À Beaune, le « petit Hollywood » de Claude Lelouch

Au cœur des vignes de la Côte-d’Or, le cinéaste a ouvert un lieu unique pour former les réalisateurs de demain.
« La Forme des nuages », moyen-métrage réalisé par des apprentis des Ateliers du cinéma.
« La Forme des nuages », moyen-métrage réalisé par des apprentis des Ateliers du cinéma. (Crédits : © LTD / ACB)

La première promotion a démarré en 2016. Ils étaient une dizaine d'apprentis venus de divers horizons avec pour principale motivation de réaliser des films. Aujourd'hui, 60 élèves ont déjà été formés et leurs compétences techniques sont reconnues par la profession. « Peu importent leurs diplômes, ce qui compte c'est qu'ils soient fous de cinéma ! » précise Claude Lelouch. Les Ateliers du cinéma sont un véritable lieu de vie où chacun apprend le métier par l'expérience... à l'image de son fondateur.

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« Quand j'ai commencé, j'ai eu ce sentiment d'avoir tout appris en assistant au tournage du film de Léo Joannon L'Homme aux clés d'or, en 1956, se souvient le réalisateur. Même si j'apportais les sandwichs et le café, durant trois semaines, j'ai adoré être une petite souris pour observer le fonctionnement d'un plateau. » En créant les Ateliers du cinéma, Claude Lelouch a souhaité « renvoyer l'ascenseur », lui qui n'avait ni diplôme ni réseau à ses débuts.

Il faut gérer à la fois la vie en communauté et notre travail

Valentin Brisseault, apprenti

« Les Ateliers du cinéma, ce n'est pas une école », insiste Remi Bergman, directeur général du site et directeur de production de Claude Lelouch. Ici, pas de cours magistraux. À peine quelques cours théoriques sur l'écriture d'un scénario, l'utilisation des logiciels de montage et des caméras. « C'est notre deuxième lieu de vie, témoigne Valentin Brisseault, apprenti. Il faut gérer à la fois la vie en communauté et notre travail. » Le reste s'apprend « en situation » avec l'équipe des techniciens du réalisateur. « Une grande partie de leur formation vient du travail qu'ils effectueront au cours d'un long-métrage avec Claude Lelouch », poursuit-il.

Aux Ateliers, les apprentis sont accueillis gracieusement, « en résidence », puisque la société du réalisateur, Les Films 13, finance l'intégralité de la formation. C'est un lieu d'apprentissage original dans la mesure où chaque promotion participe à la fabrication des derniers films de son fondateur. « À chaque tournage, j'engage mes 13 élèves en tant que stagiaires, assure Claude Lelouch. Je les fais participer à l'écriture du scénario, au repérage, au casting, à la mise en scène, au tournage, au montage, à l'étalonnage, à la sonorisation. » Chacun peut ainsi tester tous les corps de métiers, en tournant régulièrement.

Un court-métrage par mois

De retour aux Ateliers, les apprentis réalisent des courts-métrages et s'organisent entre eux, en fonction de leurs compétences ou de leurs préférences. « Nous leur mettons à disposition tout le matériel dont ils ont besoin, que ce soient les caméras, les bans de montage ou le studio de 350 mètres carrés, explique Rémi Bergman. Ensuite, c'est à eux de s'organiser pour tourner leur film. » Pour l'anecdote, le décor de l'appartement du film multi-césarisé de Xavier Legrand Jusqu'à la garde est toujours en place et sert régulièrement aux apprentis pour la réalisation de leurs projets. La dernière promotion, qui est entrée en septembre 2022, est particulièrement active puisque les 13 apprentis produisent en moyenne un court-métrage par mois. « Grâce à toutes ces expériences en situation, le jour où nous devrons réaliser notre propre film, nous serons en mesure d'anticiper les différents besoins sur un plateau », souligne Valentin Brisseault.

Un concept de compagnonnage a été mis en place et fonctionne plutôt bien. « Nous sommes fiers d'avoir réussi à former un groupe qui s'entraide entre promotions », se réjouit Rémi Bergman. À tel point que certains sont devenus des « Tanguy » et reviennent régulièrement aux Ateliers du cinéma. De Cédric Klapisch pour Ce qui nous lie à François Ozon pour son prochain film Quand vient l'automne, Claude Lelouch aime inviter ses amis réalisateurs à profiter de ce lieu unique. « Nous avons créé à Beaune un petit Hollywood où il est possible de réaliser un film de A à Z », s'enthousiasme-t-il. Cet été, le cinéaste organisera des master class afin que ses apprentis puissent rencontrer les plus grands réalisateurs du monde.

Tous les deux ans, les Ateliers reçoivent entre 300 et 400 candidatures. Treize personnes seulement sont sélectionnées. L'épreuve principale consiste à réaliser un film de cinq minutes avec un portable selon un thème et des contraintes techniques précises. Il n'y a pas de limite d'âge pour devenir apprenti. Le plus jeune avait 17 ans ; la plus âgée, presque 50 ans. « Nous invitons des talents ! » précise Claude Lelouch.

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