Les investisseurs institutionnels délaissent la dette souveraine des pays développés

Des solutions de protection des portefeuilles pour faire face à une hausse de l'inflation et des taux à long terme sont mises en place.
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La dernière enquête du cabinet de conseil Bfinance, menée auprès de 50 investisseurs institutionnels (« zinzins ») représentant 200 milliards d'euros d'encours, confirme une tendance observée ces derniers mois. « Sur six mois ou trois ans, les intentions des investisseurs institutionnels n'ont pas changé : réduction de l'exposition sur les actions et renforcement sur l'alternatif (infrastructure, immobilier, private equity...) », constate Emmanuel Léchère, responsable des études chez Bfinance. Quant aux obligations, si, sur six mois, ils sont neutres (21 % ont l'intention d'augmenter cette poche contre 19 % la réduire), ils redeviennent positifs sur douze mois (33 % contre 25 %).

Climat d'incertitudes

Sur l'obligataire, les zinzins déclarent délaisser la dette souveraine des pays développés, le risque de défaut de certains États, notamment de la zone euro, n'étant pas écarté. « Ils privilégient la dette souveraine émergente, le crédit (high yield et investment grade), les convertibles et les obligations indexées sur l'inflation », indique Emmanuel Léchère. Ces choix ne sont pas pour autant sans risque. La volatilité des marchés et le risque de crédit sont ainsi identifiés par les zinzins comme les principaux facteurs susceptibles d'affecter leurs portefeuilles obligataires. Suivent l'accélération de l'inflation et la hausse des taux longs. Pourtant, ils sont 50 % à anticiper une telle accélération, contre 35 % une hausse contenue. Ainsi, 42 % déclarent augmenter leurs investissements de couverture contre l'inflation à six mois, un taux qui passe à 54 % sur trois ans. Et pour cela, ils privilégient l'immobilier (69 %), les obligations indexées sur l'inflation (50 %) et les actions (50 %).

Mais la protection ne porte pas uniquement sur l'inflation. « La crise de la dette souveraine dans la zone euro, les difficultés des États-Unis à trouver un accord sur le plafonnement de la dette fédérale créent un climat d'incertitudes sur l'évolution des taux longs, explique Emmanuel Léchère. La meilleure solution face à ce risque est de raccourcir la duration des portefeuilles (69 % des répondants). » Ce mouvement a profité aux fonds high yield à horizon court. Pour preuve, un fonds souverain suédois a amorcé un fonds de ce type en y plaçant 500 millions d'euros. Mais ce segment de marché est limité et estimé à 300 milliards de dollars aux États-Unis auxquels peuvent s'ajouter 400 milliards de dettes institutionnelles seniors et 70 milliards d'obligations libellées en euros.

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