Le limonadier Loere rafraîchit jusqu’à Bruxelles

SÉRIE D'ÉTÉ - Tourisme industriel 1/4 | Avec la Loere, boisson naturelles fabriquée sur les bords du fleuve royal, La Tribune démarre sa première série d’été consacrée au tourisme industriel dans le Centre Val de Loire. Lors de ses pérégrinations, elle conduira le lecteur dans trois autres lieux à découvrir : L’huilerie d’Auron dans le Cher, L’Atelier de l’imprimerie dans le Loiret, enfin Le Safran de la chapelle vicomtesse en Loir et Cher.
La gamme complète de La Loere devrait être labellisée bio en 2020
La gamme complète de La Loere devrait être labellisée bio en 2020 (Crédits : DR)

Cola, limonade, thé glacé et bière estampillés La Loere rayonnent bien au-delà des tables de la Touraine. On trouve désormais ces sodas artisanaux dans les plus grands restaurants parisiens et bientôt chez les cavistes bruxellois.

L'aventure entrepreneuriale de deux amis titulaires du diplôme agroalimentaire de l'IUT de Tours en 1997 a débuté 12 ans plus tard. Christophe Germain, qui exploite le restaurant « Le Clos » à Chambray les tours, dans l'agglomération tourangelle, est régulièrement sollicité par ses clients. Ces habitués sont lassés des colas, jus de fruits et thés glacés industriels, ils lui réclament des produits naturels et locaux. L'idée germe dans la tête du jeune restaurateur de créer sa propre gamme de sodas et bières artisanaux. À charge pour lui de trouver les prestataires idoines pour les différentes étapes de la fabrication de ses produits.

Faute de fournisseurs du cru, les extraits naturels de noix de cola, de citron et de thé proviennent d'Alchim aromatic en Alsace, tandis que la gazéification est assurée en Charente. L'eau des futurs sodas est en revanche locale, puisqu'issue de la source naturelle Saint Hippolyte non loin de Loches. Côté jus de fruits, Christophe Germain a également la possibilité de se fournir en Touraine. Ses jus sont pressés aux vergers de la Manse, à Sepmes. La Brasserie de la Pigeonnelle, située à Céré la ronde, est également contactée pour fournir les bières en biodynamie de La Loere.

En 2010, le jeune restaurateur-entrepreneur ne choisit pas le nom de sa marque par hasard. Non seulement la Loere, l'appellation du fleuve en vieux patois tourangeau, lui donne un côté authentique, mais encore il est compris par les habitants du Massif central, source de la Loire, jusqu'à Nantes où il se jette dans la mer. Ce rayonnement sur huit départements est perçu dès le départ comme un atout commercial. À raison.

Association puis passage de témoin

Si la Loere se taille un petit succès au début des années 2010, le développement de la marque pâtit de manque de bras. Christophe Germain, trop occupé par son restaurant, propose à son copain de fac Cyril Langlois de s'associer.

Originaire de l'Indre, le trentenaire a roulé sa bosse depuis l'IUT. Sa spécialisation à l'École nationale de l'industrie laitière à Poligny dans le Jura lui a ouvert les portes de la Laiterie Triballat à Rians dans le Cher. Cyril Langlois est chef de secteur dans le Val de Loire pour le fabricant de la célèbre faisselle quand l'opportunité de voler de ses propres ailes survient. Depuis sa sortie d'école, il est désireux de lancer sa propre activité, à partir de produits naturels et locaux. La Nouvelle société Liger (l'ancien nom de la Loire), dans laquelle Langlois est majoritaire, est créée par les deux amis en 2012 pour exploiter la marque.

Un an plus tard, il est seul maître à bord et restructure l'activité dont les nouveaux entrepôts sont situés dans le quartier Febvotte à Tours. Les jus de fruits, trop concurrentiels et soumis à des questions de saisonnalité de récolte, sont abandonnés en 2014. Cyril Langlois modifie également les recettes d'origine et, fidèle à son credo de départ, confie la gazéification de ses sodas à une entreprise régionale, la Beauceronne en Eure et Loir. La Loere, qui se concentre exclusivement sur les sodas, les thés glacés (toujours réalisés aux vergers de la Manse) et la bière, issus à 95% de produits naturels tirés à 80% du terroir local, a besoin d'un coup de fouet commercial pour franchir le cap des 100.000 euros de chiffre d'affaires.

Notoriété nationale

Cyril Langlois met à profit son expérience de terrain acquise auprès de la laiterie Triballat pour diffuser ses boissons, toutes en bouteilles en verre pour préserver leur goût. Avec un prix en moyenne deux fois plus onéreux que celles vendues dans les supermarchés, il privilégie restaurants, cavistes, épiceries fines, magasins de producteurs régionaux (La Ruche qui dit oui), qu'il écume systématiquement. Le travail de fourmi du jeune entrepreneur paye. En 2018, La Loere compte 300 clients distributeurs indépendants. À la clé, une production de 120.000 grandes et petites bouteilles, ce qui fait de la société Liger un acteur qui compte sur les six départements du Centre Val de Loire. Le distributeur local, Xavier Schoen ne s'y est pas trompé, qui distribuera à la rentrée La Loere dans quelques grandes surfaces indépendantes, y compris hors région.

Cœur de métier historique de la marque, la restauration lui a par ailleurs permis de dépasser les frontières régionales. La Loere est depuis peu à la carte de grandes tables parisiennes comme le Japonais Yam' Tcha ou la maison Plisson. Des vitrines capitales en termes de notoriété. Elles ont même permis aux sodas de Touraine d'être remarqués par des étudiants d'HEC à Bruxelles. À titre de cas pratique pour leur diplôme, ces derniers sont en train de monter un dossier de distribution du coca La Loere outre Quiévrain.

Innovation

Pour La Loere, le développement des volumes passe enfin par l'innovation tout en restant bien campée sur son ADN naturel. La marque vient ainsi de commercialiser en test un Bag in Box (Box) de cinq litres pour son thé glacé. Destinés aux manifestations de l'été, les 6.000 litres conditionnés devraient être épuisés à la rentrée, avec une pointe à 1.250 litres pour le seul festival Terre du son tenu à Monts courant juillet. Ce nouveau segment de consommation laisse espérer à Cyril Langlois de belles marges de progression à trois ans. L'obtention du label biodynamie pour l'ensemble de la gamme liquide de La Loere, normalement prévu en 2020, devrait également constituer un vrai accélérateur. L'entrepreneur vise ainsi 250.000 euros de recettes dès cette année, trois fois plus que lors de la reprise de La Loere.

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Visites guidées

  • La Loere : 27, rue Febvotte, 37 000 Tours, 06 37 85 41 83
  • La Pigeonnelle : 10, rue de la ronde. 37 460 Céré la ronde, 02 47 94 28 22
  • Vergers de la Manse : 59 Rue de la République, 37800 Sepmes, 02 47 65 59 75

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