Pourquoi le bureau n’est pas mort  ?

La généralisation du télétravail consécutive à la crise sanitaire a bouleversé le rapport des salariés avec leur bureau. Ces derniers n’y seront plus présents qu’une partie de la semaine. Les cadres sont plus nombreux que les employés à plébisciter la présence dans les locaux de l’entreprise. Toutefois, le bureau doit se réinventer pour s’adapter aux nouveaux enjeux du monde du travail. L’objectif pour les entreprises est de rationaliser leur deuxième plus gros poste de dépenses après les salaires.
(Crédits : DR)

Le retour au bureau divise les salariés

Avec la levée des restrictions liées aux impératifs sanitaires, les salariés des entreprises ne passent en moyenne que 2,8 jours par semaine dans ses locaux. Pour autant, le retour sur le lieu de travail divise. Certains l'associent à des déplacements coûteux et chronophages, qui affectent la productivité, sans compter une exposition à la maladie, toujours présente. D'autres le plébiscitent afin de rétablir une séparation claire entre vie privée et vie professionnelle à son domicile.

Ces différences de point de vue sont liées à différents facteurs, notamment le statut. C'est ce que révèle une enquête réalisée en octobre 2022 par l'éditeur de logiciel de messagerie instantanée Slack. En effet, respectivement 75 % et 34 % des cadres supérieurs et des non-cadres plébiscitent une présence au bureau au minimum trois jours par semaine.

Pour les cadres en portage salarial ou en entreprise, « les interactions en présentiel sont plus efficaces pour favoriser l'adhésion à la culture d'entreprise, faire émerger les idées innovantes et acquérir les expériences managériales et interpersonnelles indispensables à l'évolution de carrière ». À l'inverse, la distance complique la construction de relations profondes avec des collègues que l'on connaît peu, mais également la transmission des valeurs de l'entreprise ou l'intégration de nouvelles recrues. Enfin, certains experts soulignent l'influence de l'âge dans l'attachement au bureau, estimant que « les cadres seniors qui ont passé l'essentiel de leur carrière dans cet environnement sont moins enclins à remettre son efficacité en question ».

Le bureau doit se réinventer et s'adapter à une organisation hybride du travail

Toutefois, un modèle hybride semble inévitable pour l'avenir du travail. Les dirigeants doivent repenser leur politique RH en conséquence et améliorer les deux environnements, au bureau et à distance.

Le dernier baromètre de l'Association des directeurs immobiliers et d'EY met en exergue la nécessaire adaptation du bureau au télétravail. 51 % des entreprises vont réduire la superficie des locaux jusqu'à 30 %. L'espace doit devenir plus agile et digital pour s'adapter rapidement aux nouvelles façons de travailler et aux fluctuations de la fréquentation.

En plus de rationaliser, elles doivent moderniser, car le bureau s'impose comme un lieu de rencontres sociales, inclusif, propice à la collaboration et au bien-être au travail, qui donne de bonnes raisons de se déplacer. Ainsi, en plus des aménagements classiques, les salariés sont en attente de services et d'espaces collectifs auxquels ils ne peuvent accéder chez eux :

Des équipements technologiques modernes plus performants qu'à la maison, comme un grand écran ;

  • Une restauration haut de gamme ;
  • Des work cafés pour des échanges informels rapides au lieu des grandes salles de réunions ;
  • L'organisation d'évènements inédits ;
  • Des espaces verts en intérieur ou en extérieur (jardin, terrasse, rooftop...) ;
  • Un potager, un poulailler... ;
  • Une salle de gym, une salle de jeux ou de détente, etc.

Plus que jamais, il doit être un lieu vivant et convivial où il est possible de vivre des expériences très variées.

L'évolution du bureau impacte le marché immobilier

L'évolution de la politique des entreprises concernant leurs bureaux entraîne des changements notables sur le marché immobilier, principalement dans les grandes métropoles. En effet, elles continuent d'attirer les investisseurs immobiliers, mais une forme de transfert géographique s'opère. Ainsi, la part de la vente de bureaux en Île-de-France a diminué au fil des ans, passant de 70 % à 56 % au cours de la dernière décennie. En revanche, celle des autres grandes villes a grimpé à 44 %, contre 30 % il y a 10 ans.

Pour autant, Paris et sa région restent la destination préférée des entreprises. Lorsqu'elles envisagent des implantations en région, elles privilégient les villes dynamiques avec des infrastructures de transport développées. Cette tendance s'explique par le besoin de faciliter les déplacements des salariés entre le domicile et le bureau, surtout dans un contexte de forte hausse des prix du carburant.

Pour les années à venir, au lieu du bail sur 3, 6 ou 9 ans, jugé trop contraignant, les entreprises vont adopter des solutions alternatives flexibles. Si la part de ces dernières sur le marché est actuellement de l'ordre de 10 % à 15 %, elle devrait augmenter considérablement dans un futur proche.

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