Le Grand Paris, ou la relance par l'investissement public

Le futur métro du Grand Paris, le Grand Paris Express, est un projet d'investissement public qui pourrait faire gagner des points de croissance à la France. Preuve que la relance par l'investissement public est encore loin d'être une notion dépassée.
Mathias Thépot
La Grand Paris Express pourrait faire gagner à terme 10 à 15 points de PIB à la région capitale.

Qui a dit que la puissance publique ne pouvait plus soutenir la croissance ? A une période où il est question de stagnation séculaire, certaines initiatives publiques montrent qu'il est encore possible de stimuler le PIB. L'un des plus grands projets d'investissement en France, celui du Grand Paris Express, pourrait en effet dynamiser substantiellement le PIB francilien, et donc le PIB français. Ce projet de 25 milliards d'euros devrait concrètement faire doubler la taille du métro parisien sur le périmètre de l'agglomération capitale à horizon 2030, et permettre la création de 68 nouvelles gares.

10 à 15 points de PIB supplémentaires pour la région

Piloté par la société du Grand Paris (SGP), un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), le Grand Paris Express devrait a minima générer 60 milliards d'euros de PIB supplémentaires à long terme pour la région Île-de-France, voire plus de 100 milliards d'euros selon des hypothèses plus optimistes, indique le président de la SGP Philippe Yvin. De quoi augmenter à terme le PIB francilien d'entre 10 et 15 points, et le PIB national d'entre 3 et 5 points. Un projet public de première importance, donc. Par ailleurs, lors de la phase de conception du Grand Paris Express, 15.000 emplois seront mobilisés, dont les deux tiers dans les secteurs du bâtiment et des travaux publics, et un tiers pour la réalisation du réseau.

Trois taxes pour financer

Pour financer ce projet, la SGP s'appuiera sur des ressources propres provenant de la fiscalité. En effet, elle perçoit une partie des recettes de trois taxes franciliennes pour un total de 500 millions d'euros par an : la taxe sur les surfaces de bureaux, locaux commerciaux, stockage et stationnement, la taxe spéciale d'équipement (TSE) « Grand Paris », pour laquelle les franciliens contribuent, et l'imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER). Une fois ce réseau mis en service, la SGP percevra aussi des redevances, soit environ 200 millions d'euros par an. L'EPIC aura aussi massivement recours à la dette pour investir tous ces milliards. Bras armé financier de l'Etat, la Caisse des dépôts (CDC) prévoit déjà une enveloppe de 4 milliards d'euros pour le Grand Paris, dont 1 milliard d'euros a déjà été débloqué. La SGP a également signé un contrat de prêt avec la Banque européenne d'investissement (BEI) d'un autre milliard.

Meilleure productivité

L'émergence des nouvelles gares du Grand Paris devrait, du reste, mécaniquement permettre de créer de la richesse. De nouveaux lieux de vie devraient en effet émerger -près de 5.000 logements neufs autour des gares sont attendus -, ce qui induit le développement d'activités de proximité. Des effets multiplicateurs sur la productivité dans la métropole sont aussi à attendre. D'après la SGP, qui cite des économistes, « la productivité des entreprises tend à augmenter avec la densification de l'emploi », et plus encore dans « le secteur des services, les activités innovantes et les grandes métropoles. ». Par ailleurs, les infrastructures de transports ferroviaires génèrent habituellement davantage d'activité. Par exemple, « le RER parisien a un pouvoir d'attraction sur les entreprises (...) La construction d'une gare entraîne un surcroît d'activité de 4 % à 9 % », indique-t-on aussi à la SGP.

Le privé sollicité

Et le secteur privé dans tout cela ? S'il bénéficiera donc d'effets de richesse grâce à la dynamique créée autour d'un tel réseau, il pourrait in fine participer au financement d'une partie des gares du Grand Paris Express, au delà des taxes dont il s'acquitte déjà.

En effet, il est par exemple prévu qu'Aéroport de Paris (ADP) finance intégralement la nouvelle gare du terminal 4 de l'aéroport Charles de Gaulle. Par ailleurs, Auchan, qui porte le projet Europa City sur le Triangle de Gonesse (95), pourrait financer environ 20 % de la nouvelle gare de la ligne 17 qui s'établira à proximité du site.

A l'avenir, la SGP pourrait ainsi demander à d'autres structures privées de participer au financement des gares, toujours dans le cas où une part substantielle, si ce n'est totale, de leur activité dépendrait de l'arrivée d'une nouvelle ligne de métro à proximité.

Mathias Thépot

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Commentaires 4
à écrit le 11/05/2016 à 15:58
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Autant le projet est porteur et ambitieux, autant nous "vendre" déjà de la croissance et des bénéfices me rappel des projets comme : l'UE, le tunnel sous la Manche ou le Concorde... voir le nucléaire.

à écrit le 11/05/2016 à 9:34
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au delà de la relance, c'est très bien de préparer l'avenir, car les besoins en terme de déplacement sont déjà immenses et il faut à tout prix déconcenter. Le foncier est bien moins cher en banlieue et on peut espérer attirer des centres de décision ...

à écrit le 10/05/2016 à 21:48
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Comment pouvez-vous aligner autant d'affirmations gratuites et de gober si naïvement l'esbroufe de la SGP ? Reportez-vous aux rapports du Cercle des Transports pour vous rendre compte que ce GPE risque de mener la France à la faillite.

à écrit le 10/05/2016 à 20:12
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Et surtout, mais il ne faudra pas le dire, les bonnes commissions sur les marchés publics.

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