Santé : l'introuvable réforme Macron

OPINION. 18 septembre 2018, dans les salons de l'Elysée, Emmanuel Macron présente le plan qui, selon lui, doit restructurer le système de santé pour les cinquante années à venir. La réforme est annoncée comme  fondatrice, comme celle de 1958 qui a créé les CHU. D'autres interventions vont suivre : allocution télévisée le 12 mars 2020, discours de Mulhouse le 25 mars 2020, vœux aux acteurs de la santé le 6 janvier 2023. De beaux discours teintés de lyrisme, mais les réformes tardent et le système de santé va mal !

Alors que la France est un des pays qui dépensent le plus pour sa santé, son système de santé s'enfonce, année après année, dans une « crise sans fin », selon les mots du Président de la République.

Aux défauts structurels de notre système de santé se sont ajoutés les conséquences de diverses réformes passées comme le  numerus clausus en 1971, l'application à marche forcée des 35 heures ou la suppression de l'obligation de garde pour les médecins libéraux en 2002 par Jean-François Mattei. Si l'on ajoute la tarification à l'activité et la fameuse « nouvelle gouvernance » qui sont pour beaucoup dans le marasme hospitalier actuel, c'est un lourd héritage qu'aura laissé l'ancien ministre de la Santé.

Une réforme qui se cherche

Si le diagnostic a été posé avec beaucoup de justesse, à diverses reprises, par le Président lui-même, les vraies réformes sont repoussées.

On pourrait penser que l'élan réformateur du Président a été brisé par le Covid. Il faut pourtant constater, qu'avant même l'arrivée du virus, la loi du 24 juillet 2019, qui devait transformer le  système de santé, n'opérera aucune rupture par rapport aux lois qui l'ont précédé. Les milliards d'euros du Ségur n'auront réglé aucun des problèmes de fond de l'hôpital, surtout pas celui de l'attractivité des métiers de la santé dont c'était l'objectif principal. Mettons cependant à l'actif du Président, la suppression du numerus clausus, qui ne produira ses effets que dans une dizaine d'années ainsi que  la stratégie santé numérique et le plan innovation santé 2030 qui sont plus des marqueurs d'une stratégie industrielle que d'une politique de santé.

Alors que la santé était annoncé comme un des 2 chantiers majeurs du deuxième quinquennat, le message de l'exécutif est assez  polyphonique, donnant l'impression d'une réforme qui se cherche : il y a, d'un côté, les annonces du 6 janvier, de l'autre, les travaux du Conseil National de la Refondation, sans oublier les expérimentations de l'article 51 de la LFSS 2018 censées préfigurer de nouveaux modes d'organisation et de tarification ainsi que les propositions de loi venant du camp présidentiel. Un patchwork qui tranche avec la tradition des  grandes lois ou ordonnances comme en 1958, 1970, 1991, 1996 ou plus récemment la loi Touraine

En attendant, on a bien vu les limites de la capacité réformatrice du Président sur l'accès aux soins. Alors que c'est la première des urgences avec fin 2022, 6,7 millions de français, dont 714.000 souffrent d'une ALD, qui n'ont pas de médecin traitant et dont beaucoup renoncent aux soins, le gouvernement s'est opposé à un amendement  transpartisan, lors des débats sur la PPL Valletoux, prévoyant d'encadrer l'installation des médecins dans les zones déjà bien pourvues, comme c'est le cas pour les pharmaciens. Une occasion ratée  pour le Président de s'attaquer réellement aux inégalités d'accès aux soins selon les territoires.

Sauver l'hôpital en crise

Deuxième sujet sur lequel l'exécutif est attendu :  l'hôpital, le fleuron d'autrefois est en souffrance depuis trop longtemps. Là aussi, le temps presse. De nombreux services d'urgence ferment un peu partout faute de soignants et même des hôpitaux de ville de préfecture n'arrivent plus à maintenir des services de soins pourtant indispensables par manque de médecins. Nous saurons à l'automne, ce qu'il adviendra des annonces faites lors des vœux 2023.

« On doit sortir de la tarification à l'activité lors du prochain PLFSS » a clamé, haut et fort, le Président. La main ne devra pas trembler car ce modèle controversé a ses défenseurs. Deuxième engagement : « mettre à la tête de nos hôpitaux un tandem administratif et médical ».

Pourquoi ne pas étendre aux hôpitaux publics le modèle qui a fait ses preuves dans les centres de lutte contre le cancer ? Quid également de la réorganisation du travail qui devait être achevé au 1er juin ? Il ne faudra pas non plus oublier de refaire du service, la cellule de base de l'hôpital. Au final, le plus important sera de redonner du sens à la mission soignante que trop de réformes bureaucratiques lui ont fait perdre.

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Commentaires 6
à écrit le 21/07/2023 à 21:26
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Deja en 2017 je n avais pas voté pour ce baratineur arrivant de nul part.. mais je vois qu il y en a encore ici qui n ont pas compris

à écrit le 21/07/2023 à 21:25
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Deja en 2017 je n avais pas voté pour ce baratineur arrivant de nul part.. mais je vois qu il y en a encore ici qui n ont pas compris

à écrit le 18/07/2023 à 17:34
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Toujours à confondre la "réforme" avec une "adaptation" ! La réforme n'est qu'idéologique et dépend d'une vision dogmatique de l'avenir ! Donc, il est naturel qu'elle ne soit pas perceptible par les personnes concernés ! ;-)

le 20/07/2023 à 8:03
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le travail de l'illusioniste continue avec la recharge borne il est dans son monde et malgre des avertissements de desordre monsieur ne comprend rien et pire encore personne du monde politique pour contredire etproposer un changement radical

à écrit le 18/07/2023 à 17:32
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Toujours à confondre la "réforme" avec une "adaptation" ! La réforme n'est qu'idéologique et dépend d'un vision dogmatique de l'avenir ! Donc, il est naturel qu'elle ne soit pas perceptible par les personnes concernés ! ;-)

à écrit le 18/07/2023 à 16:54
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" On doit sortir de la tarification à l'activité lors du prochain PLFSS » a clamé, haut et fort, le Président." Ah ! Ah ! Elle est bien bonne : « Un inconnu à Matignon », c’est souvent en ces termes qu’a été accueillie la nomination de Jean Cas...

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