Badminton : ce Danois qui mâche chinois

Sinophone et star en Asie, le numéro 1 mondial, Viktor Axelsen, dispute les Internationaux de France cette semaine. Une répétition générale des Jeux.
Viktor Axelsen durant l’Open de Malaisie, en janvier.
Viktor Axelsen durant l’Open de Malaisie, en janvier. (Crédits : © Wong Fok Loy / SOPA Images/Sipa USA)

Britannique, Indienne ou Chinoise, l'origine du badminton est incertaine. Peu importe pour Viktor Axelsen : le Danois de 30 ans, numéro 1 mondial, cherche depuis ses débuts à séduire l'empire du Milieu, d'où viennent les meilleurs spécialistes du volant. À chaque tournoi qu'il remporte, c'est-à-dire souvent, le géant remercie ses fans, en danois ou en anglais mais le plus souvent en mandarin. Une langue « assez fun » découverte il y a dix ans à la faveur de sa demi-douzaine de déplacements annuels en Asie. « Je m'y suis mis car je sais à quel point notre sport est important en Chine, racontait-il à Olympics.com. Et quand je commence une chose, je m'y consacre à 100 %. » Il a donc engagé un « très bon » professeur et travaillé une heure par jour pour apprendre l'alphabet et la prononciation. Un peu comme si Teddy Riner s'était mis au japonais pour interagir avec sa communauté de fans sur place.

Axelsen n'estime pas être devenu un meilleur joueur pour autant. En revanche, les échanges directs qu'il a eus avec ses concurrents lui ont permis d'en apprendre sur leur pratique et de s'assurer qu'il travaillait correctement.

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Sa médaille de bronze remportée à Rio en 2016 aux dépens de « Super » Lin Dan a confirmé qu'il était sur le bon chemin. Son interview d'après-match, dans un mandarin fluide, est devenue virale. Depuis, il y en a eu beaucoup d'autres, à mesure que ses victoires ont capté l'attention des médias et suiveurs du deuxième pays le plus peuplé au monde. En 2017, il a remporté son premier titre mondial, pris la tête du classement et vu sa popularité décoller. Après des mois de confinement à bachoter la langue, Axelsen a battu un autre Chinois, Chen Long, en finale des JO de Tokyo, devenant le deuxième champion olympique de badminton non asiatique.

Dragon et flore intestinale

Depuis qu'il a quitté Odense pour Copenhague à l'âge de 15 ans, Viktor Axelsen est poli par un entraîneur chinois, Zhang Lianying, qui parle les trois mêmes langues mais fournit « des explications plus précises » en mandarin à son élève, désormais installé à Dubaï (Émirats arabes unis), où il élève deux enfants et réduit la distance avec l'Asie. En décembre, l'empereur du badminton a battu son grand rival, le numéro 2 mondial, Shi Yu Qi, en finale à Hangzhou. Ce dernier a pris sa revanche un mois plus tard à l'Open de Malaisie - seulement sa troisième victoire en douze confrontations avec Axelsen. Ce dernier précise qu'il connaît assez de gros mots en trois langues pour râler les jours de défaite, certes rares. Une belle pourrait avoir lieu en finale des Internationaux de France, qui commencent mardi à l'Adidas Arena, la répétition générale du tournoi olympique, qui se déroulera sous le même toit.

Très actif en ligne, Viktor Axelsen a plus d'abonnés sur le réseau social chinois Weibo que sur Twitter, TikTok et YouTube réunis. Il a ajouté un sponsor japonais (Yonex) à sa demi-douzaine de partenaires européens et, avec son manager de père, guigne de nouvelles opportunités en Chine. Il y a d'ailleurs lancé, en 2021, une gamme de produits pour la protection de la flore intestinale, VA Health, avant de la décliner dans son pays natal. Une façon pour le « dragon calme et compétiteur », traduction de son surnom (An Sai Long), de soulager l'aigreur d'un pays qu'il continue de martyriser sur les terrains.

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