête : c'est le principal enseignement de l'étude réalisée par l'association des Conseillers du Commerce extérieur (CCE) et Eurogroup Consulting. Pour 63,3 % d'entre eux, l'attractivité de la France est bonne, soit 1,7 point de moins seulement que son record en 2020.

S'ils souhaitent continuer à investir chez nous, les investisseurs étrangers l'envisagent toutefois aujourd'hui pour de nouvelles raisons : le critère de la « flexibilité du travail et climat social » a ainsi connu une forte amélioration (+4,3%) et témoigne de la grande capacité d'adaptation dont ont fait preuve les salariés français face aux mesures de confinement.

Des faiblesses inattendues surgissent néanmoins

Nos capacités d'innovation et de recherche, qui représentaient auparavant de sérieux points forts, subissent la baisse la plus importante dans l'indice 2020 : la perception positive des investisseurs étrangers dans ce domaine a largement reculé (-5,8%), probablement à cause du retard français dans la course mondiale au vaccin.

Par ailleurs, la France ne séduit pas les investisseurs de manière homogène. Chaque territoire bénéficie d'atouts propres : on aime Lyon pour son dynamisme et son innovation, Bordeaux pour sa qualité de vie, la région parisienne pour ses infrastructures et son accessibilité, et la métropole de Nice pour son ouverture sur le tourisme et son rayonnement international. La diversité reste la force de l'hexagone.

Si la France séduit encore à l'heure de la Covid, elle ne doit pas mettre de côté les transformations structurelles engagées, notamment par les mesures de relance, les dispositifs de baisse des impôts de production, le soutien à la numérisation et au renforcement des fonds propres des entreprises.

Qu'attendent les investisseurs alors que s'esquisse enfin un horizon de sortie de crise ?

Deux impératifs doivent guider selon eux le déconfinement de notre économie : la confiance et l'ambition.

La confiance implique que l'arrêt des aides soit progressif : si la perfusion est trop rapidement retirée, les conséquences seront lourdes. À ce titre, la prolongation du PGE, la baisse dégressive du Fonds de solidarité seront particulièrement scrutées, afin d'éviter des faillites en cascade dans un tissu économique déjà fragilisé. L'ambition naîtra, elle, des mesures structurelles qui donneront aux entreprises la confiance nécessaire à leurs investissements et leur croissance. Parmi celles attendues de pied ferme figurent en tête, et de très loin, le financement de l'innovation et la numérisation.

À l'aube de la réouverture dans bon nombre des pays de l'OCDE, une forte reprise est encore incertaine en France : sera-t-elle à la hauteur de la croissance de plus de 18% du PIB enregistrée au 3e trimestre 2020 ? La France doit garder le cap de sa politique de modernisation et de simplification. C'est dans ce cadre-là que la parole politique sera déterminante pour redonner confiance et porter l'ambition d'une puissance économique qui reste largement attractive hors de nos frontières. Cette crise a fait prendre conscience de l'importance de conserver nos sites de production sur le territoire. L'investissement étranger sera un élément essentiel pour y parvenir et consolider ainsi la marque « France ».

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