Nucléaire : le plan de la Bourgogne-Franche-Comté pour recruter 12.000 personnes d'ici 2030

C’est une opération séduction qui est lancée pour mettre un coup de projecteur sur la filière nucléaire et susciter des vocations, notamment chez les jeunes et les femmes. Du 5 au 9 février, France Travail organise la semaine des métiers du nucléaire partout en France dont en Bourgogne-Franche-Comté où une trentaine d’événements sont prévus. L'objectif : redorer l'image d'une industrie qui s'est pourtant modernisée et défendre l'attractivité d'un territoire qui entend jouer son rôle dans le développement de la filière.
200 soudeurs travaillent actuellement en Bourgogne-Franche-Comté/
200 soudeurs travaillent actuellement en Bourgogne-Franche-Comté/ (Crédits : FRAMATOME)

Le nucléaire est au coeur des priorités de l'exécutif. Pour preuve, le 30 janvier dernier, le Premier ministre a rappelé les ambitions du gouvernement en soulignant « l'importance d'assurer notre indépendance énergétique et de soutenir une filière qui constitue une fierté française ».

Une filière qui représente, selon l'Insee, 220.000 emplois non délocalisables et qui contribue à environ 6 milliards d'euros par an à la balance commerciale du pays. D'autant que la construction de six nouveaux EPR2 à partir de 2028 pour une mise en service en 2035 a d'ores et déjà été annoncée, « auxquels s'ajouteront encore huit EPR supplémentaires, dont les modalités seront détaillées l'été prochain », précise Franck Robine, préfet de la région Bourgogne-Franche-Comté. Pour la filière, cela représente 100.000 emplois supplémentaires. Ainsi, au total, la Bourgogne-Franche-Comté, concentre 10% du nucléaire français, soit 23.000 emplois, dans 270 entreprises, estiment l'Insee et la direction régionale de l'économie

Pas de centrale nucléaire, mais le savoir-faire de tous les composants

Ainsi, même si la Bourgogne-Franche-Comté est dépourvue de centrale nucléaire, elle a tout de même une carte importante à jouer dans la stratégie nationale, puisqu'elle possède sur son territoire, tous les acteurs de la chaîne de valeur industrielle, essentielle à la filière nationale : cuves, métallurgie, sûreté, contrôle non destructif, essais, conception, recyclage, etc.

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Elle compte aussi bien des grands donneurs d'ordre - comme Framatome au Creusot ou General Electric à Belfort - qu'un tissu de PME/TPE. Le nucléaire représente 15% de l'industrie de la région, soit 12.000 emplois à pourvoir d'ici 2030. « Une partie de ce qui a été annoncé pour la filière se fera et doit se faire en Bourgogne-Franche-Comté, parce qu'il y a cet historique industriel et ces compétences », souligne Franck Robine. « Tous les nouveaux composants pour nos nouvelles centrales nucléaires sont fabriqués ici », poursuit-il. La plupart des métiers de base, en tension actuellement, tels que chaudronnier, soudeur, tuyauteur sont présents sur le territoire. Par exemple, la région compte 200 soudeurs. Toutefois, « il faudra multiplier ce chiffre par 6 ou 7, d'ici 4 à 5 ans », assure Jean-François Debost, directeur général du Pôle de compétitivité du nucléaire civil et défense « Nuclear Valley ».

Fabrication des cuves de réacteur chez Framatome sur le site de Saint Marcel, en Saône-et-Loire

[Fabrication des cuves de réacteur chez Framatome sur le site de Saint Marcel, en Saône-et-Loire

Deux leviers à activer : le réenchantement de l'industrie...

Or, recruter n'est pas une mince affaire. Depuis la désindustrialisation de la France, le secteur de l'industrie a perdu en notoriété. L'image de l'usine sale et d'un travail dur est encore ancrée dans les esprits. Pourtant, l'industrie s'est modernisée et la palette des métiers est large. Elle se tourne vers l'industrie du futur, la 5G, les opérateurs travaillent sur des tablettes, avec des casques en réalité augmentée, etc...

« Le premier sujet dont la région doit se saisir est celui de la reconquête industrielle, du réenchantement de l'industrie, du nouveau regard que nos concitoyens doivent avoir vis-à-vis de l'industrie », estime Marie-Guite Dufay. « Le désintérêt pour l'industrie est quelque chose qu'il nous faut absolument combattre », poursuit-elle. Ce n'est donc pas qu'une question de formation, mais également une question de regard, de sensibilisation.

Par ailleurs, selon l'Insee, 80% d'hommes travaillent dans la filière du nucléaire. Un chiffre qu'il faut également combattre. « Dans les recrutements que nous devons faire, il y a aussi un enjeu d'être capable d'orienter les femmes vers cette filière », indique Marie-Guite Dufay. C'est pourquoi dans le cadre de cette semaine des métiers du nucléaire, des interventions sont organisées, à la fois dans les collèges et les lycées, ainsi que des visites d'entreprises, notamment chez Framatome à Chalon-sur-Saône.

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... et l'attractivité du territoire

Le deuxième sujet d'intérêt très fort de notre région est celui de l'attractivité. Pour recruter les 12.000 emplois nécessaires d'ici 2030, la région va devoir attirer des nouvelles compétences. Elle ne pourra pas compter que sur ses seules ressources de son bassin d'emplois. « Il nous faut dire haut et fort à l'extérieur de notre région : Quels sont les charmes ? Quels sont les potentiels ? Quels sont les intérêts de notre région pour venir y travailler ? », insiste la présidente de région. Et d'ajouter : « Il y a le fait que nous sommes une forte région industrielle, avec des emplois qualifiés à pourvoir et qui augurent de belles carrières ». Dans ce but, une campagne nationale de communication pour louer les atouts de la région sera lancée au deuxième semestre de cette année.

Deux EPR 2 prévu à Bugey dans l'Ain

Pour l'instant, la région ne possède pas de centrale nucléaire. Toutefois, cet été, le gouvernement a annoncé l'accueil de deux EPR 2 sur la centrale du Bugey, dans l'Ain, qui se situe à 40 minutes de Mâcon, en Saône-et-Loire... « C'est 35 milliards d'investissements directs et indirects qui vont arriver dans les années qui viennent », précise le directeur général du Pôle de compétitivité du nucléaire civil et défense « Nuclear Valley », Jean-François Debost qui veut croire que « cela va avoir un impact considérable sur tout le sud de la région Bourgogne-Franche-Comté. C'est une certitude ! ».

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Commentaire 1
à écrit le 08/02/2024 à 14:09
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"il faudra multiplier ce chiffre par 6 ou 7, d'ici 4 à 5 ans" mais seront employés à quoi une fois les 16 ou 20 EPR construits ? Les SMR peut-être (le temps que ça se développe, moult projets dont seulement certains aboutiront). 12 000 personnes (+ ...

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