C'est une enquête révélatrice qui tombe à la veille d'un pic d'inflation attendu au premier semestre 2023, et près d'un an après le début de la guerre en Ukraine. En janvier dernier, la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Paris Île-de-France a interrogé 1.438 entreprises pour connaître l'impact de la hausse des coûts de l'énergie sur leur activité.
« En 2022, les entreprises d'Île-de-France ont fait preuve d'une magnifique résilience », alors que 2023 sera synonyme de « très fort ralentissement », a prévenu, ce 15 février, le directeur régional de la Banque de France. « Les chefs d'entreprise vont devoir jongler avec l'inflation alors que cette dernière ne reflue au second semestre et en 2024 », a ajouté Jean-Pascal Prevet.
Car si la moitié des patrons déclare avoir déjà engagé des mesures pour pallier ces difficultés ou envisagent de le faire, la même proportion affirme subir un impact « important » voire « très important » sur leur activité, et particulièrement dans le commerce, l'hôtellerie et la restauration, les services de proximité et l'industrie.
Seuls 16% des patrons ont fait appel à un dispositif d'aides publiques
Par exemple, 52% estime que le contexte d'inflation met en danger leur entreprise « à moyen terme ». Pis, 69% se disent « inquiets » voire « très inquiets » pour leur activité pour les six prochains mois.
Mais paradoxalement, seuls 16% des chefs d'entreprise ont fait appel à un des dispositifs d'aides publiques concernant l'énergie : bouclier tarifaire, amortisseur électrique...
« Sachant que nous sommes là pour les aider et les accompagner, nous redoublons d'efforts pour leur faire remonter les informations au maximum », réagit, pour La Tribune, le président de la CCI Paris Ile-de-France.
« Mais c'est à eux aussi de faire les démarches de là où ils se trouvent », tempère aussitôt Dominique Restino.
Autrement dit, ce n'est pas à la Chambre de commerce et d'industrie de faire les démarches administratives à la place des patrons... D'autant que si les prévisions d'activité sont « empreintes d'inquiétudes et d'incertitudes » pour 2023, elles restent « positives », a souligné Anne-Charlotte Lefebvre, responsable du département économique de la Banque de France en IDF.
Les perspectives de croissance diffèrent d'un secteur à l'autre
Tous les pans de l'économie francilienne devraient ainsi connaître une progression de leur chiffre d'affaires cette année, mais, à y regarder de plus près, les perspectives de croissance diffèrent. Ainsi, le secteur des équipements électriques et électroniques devrait tirer son épingle du jeu avec +7% de prévu, tandis que l'activité des travaux publics devrait chuter de 1%.
« Le secteur des équipements électriques et électroniques, et pas simplement du fait de la pénurie de semi-conducteurs, a été le secteur à la croissance la plus faible en 2022, mais il est désormais sur une bonne dynamique. Dans les travaux publics, s'expriment des inquiétudes sur la commande publique qui n'est pas encore au niveau escompté », décrypte Anne-Charlotte Lefebvre.
Pour autant, il demeure au moins deux motifs d'optimisme. Sur le plan macroéconomique, près de 290.000 entreprises ont été créées en 2022 en Île-de-France, contre seulement 9.000 défaillances. Idem sur le plan de l'approvisionnement de l'énergie. « On va vers une situation plus sereine », a fait savoir, de son côté, la directrice régionale de RTE IDF-Normandie, Nathalie Lemaître.
Invité aux Assises du financement des transports en Île-de-France le 24 janvier dernier, en sa qualité d'administrateur d'IDF Mobilités, le président de la CCI Paris IDF n'avait pas caché son agacement face à la demande d'autrui de contribuer davantage au budget de l'autorité organisatrice des transports de la région-capitale. Devant l'hémicycle du conseil régional, Dominique Restino s'était époumoné: « Qu'on arrête de dire que les entreprises devraient davantage payer ! ». Sollicité ce 15 février par La Tribune, le patron de la Chambre de commerce et d'industrie francilienne persiste et signe: « Nous sommes au maximum du versement mobilité ! » Les sociétés de plus de 10 salariés sont en effet assujetties au versement mobilité qui représente 2,95% de leur masse salariale contre 2% en province. Dans le budget 2023 d'Ile-de-France Mobilités, leur contribution représente près de 5,5 milliards d'euros sur un total 11 milliards. A cela s'ajoute le remboursement de 50 à 75% du Pass Navigo à leurs salariés qui va leur revenir à 1,08 milliard d'euros cette année, contre 900.000 euros en 2022.ZOOM - Financement d'Ile-de-France Mobilités : « Nous sommes au maximum du versement ! »
Plan d'urbanisme à Paris : les professionnels dénoncent « une aberration », le premier adjoint d'Hidalgo leur répond
Sujets les + commentés