Démarré en 2019, le projet de fusion du pôle de compétitivité breton et ligérien Images & Réseaux avec son homologue normand, le pôle TES (Transactions Electroniques Sécurisées), est sur les rails. Les statuts devraient être validés pour la fin juin, avant la tenue d'une assemblée générale constitutive à l'automne ou à la fin 2020, en fonction des conditions sanitaires. Le siège de la future structure, dont le nom n'est pas encore annoncé, restera à Lannion.

C'est ce qu'a indiqué Vincent Marcatté, président du pôle, lors de l'assemblée générale annuelle qui s'est déroulée, crise du Covid-19 oblige, en ligne mardi 28 avril. Faisant suite à une candidature à la phase IV des pôles de compétitivité qui a pour but de constituer des pôles plus forts et plus visibles à l'échelle européenne, ce projet a pour ambition de renforcer la recherche et l'innovation numérique en réunissant les deux structures phares du Grand Ouest. Ensemble, elles représentent 400 adhérents et visent les 500 membres en 2022. Situés dans une proximité territoriale, Images & Réseaux et TES se sont développés sur la thématique commune du numérique et sur des segments tels que la santé, les réseaux de communication fixes et mobiles (5G, fibre optique), les formats d'image (RA/RV/RM, holographie), l'énergie, l'iOT, la cybersécurité, la silver économie, le tourisme.

Dans son rapport moral, Images & Réseaux précise qu'en 2019, il comptait 241 membres (8 grands groupes, 25 acteurs académiques, 175 PME/PME dont 27 startups) et disposait d'un budget de 2,4 millions d'euros. Les adhérents bretons représentent 72 % de l'ensemble. Images & Réseaux est plus orienté vers la technologie que TES (150 adhérents), dédié aux usages. Avec une équipe de 20 salariés, le nouveau pôle compte offrir davantage d'opportunités et de projets innovants à ses adhérents en lien avec les spécificités des trois territoires couverts.

 Nouveau modèle économique

La gestation du projet, dont les contours « ont été affinés tout au long de l'année 2019 », a toutefois été freinée par l'annonce inattendue en août dernier de la régionalisation des pôles de compétitivité. Depuis le 1er janvier 2020, l'État s'est désengagé et a transféré les crédits de fonctionnement aux régions qui sont devenues les donneurs d'ordre.

« Cette décision a impacté, non pas la feuille de route commune déjà partagée, mais les conditions concrètes de mise en œuvre de la nouvelle offre de services sur les trois régions. Nous sommes allés discuter avec la Bretagne, les Pays de la Loire et la Normandie pour vérifier leur volonté d'implication et leurs souhaits avant de poursuivre le processus de fusion », explique Vincent Marcatté.

Alors que les pôles de compétitivité tiraient leurs recettes des subventions publiques, des cotisations de leurs adhérents, des prestations de service, de leur participation aux projets européens (DIH), la baisse des subventions qu'induit la régionalisation va pousser la future structure à réinventer son modèle économique. Sur le plan stratégique, le nouveau pôle entend répondre encore plus à l'enjeu du numérique, dont la place « transversale, irrigue toutes les autres filières de l'économie (agri/agro, santé, mer, énergie, industrie...) ».

Pôle leader dans monde résilient

Dans le contexte de la crise sanitaire actuelle, Images & Réseaux estime que le numérique s'est révélé indispensable pour les entreprises et les particuliers en matière de télétravail, de cours en ligne ou de télémédecine. Demain, la technologie offrira une opportunité de sortie de crise, mais Vincent Marcatté la souhaite « plus responsable, du régional à l'international, innovante dans sa chaîne de valeurs et dans sa proposition de services ».

Le futur pôle fusionné compte ainsi être en mesure d'apporter des réponses précises, au plus grand nombre, sécurisées, équitables et surtout rapides. « Nous devons mener une réflexion sur le télétravail dans une entreprise du secteur tertiaire, sur l'efficacité énergétique du numérique et des réseaux, et sur tout ce qui a trait à l'intelligence artificielle et à la cybersécurité » ajoute le président d'Images & Réseaux.

En matière de « Numérique & Ecologie, solidarité, mixité », le pôle avait anticipé en lançant en février la première édition du prix Corinne Erhel, en hommage à la député PS des Côtes d'Armor décédée en 2017. Ouvert jusqu'au 30 juin, ce concours national s'adresse aux entrepreneur(e)s et jeunes docteur(e)s soucieux de respecter les principes du développement durable dans leurs produit, service, ou projet. Cinq lauréats seront récompensés d'un prix allant de 2.000 à 10.000 euros.

31 millions d'euros investis en R&D en 2019

Pour ses adhérents, Images & Réseaux favorise le croisement des domaines technologiques, notamment en matière de réseaux et d'infrastructures numériques et dans le cadre de son « usine à projets de R&D » qui a signé une année 2019 record. 32 des 50 projets de R&D labellisés par son comité d'experts ont été sélectionnés pour un total de 31 millions d'euros d'investissements. Depuis début 2020, 45 projets de R&D ont accompagnés pour un total de 16 millions d'euros investis. Reconnu à l'échelle européenne dans les réseaux de Digital Innovation Hub (DIH), Images & Réseaux travaille aussi avec 24 autres structures européennes à la mise en place de coopérations avec des DIH en Afrique autour de l'utilisation de l'intelligence artificielle pour développer les filières économiques.