Fonds européens : l'appel à la simplification des entreprises de Bourgogne-Franche-Comté

À moins de 100 jours des élections européennes, la représentante de la Commission européenne en France, Valérie Drezet-Humez, s’est rendue en Bourgogne-Franche-Comté, dans plusieurs entreprises et institutions. L’occasion de découvrir sur le terrain l’avancée des projets industriels, les conséquences des financements européens et les problèmes qui y sont rattachés.
La représentante de la Commission européenne en France, Valérie Drezet-Humez (quatrième personne en partant de la gauche), s’est rendue au pôle Véhicule du futur, à Etupes, dans le Doubs.
La représentante de la Commission européenne en France, Valérie Drezet-Humez (quatrième personne en partant de la gauche), s’est rendue au pôle Véhicule du futur, à Etupes, dans le Doubs. (Crédits : PVF)

Trop compliqué, trop administratif, trop chronophage, trop d'échecs, etc... l'image de la machine européenne est souvent peu reluisante auprès des entreprises. Si certaines sont découragées avant même de monter un dossier, d'autres se retroussent les manches et parviennent à obtenir des montants conséquents. Car la récompense est conséquente : 739 millions d'euros de fonds européens ont été alloués à la région pour la période 2021-2027.

Pour les grands donneurs comme Alstom, les aides européennes permettent de se lancer dans des programmes d'innovation de grande ampleur sur des marchés encore immatures. L'entreprise bénéficie d'un soutien européen au titre des projets importants d'intérêt européen commun (PIIEC). Sur le site de Belfort, Alstom Transports développe des engins roulants qui permettront d'obtenir des solutions vertes, hydrogène, zéro émission sur le marché, en particulier pour le transport de marchandises, constituées de deux types de matériel : les locomotives de manœuvre et les locomotives de fret lourd.

« L'objectif des fonds européens est de permettre - dans des domaines où il doit y avoir un saut en termes d'innovation et où le marché ne peut pas encore y répondre - de déroger aux règles européennes de concurrence traditionnelles », a expliqué Valérie Drezet-Humez, la représentante de la Commission européenne, lors de sa visite dans la région.

Afin de se rendre compte de la réalité du terrain cette dernière réalise notamment une tournée nationale pour découvrir les projets soutenus par l'Europe. Valérie Drezet-Humez a fait escale en Bourgogne-Franche-Comté entre le 5 et le 7 mars.

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Un soutien aussi aux PME

De son côté, Metalhom (115 salariés ; 56 millions d'euros de chiffre d'affaires), située à quelques kilomètres d'Alstom, à Brogniard, est une PME spécialisée dans la conception et la fabrication de composants métallurgiques à forte valeur ajoutée, a aussi été soutenue par l'Union européenne. L'entreprise a bénéficier du fonds FEDER / FSE à hauteur de près de 900.000 euros, dans le cadre de son développement et son orientation vers une Industrie 4.0. « Nous avons pu investir dès le départ, massivement, dans nos premières machines », confie Naima Cottin, présidente du groupe Methalom.

Les aides européennes ont également accompagné le développement de l'entreprise : « Nous avons pu gagner des marchés et même relocaliser des marchés en France qui étaient partis dans des pays low cost », poursuit-elle. Pour Metalhom, en tant que PME, la condition pour obtenir ces aides, a été de dédier une personne à l'ingénierie au sein de son équipe pour la gestion des dossiers à l'Europe. Ce qui a facilité les démarches administratives et juridiques. « Nous souhaitons faire passer le message que c'est possible en tant que PME d'obtenir des aides européennes et que les montants peuvent être conséquents », souligne Naima Cottin.

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Des investissements efficaces à certaines conditions

Toutefois, il ne s'agit pas d'innover pour innover. « Dans le cadre du programme européen (PIIEC), il est absolument fondamental que nous soyons relayés par les grands opérateurs publics, notamment pour les trains de fret », souligne Stéphane Kaba, responsable du programme IPCEI hydrogène chez Alstom.

« Une amplitude plus forte doit apparaître très vite pour que les efforts que nous faisons aujourd'hui en innovation soient suivis des faits en termes de commandes publiques », poursuit-il. De son côté, la région Bourgogne-Franche-Comté fait figure de bon élève puisqu'elle a déjà passé commande pour trois trains à hydrogène. Livraison prévue en 2025. D'autres régions sont également engagées, telles que l'Occitanie et le Grand Est.

Une vue d'artiste de la future locomotive de manœuvre à hydrogène, développée par Alstom à Belfort (© Alstom Advanced & Creative Design) - Design non contractuel à des fins d'illustration

 Une vue d'artiste de la future locomotive de manœuvre à hydrogène, développée par Alstom à Belfort (© Alstom Advanced & Creative Design) - Design non contractuel à des fins d'illustration

L'importance de se faire accompagner

Cependant, les subventions européennes ont un gros défaut : leur lourdeur administrative. Mais les petites entreprises qui n'ont pas les moyens financiers d'avoir une personne dédiée en ingénierie, peuvent compter sur d'autres acteurs pour les accompagner, tels que la CCI, la BPI ou encore sur les pôles de compétitivité.

Dans le domaine de la mobilité, des transports et des automobiles, par exemple, le pôle véhicule du futur rassemble et anime un écosystème de 500 membres sur les régions Bourgogne-Franche-Comté et Grand Est dispose d'une cellule Europe qui accompagne les entreprises dans la construction des dossiers. « On accompagne les adhérents, on identifie les guichets pertinents pour eux, on les aide à trouver des partenaires, on peut les aider un peu lors du montage », explique Clothilde Nadé, responsable cellule Europe du pôle véhicule du futur (PVF). « Toutefois, nous ne sommes pas une agence de conseils et ne rédigeons pas les dossiers à la place de nos adhérents », nuance-t-elle.

Clothilde Nadé travaille actuellement sur six dossiers en cours : « Nous avons un beau taux de transformation. Nous avons plus de 40% des projets qu'on accompagne au niveau européen qui sont financés in fine. » Le PVF a par ailleurs mutualisé un consultant à Bruxelles, avec les autres pôles de compétitivité spécialisés dans les transports et mobilité en France, ID4Mobility, CARA et NextMove. « L'idée est à la fois de faire remonter les intérêts de nos adhérents sur certains appels à projets européens et de faire redescendre l'information de Bruxelles sur nos territoires », indique Clothilde Nadé.

Vers une simplification des processus administratifs ?

À l'écoute des problématiques rencontrées par les entreprises et affirmant avoir été agréablement surprise par les synergies qui peuvent exister entre les acteurs du territoire pour trouver des solutions, la représentante de la Commission européenne a annoncé qu'elle ferait remonter les témoignages des entreprises interrogées, à Bruxelles, en vue d'une simplification des processus administratifs.

« Ces signaux d'alerte, quand ils deviennent convergents d'un site à l'autre, sont des outils précieux qui nous aident à prendre des décisions notamment en matière de modification d'une loi », a voulu rassurer Valérie Drezet-Humez.

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