Pour le secteur de l'énergie, quel est, aujourd'hui, le principal défi ?

Le principal défi est d'assurer la continuité de la distribution de plusieurs énergies, qu'il s'agisse d'énergies fossiles ou renouvelables. Cela doit être fait à des conditions tarifaires cohérentes, en fonction des taxes appliquées. De fait, il est clair que la question de la disponibilité produit est devenue centrale. La guerre en Ukraine a fortement impacté l'approvisionnement en gasoil et fuel en provenance de Russie. Toutefois, il nous faut également faire preuve de transparence et souligner que ces produits nous arrivent aujourd'hui d'Inde, par exemple, même si nous les payons plus cher. L'autre point à souligner, ce sont les ruptures qui peuvent se produire dans la chaîne d'approvisionnement logistique des carburants. C'est un point qu'il faudra également surveiller en 2024.

En décembre 2023, vous avez racheté la société alsacienne de transport Klinzing ? C'est une réponse à ces différents challenges ?

Il existe deux raisons essentielles à ce rachat. Nous souhaitions, tout d'abord, renforcer notre offre logistique et nos capacités de transport afin d'optimiser la maîtrise interne de la chaîne de distribution. De plus, Klinzing est très présent dans le domaine de la distribution de carburant destiné, par exemple, aux hélicoptères utilisés par les hôpitaux. C'est une niche sur laquelle nous voulions renforcer notre présence.

Le secteur des énergies est au centre des questions concernant la décarbonation et le développement durable. Une entreprise comme la vôtre ne vit-elle pas une sorte de paradoxe ? Elle doit également participer à ce mouvement et donc renoncer progressivement à ce qui fait son chiffre d'affaires...

Ce paradoxe existe depuis 2006, date de la création des certificats d'énergie. Il est clair que l'on doit s'inscrire dans un mouvement où nos clients doivent être encouragés à utiliser des énergies vertes (et moins chères comme le pellet). Prenons l'exemple du segment des particuliers. Pour ces derniers, la transition est déjà faite puisque nous leur distribuons massivement du granulé de bois à prix compétitif pour se chauffer, ce dernier venant se substituer au fuel.

Et pour les professionnels, segment qui constitue la part majoritaire de votre chiffre d'affaires ?

A l'heure actuelle, et contrairement à ce que l'on peut entendre parfois, les biocarburants sont encore loin de pouvoir se substituer au gasoil. Chez Évole Énergies, nous proposons des biodiesel (B100...). Mais aujourd'hui, cela ne constitue encore que 5 % de la totalité des carburants que nous distribuons à nos clients.

Et en ce qui concerne l'électrique ?

Pour moi, l'avenir sera multi-énergétique. Ce ne sera pas, par exemple, du tout électrique. On aura toujours besoin de propositions complémentaires, comme le granulé de bois pour le chauffage. De la même manière, notre parc de stations-services est également multi-énergies. On y distribue de nouveaux produits comme l'E85. Nous possédons aussi des bornes électriques puisque nous sommes fournisseurs d'électricité. On le voit : Évole Énergies est multi-énergéticien avec un vaste choix de produits pour répondre aux besoins des clients.

Tous ces enjeux ne s'arrêtent pas à la frontière française. Quelles sont vos ambitions au-delà du territoire national ?

Nous sommes déjà actifs en Espagne et en Belgique. Nous réfléchissons aujourd'hui à étendre et à renforcer  nos activités internationales sur ces territoires que sont l'Allemagne, la Suisse, la péninsule ibérique, et l'Italie.