Santé : La dermatologie bientôt ubérisée ?

Aux Etats-Unis, la dermatologie est déjà uberisée, ayant largement recours à des plateformes. Un modèle transposable en France. Par Jérémie Ouaki, consultant marketing senior Novedia, l’agence digitale de Viseo

C'est probablement le terme dont tout le monde aura parlé cette année 2016, à l'instar de Blockchain et plus récemment de Pokemon Go. Ubérisation fait évidemment référence à la plateforme californienne Uber, créée en 2009, qui a généralisé à l'échelle planétaire le service de voiture de tourisme avec chauffeur (VTC).

Cette notion se définit principalement par deux grandes caractéristiques. La plateforme tout d'abord qui réunit l'aspect digital, le système étant supporté par des plateformes digitales (web, mobile, tablettes), l'aspect innovation avec des approches nouvelles qui apportent un regard différent sur notre quotidien à travers l'UX et enfin l'aspect dynamique avec l'accès au produit et le service qui se fait au moment et à l'endroit voulu par l'utilisateur.

La seconde caractéristique est la partie collaborative qui repose tout d'abord sur l'échange en cherchant connecter des personnes qui recherchent un produit ou un service avec ceux qui ont un produit ou un service. Le second pilier est l'usage, d'un bien ou service donné qui prédomine sur la possession-même de ce bien ou service. Enfin vient l'aspect « à la demande » avec un changement dans la notion de propriété. En, effet l'ubérisation est le passage d'un système de propriétaire à un système d'utilisation « à la demande ».

L'ubérisation qui nous attire ici concerne le domaine dermatologique, avec comme cas d'usage, les Etats-Unis. Le constat médical aujourd'hui est assez clair : les délais d'attente pour un rendez-vous sont trop longs, la santé coûte trop chère et enfin le système de sécurité sociale n'est pas aussi élaboré qu'en France, malgré les évolutions apportées par Obama Care. La réflexion est ainsi intéressante dans le domaine de l'e-santé où la digitalisation, et notamment l'ubérisation de certaines prestations, peuvent être bénéfiques pour tous les acteurs de la santé.

 Ubérisation : amélioration réelle du service rendu ?

 Du côté des acteurs, patients et praticiens peuvent par exemple bénéficier des plateformes de diagnostic en ligne, comme en témoigne cette application web « Firstderm », la plateforme des dermatos en ligne.

 Du côté des fonctionnalités, le client donne des informations sur sa pathologie, prend des photos et est mis en relation avec un dermatologiste qui, dans les 48h, lui donne un premier diagnostic. Et la fiabilité est élevée. Le processus est testé comme étant valide dans 98% des cas par rapport à une consultation physique, alors qu'un diagnostic fait en personne n'est validée par un autre praticien que dans 95% des cas.

Il s'agit d'une application très concrète de l'ubérisation apportant une amélioration réelle du service rendu. Au rang des avantages, nous notons le gain de temps avec une détection de maladie grave en amont (diagnostic deux mois plus tôt) et une baisse des coûts pour la société (sécurité sociale...) Au rang des inconvénients, ce projet rencontre un problème d'éthique dû à son rapport direct à la santé et aux dangers potentiels d'un mauvais diagnostic et sur comment la loi pourrait statuer sur ce genre de cas.

 Transposable en France?

Une telle expérience en ligne ouvre la question d'un export du modèle en France. Nous n'avons pas le même rapport à la santé ici et notre système de sécurité social est lui très performant. Toutefois, par soucis de gain de temps, nous pourrions être amenés à voir ce service se démocratiser. La dérive possible reste encore celle du commerce électronique « qui réduirait la pratique médicale à une simple prestation électronique moyennant finance via des plateformes du secteur marchand ». En ce sens, le Conseil National de l'Ordre des Médecins (CNOM), a annoncé, le 18 décembre 2015, la mise en place d'une « mission » pour examiner la conformité de diverses prestations médicales en ligne au regard de la déontologie médicale. L'ubérisation de la dermatologie ou d'autres practices n'est donc pas si loin et pourrait pour leur part, comparé à d'autres secteurs ubérisés, être bien encadrés dès le départ.

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