La crise sanitaire a rappelé un enjeu pour la France, celui de retrouver sa souveraineté dans la santé. Il s'agit aussi de devenir « la première nation européenne innovante » dans ce domaine, a rappelé Franck Robine, le préfet de la région Bourgogne-Franche-Comté lors de son intervention aux Assises des biothérapies et de la bioproduction mercredi 13 mars. Pour le territoire, l'enjeu est majeur puisque le secteur représente 13.000 emplois et 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires consolidé. Mais pour rester innovant, deux verticales sont appelées à accélérer : les biotechnologies et les biothérapies, sur lesquelles la région veut capitaliser. Elle compte déjà 50 entreprises santé spécialisées dans les biothérapies.
Concrètement, les biothérapies sont « des traitements utilisant des médicaments biologiques ou biotechnologiques. Ces médicaments sont produits à partir de cellules ou de micro-organismes, et ils ont en général une action plus ciblée que les médicaments conventionnels », rappelle le site Ameli.
En matière d'innovation, la Région se considère en pointe. Sur les appels à projets de France 2030 qui prévoit 7,5 milliards d'euros d'investissements, la Bourgogne Franche-Comté en a, en effet, remporté 18.
Mais elle veut aller plus loin, en créant notamment de nouveaux emplois. « Je souhaite que bon nombre de ces emplois se situent à l'avenir dans notre région », annonce Franck Robine.
Deux centres d'excellence
Grâce à sa tradition d'innovation biomédicale à Dijon (le premier pansement prêt à l'emploi par Urgo en 1958, le premier auto-injecteur sans aiguille par Crossject en 2001, la première jambe bionique par Proteor en 2015) et sa forte spécialisation en microtechniques à Besançon, (Archeon qui a développé Eolife, un dispositif médical intelligent permettant au personnel soignant en situation d'urgence de délivrer la bonne quantité d'oxygène nécessaire lors des ventilations) la région est pionnière sur ces technologies. « Cet héritage en microtechniques donne à la région un réseau de sous-traitance unique en France », souligne Franck Mouthon, président de France Biotech.
Dernièrement, Besançon a également rayonné au travers de sa plateforme d'innovations en biothérapies de l'établissement français du sang (EFS) qui fait partie des six sites en France, récemment labellisés « intégrateur industriel du grand défi Biomédicaments ». « Cet intégrateur réunit à la fois le soin, la recherche, la production à grande proximité », détaille Franck Mouthon. « C'est un vecteur d'émergence d'innovation », poursuit-il.
Plus de 80 formations identifiées
Autre point fort de la région : l'excellence de la recherche, notamment via les deux universités de Bourgogne, et de Franche-Comté. Le territoire dispose de plus de 80 formations identifiées, allant des classes de 1ères Sciences aux diplômes universitaires, en passant par les bacs pros, les BTS, les licences pros et les master et ingénieur. Franck Mouthon a notamment souligné l'importance des ISIFC-UBC à Besançon : « Ces établissements forment des ingénieurs qui ont à la fois la compétence d'ingénieur et la compétence réglementaire. Ce qui est absolument indispensable dans le cycle de développement des produits de santé. » Pour lui, ce sont des profils qui sont ensuite débauchés dans toute l'Europe.
Les résultats des IDE (Investissements directs étrangers), récemment publiés pour l'année 2023, indiquaient que la Bourgogne-Franche-Comté, bien qu'avant-dernière en termes de PIB par habitant, se place au 5e rang des régions les plus attractives pour ces partenaires transfrontaliers.
Pour autant, il reste encore du chemin à parcourir pour faire connaitre les atouts de la Bourgogne-Franche-Comté en matière de biothérapies et de bioproduction au plan international. « Faire des choix » est une des stratégies qui a été abordée par plusieurs acteurs locaux pour rendre visible cette économie régionale de la biothérapie à travers le monde. Toutefois, « faire des choix dans la visibilité internationale, ce n'est pas renoncer aux autres activités de la région », nuance Franck Mouthon.
Pour les activités qui peuvent paraître secondaires, des partenariats interrégionaux sur les biothérapies pourraient être entrevus. Idem sur la bioproduction, pourquoi ne pas envisager un rapprochement avec la Nouvelle Aquitaine qui mise également sur ce secteur ? « Il y a des forces qui peuvent être mutualisées, car il y a de la vraie complémentarité sur le territoire », souligne Franck Mouthon. Ce dernier citait, par exemple, la deeptech TreeFrog Therapeutics qui a mis au point une technologie permettant de cultiver les cellules souches en 3D dans des bioréacteurs industriels.
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