Avec Longoria, l’OM sort du cadre

Le vestiaire marseillais s’est vidé de ses fortes personnalités depuis l’arrivée de l’Espagnol à la présidence. Des départs à la chaîne qui ont créé un vide difficile à combler.
Pablo Fernández Longoria, président du directoire de l'Olympique de Marseille.
Pablo Fernández Longoria, président du directoire de l'Olympique de Marseille. (Crédits : © LTD / Liewig Christian/ABACAPRESS via Reuters)

Blessé et privé de Classique, Jonathan Clauss n'a pas été le seul Marseillais à souffrir lors du match amical entre la France et le Chili, mardi au Vélodrome. Des supporters ont eu une bouffée de nostalgie en revoyant deux chouchous des saisons passées. « Ça a été une folie de laisser partir Alexis Sánchez et Mattéo Guendouzi », regrette encore l'écrivain René Frégni, pour qui ces joueurs de caractère « manquent cruellement ». Laurent Garibaldi, alias Gari Grèu, du collectif Massilia Sound System, se console avec la générosité de Chancel Mbemba, rare leader rescapé de la dernière victoire contre le PSG, il y a un peu plus d'un an en huitième de finale de la Coupe de France (2-1). « Avec tous ces gars, se souvient-il, on était prêts pour le combat. »

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Pablo Longoria l'a reconnu début février : « On a besoin de leaders qui puissent émerger. » L'aveu, en creux, que les départs à la chaîne des cadres ont créé un vide problématique dans le vestiaire. Depuis qu'il a pris la présidence de l'OM il y a trois ans, il n'y a plus beaucoup de têtes qui dépassent.

À l'image de Steve Mandanda, détenteur du record de matchs disputés sous le maillot olympien (613), une dizaine de joueurs de référence ont plié bagage. Parfois de leur plein gré, comme Florian Thauvin et Boubacar Kamara, qui avaient refusé une prolongation pour partir libres, respectivement au Mexique et en Angleterre. Mais le plus souvent malgré eux.

Échanges entre Gasset et les proches d'Aubameyang

Titulaire d'un contrat à durée indéterminée tendu sur un plateau d'argent par l'ancien président Jacques-Henri Eyraud en 2020, Dimitri Payet a subi un pressing tout-terrain la saison passée pour y renoncer - il ne jouait plus beaucoup et coûtait encore cher. Il a fini par accepter, la mort dans l'âme et en larmes. Longoria a justifié d'autres départs par les préférences des sept entraîneurs qu'il a usés - une autre facette du problème. Guendouzi, essentiel pour Jorge Sampaoli, a été dégradé par le successeur de ce dernier, Igor Tudor, puis bradé à la Lazio Rome, où le Croate vient ironiquement de le rejoindre. Le défenseur espagnol Álvaro González, pilier d'André Villas-Boas, avait été jeté aux oubliettes par Sampaoli alors qu'il venait de signer un nouveau contrat.

Quand on vide un vestiaire de ses personnalités, c'est qu'on ne veut pas de tauliers - Éric Di Meco, champion d'Europe 1993

Au bout d'un long feuilleton, Sánchez a imputé son départ au nouveau staff de Marcelino, qui n'en voulait plus. Celui qui « montrait le chemin à l'équipe et au club », dixit son ex-partenaire Sead Kolasinac, aurait pu être associé à Pierre-Emerick Aubameyang, d'après une indiscrétion sortie opportunément pendant que Longoria bravait la tempête. Le champion d'Europe 1993 Éric Di Meco s'interroge : « A-t-on envie, dans ce club, de vrais leaders ? De joueurs capables d'ouvrir leur bouche et de monter au créneau quand ça ne va pas ? » Le consultant de RMC Sport n'a toujours pas compris que l'OM ne fasse pas des pieds et des mains pour retenir le Chilien, et regrette tout autant Guendouzi et Kolasinac : « Quand on vide un vestiaire de ses personnalités, c'est qu'on ne veut pas de tauliers mais d'un groupe à l'écoute, qui ne dit rien. »

Le soir du naufrage à Brest (0-1, le 18 février), le placide Pau Lopez était sorti de ses gonds, jugeant que ses partenaires ne méritaient pas leur place. « Des anciens comme Dimitri Payet ou Steve Mandanda m'ont montré que porter le maillot de l'OM, ce n'est pas ça. » Et pourtant, le gardien espagnol est celui qui avait poussé « Il Fenomeno » sur le banc puis au départ. Lors du dernier mercato, alors que huit éléments participaient à la Coupe d'Afrique des nations, un sentiment de panique s'est emparé de l'état-major marseillais et a cristallisé autour de Jonathan Clauss, sommé publiquement de s'engager davantage et de se muer en leader. Cela se décrète-t-il ? Oui, d'après Longoria et son conseiller sportif, Mehdi Benatia, qui s'attachent plus aux émoluments et au statut d'international de l'ancien Lensois qu'à sa personnalité.

Nommé en février pour une mission commando de cent jours, Jean-Louis Gasset a vite cherché à combler ce vide - creusé, il est vrai, par la blessure longue durée du capitaine Valentin Rongier. Il a ciblé Aubameyang comme leader potentiel, a échangé avec ses proches pour trouver comment le mettre dans les meilleures dispositions. Buteur à huit reprises depuis l'arrivée du coach septuagénaire, le Gabonais vole sur le terrain, conseille ses partenaires, anime le vestiaire. Désormais, la communication du club partage volontiers les chants d'après-match lancés par l'ancien capitaine d'Arsenal, secondé par Amine Harit. Gasset espère également faire sortir de sa coquille Ismaïla Sarr, qu'il voit devenir « un très grand joueur ».

Contre Paris, le milieu de terrain Geoffrey Kondogbia pourrait reculer en défense aux côtés de Chancel Mbemba ou de Samuel Gigot, si le vice-capitaine est remis de ses pépins. Trois cadres de plus en plus écoutés. Mais à Marseille, ce statut n'est pas un gage de longévité...

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