Comment Metalliance, filiale du groupe Gaussin, s'organise pour livrer ses tracteurs industriels électriques à Amazon

À l’occasion du centenaire de Metalliance, filiale du groupe Gaussin, l’entreprise a ouvert les portes de son site de production situé à Saint-Vallier, en Saône-et-Loire. Un lieu stratégique d’où sortiront dès le mois de septembre, des tracteurs industriels électriques, qui honoreront le contrat avec Amazon, signé au printemps. Reportage.
(Crédits : Metalliance)

« Métalliance est le noyau dur de la production Gaussin pour diffuser nos produits en Europe et ailleurs dans le monde ». C'est ainsi que Christophe Gaussin, PDG du groupe éponyme, a présenté sa filiale bourguignonne aux 150 salariés et 32 millions de chiffre d'affaires qui fête son centenaire cette année. L'occasion d'ouvrir les portes de son site de production de Saint-Vallier, en Saône-et-Loire qui livrera, dès septembre, des tracteurs industriels électriques à Amazon.

Et à peine arrivés sur les lieux, plusieurs navettes autonomes Navya, société lyonnaise rachetée en avril dernier par Gaussin en partenariat avec le japonais Macnica, nous déposent aux différents points d'étapes de la visite. En cas de souci, le référent à bord peut activer à tout moment la conduite manuelle via une manette qui ressemble étrangement à celle d'un jeu vidéo.

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Avant d'entrer dans le hangar qui construira les futurs « tracteurs industriels électriques » - les navettes nous amènent à l'activité historique de Metalliance : les ateliers de chaudronnerie et de sidérurgie. Et pour cause, l'inventeur du train sur pneus, qui a été racheté par le groupe Gaussin en 2020, est au cœur du berceau de la sidérurgie, à côté de Montceau-les-Mines et du Creusot. « Metalliance est une des rares entreprises françaises, voire mondiales, à être encore capable de proposer des machines spéciales, depuis la conception, en passant par la fabrication, les tests, et le SAV », assure Dominique Gully, responsable du matériel vibrant à l'usine de Saint-Vallier. Par exemple, une machine de plusieurs mètres de haut qui permettra de mettre des bateaux à l'eau est en cours de construction suite à une demande particulière d'un client. « C'est un exploit d'être encore compétitif ! Notre succès repose sur des produits sur-mesure et robotisés à forte valeur ajoutée. Nous ne faisons pas de grande série », précise-t-il. Ce travail du fer est un point commun avec les origines de Gaussin, entreprise familiale créée en 1880, et à l'époque spécialisée dans les structures métalliques.

les ateliers de chaudronnerie et de sidérurgie dans l'usine Metalliance à Saint-Vallier

[Les ateliers de chaudronnerie et de sidérurgie dans l'usine Metalliance à Saint-Vallier. Crédit : DR]

Le rétrofit : un marché à fort potentiel

La visite se poursuit dans un autre hangar où sont exposés des engins de travaux utilisés dans les tunnels : une ligne avec les engins usés qui reviennent d'un chantier en Australie (un client de longue date de Metalliance qui avait notamment livré, fin 2022, 12 Véhicules Multi-Services pour la construction du Sydney Metro West en Australie) et une autre ligne avec un engin entièrement rénové, presque neuf après plusieurs mois de travail. C'est ce qu'on appelle le retrofit, un nouveau marché à fort potentiel selon Jean-Paul Meunier, directeur général de Metalliance. « Nous avons détecté que le marché avait besoin de véhicules d'occasion. »

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« Nous sommes dans les starting-blocks pour débuter la fabrication Amazon »

Dans le dernier hangar, immense, sont assemblés les véhicules autonomes de Navya. Et encore derrière, plusieurs postes de travail inactifs sont installés, avec le cahier des charges « Amazon » posé sur chaque table. « L'objectif est de réussir à produire un véhicule par jour et par poste avec des possibilités d'évolution », confie Jean-Paul Meunier.

Sur ce contrat, le groupe Gaussin était en concurrence avec des Américains qui travaillent depuis 30 ans sur place mais également des Chinois. « Amazon, a souhaité nous passer commande de l'intégralité de ce premier pack et par la même occasion, entrer au capital à hauteur de 20% », explique Christophe Gaussin. Au total, 329 véhicules étaient donc octroyés en septembre dernier au groupe français. « Il a fallu mettre au point un véhicule conforme aux normes américaines et notamment avec une batterie très performante, puisque ce véhicule a une capacité de 12h d'autonomie et se recharge en moins de 30 minutes ! », précise le dirigeant.

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[Dans le dernier hangar immense sont assemblés les véhicules autonomes de Navya. Crédit : DR]

Dès le mois de septembre, la production des engins devrait démarrer avec des équipes qui travailleront en 2/8. Ce qui nécessitera l'embauche de près de 90 personnes dans les six mois à venir.  « Nous avons le « to go » pour produire. Nous sommes dans les starting-blocks ! », s'enthousiasme Christophe Gaussin.

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L'entrepreneur compte développer ses tracteurs électriques dans les installations portuaires et logistiques, avec une possibilité de passer rapidement à l'hydrogène et de multiplier les tracteurs autonomes. « Tous nos véhicules sont équipés de kit modulable pour passer facilement à l'hydrogène ou à la conduite autonome », précise Christophe Gaussin. D'une puissance de 230kW, le tracteur APM H2 75T de GAUSSIN sera ainsi capable de tracter 75 tonnes de marchandises tout en ne consommant qu'environ 10 kilos d'hydrogène par jour : une première sur le territoire national. Le fabricant vise une production de 1.600 véhicules par an dans cinq ans en France et dans trois usines sous licence en Australie, à Singapour et au Qatar.

D’une puissance de 230kW, le tracteur APM H2 75T de GAUSSIN sera capable de tracter 75T de marchandises et consommera environ 10 kilos d’hydrogène par jour : une première sur le territoire national. Ici dans l'atelier de Metalliance

[Le tracteur du groupe Gaussin sera capable de tracter 75 tonnes de marchandises et consommera environ 10 kilos d'hydrogène par jour. Crédit : DR]

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