François Bonneau, président de la région Centre Val de Loire, estime que le combat n'est pas perdu. Il a saisi son bâton de pèlerin et compte notamment convaincre les dirigeants de l'avionneur Daher, qui opère trois sites en Loir et Cher, de limiter au maximum les suppressions de postes. « En prévision de la construction de l'avion du futur, Il est indispensable de maintenir l'expertise sur le territoire, assène l'élu. Tout en réorganisant l'outil de production, cela peut passer par des périodes plus ou moins longues de chômage partiel. »

Le groupe prévoirait notamment de fermer d'ici deux ans son usine de Saint-Julien de Chédon qui fabrique des pièces composites et emploie environ 300 salariés. Atteint par la désaffection des compagnies aériennes, l'équipementier a annoncé un méga plan social de quelque 3.000 suppressions à l'échelle de l'Hexagone. Le pari semble encore plus difficile à remporter par François Bonneau, côté Hutchinson. Filiale de Total, privé du bénéfice des mesures gouvernementales de chômage technique pour cause de versement programmé de dividendes à ses actionnaires, l'équipementier automobile taillera aussi sévèrement dans ses effectifs dans la région. Au total, Hutchinson prévoit d'alléger de 380 postes ses sites de Joué-lès-Tours en Indre et Loire et du Loiret, spécialisés dans la transformation des produits en caoutchouc. « Je déplore fortement que l'on privilégie le versement de dividendes en pleine crise sanitaire, c'est inadmissible », regrette François Bonneau. Dans ce cadre, le président de la collectivité n'exclue pas de demander le remboursement de certaines aides perçues pour favoriser la création d'emplois.

Volontarisme de la collectivité

En quatrième place sur la carte des régions les plus touchées par la crise, le Centre Val de Loire subit de plein fouet une conjoncture défavorable à l'industrie. « Avec 20% du PIB réalisé dans ce secteur, il est logique que notre région figure en tête de ce palmarès négatif. C'est le versant difficile de notre stratégie qui a toujours été de maintenir l'industrie sur le territoire, assure François Bonneau. L'objectif est désormais de privilégier la résilience, le temps que la reprise s'amorce. » Pour ce faire, la région Centre Val de Loire a déployé un arsenal relativement complet de contre-feux. Ces derniers passent d'une part par un doublement de l'aide apportée aux entreprises, sous forme directe ou de formations. Elle sera portée de 30 à 60 millions d'euros en 2020. Le Centre Val de Loire a d'autre part fortement encouragé les acteurs de l'aéronautique et de l'automobile à répondre à l'appel à manifestation d'intérêt lancé au premier semestre par l'Etat. Près de 100 dossiers ont ainsi été adressés dans ces deux secteurs par les sociétés de la région.

L'un des axes forts de "France relance", le plan annoncé par le gouvernement le 3 septembre, est la commande publique qui doit en principe profiter aux entreprises des territoires et pas seulement aux grands groupes. « Je serai rassuré sur ce point quand l'on connaîtra le nombre de dossiers retenus », remarque François Bonneau. Une réponse que le vice-président délégué de France régions espère obtenir de la part de Jean Castex, lors de d'une rencontre prévue à Matignon lundi 28 septembre avec d'autres patrons de régions.