La « ville vivante », une cité humaniste

A l'occasion du Forum Smart City du Grand Paris, organisé par La Tribune les 26, 27 et 28 novembre prochains à l'hôtel de ville de Paris, experts, politiques et entrepreneurs ont pris la parole dans un numéro spécial consacré à la ville intelligente. Carlos Moreno, professeur des universités et spécialiste de la vile intelligente, insiste : la smart city n'est pas une vie désincarnée et technocentrique, mais un lieu d'espoir et de partage...
Polymorphe, diversifiée, complexe, la ville est avant tout un lieu de vie qui a besoin d'une métamorphose permanente pour créer une qualité de vie et une attractivité essentielles : la rendre respirable, récupérer et réutiliser l'espace public, la décloisonner, l'ouvrir à l'expression ludique, détourner l'usage de ses rues, places, murs, encourager de nouvelles pratiques sociales, développer les jardins collaboratifs, les zones piétonnes de découverte, etc.

La massification du numérique au xxie siècle souligne sa puissance par sa capacité à pénétrer nos vies sous ses multiples formes. Science et outil, le numérique est néanmoins un moyen et non une fin en soi. Pour la smart city, la ville devient « intelligente ». Mais quelle ville ? Une ville désinvestie de l'humain et de son urbanisme où son QI est proportionnel au silicium déployé ? Une ville technocentrique, algorithmique, qui méconnaît sa complexité, sa diversité intrinsèque, ses quartiers, ses fractures sociales, économiques, culturelles, écologiques ? Nous proposons de l'aborder en tant que « ville vivante », territoire de vie, de brassage, d'espoir.



Fluidifier les relations sociales

Un enjeu majeur est de réinventer la ville comme lieu de partage. C'est crucial, car il s'agit de fluidifier les relations sociales existantes, d'en développer d'autres d'un nouveau type, mais aussi de transformer de façon cohérente les relations entre les citoyens, la ville et son environnement.

Polymorphe, diversifiée, complexe, la ville est avant tout un lieu de vie qui a besoin d'une métamorphose permanente pour créer une qualité de vie et une attractivité essentielles : la rendre respirable, récupérer et réutiliser l'espace public, la décloisonner, l'ouvrir à l'expression ludique, détourner l'usage de ses rues, places, murs, encourager de nouvelles pratiques sociales, développer les jardins collaboratifs, les zones piétonnes de découverte, etc.

Vulnérabilité de la ville

À l'âge de la multitude, en ces temps ubiquitaires, s'imbriquent l'histoire de la ville, sa gouvernance et son rôle face aux États. Mais il faut tenir compte de la vulnérabilité de la ville, des mutations du tissu urbain et de l'environnement socioterritorial. Dans la ville vivante, nous nous intéressons à son identité, ses traits socioéconomiques, culturels, écologiques propres, et les exigences de plus en plus fortes des citoyens vis-à-vis de leur gouvernance : mobilité, sécurité, logement social, enjeux énergétiques, foncier, réseaux, infrastructures, espaces publics, économie de proximité, culture, loisirs, fiscalité.

Les décisions prises chaque jour dans les villes concernent notre avenir et celui des générations futures, demain et après demain, quand, en 2050, 70 % de la population mondiale sera urbanisée. La ville intelligente humaine, la ville vivante, sera celle qui saura comprendre l'importance clé de sa vulnérabilité et mettra en oeuvre la convergence sociale, urbaine et technologique pour construire, chaque jour, son identité, sa mémoire, sa résilience.

 

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