Handball : main basse sur l’Europe

L’équipe de France est à une heure d’une quatrième étoile continentale, dix ans après la dernière. La finale contre le Danemark a un goût de revanche. Et déjà de JO.
L'égalisation d'Elohim Prandi à la fin du temps réglementaire.
L'égalisation d'Elohim Prandi à la fin du temps réglementaire. (Crédits : IMAGO/Eibner-Pressefoto via Reuters)

L'argument était tout prêt pour consoler les handballeurs tricolores. Depuis leur première médaille d'or en 2008 à Pékin, la France a échoué à atteindre la finale de la compétition qui a précédé les Jeux olympiques. À l'Euro en 2008 (3e), en 2012 (11e) et en 2016 (5e), au championnat du monde en 2021 (4e). Mais les héritiers du sport collectif le plus titré - les filles ont remporté le Mondial en décembre - n'ont pas eu besoin d'être consolés. Sur l'ultime ballon d'une demi-finale mal embarquée contre la Suède, Elohim Prandi a contourné le haut mur jaune pour égaliser sur coup franc. Le genre d'action où l'on marque rarement. Le genre d'action qui marque.

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Revenus d'entre les morts (34-30 après prolongation), les Bleus se retrouvent en finale du championnat d'Europe pour la quatrième fois de leur histoire. Ils n'ont jamais perdu mais la dernière date de 2014. Contre le Danemark, déjà (17h45, TF1 et beIN Sports 1). Rabaisser cette compétition disputée au pays du handball, l'Allemagne et ses enceintes en fusion, au rang d'objectif secondaire à six mois des Jeux était, dans leurs discours, une façon de modérer l'attente. « J'avoue qu'on a très envie de gagner », reconnaît enfin le sélectionneur Guillaume Gille, double vainqueur en tant que joueur.

« L'or, c'est notre objectif depuis le début », ajoute Dylan Nahi, qui a éteint les Scandinaves en marquant les trois premiers buts de la prolongation. L'ailier de Kielce, 24 ans, est l'un des plus affamés. Parce qu'il n'a pas encore gagné sous le maillot bleu, mais aussi parce qu'il doit se battre pour une place aux Jeux. Il n'y aura que quatorze élus, six de moins qu'à l'Euro. À part Timothey N'Guessan, en retrait, tous les autres ont montré de bonnes choses. La sélection sera impitoyable.

Dans les moments difficiles, on voit ce que le groupe a au fond de lui

Le sélectionneur Guillaume Gille

Les joueurs le savent. Tous. Il faut avoir vu Nikola Karabatic au four et au moulin à bientôt 40 ans, comme quand il en avait dix de moins, pour constater l'envie d'en être, mais surtout le niveau requis pour ne pas rater le grand rendez-vous parisien - qui sera lillois, en ce qui les concerne. La légende vivante du hand tricolore apprécie « le mental de conquérant » de ses partenaires. Les titulaires présumés sont titillés par les remplaçants, qui ne se contentent pas de seconds rôles. Notamment sur les ailes, où Yanis Lenne et Dylan Nahi forment une relève culottée, et sur la base arrière, où Elohim Prandi et Melvyn Richardson poussent Nedim Remili et Dika Mem à l'excellence. « Dans les moments difficiles, on voit ce que le groupe a au fond de lui », apprécie Guillaume Gille, lui-même resté maître de ses émotions dans les instants les plus stressants de la demie.

Fabregas, futur capitaine?

À part l'accroc au premier tour contre la Suisse (26-26), un rappel à l'ordre utile, les tricolores ont fait le tournoi presque parfait (sept victoires, un nul). Ont-ils déjà autant dominé ? La réponse sans connaître le résultat final serait faussée. En revanche, on peut déjà affirmer que le secteur central est plus fort et complémentaire que jamais. À Luka Karabatic et Karl Konan la dissuasion défensive; à Nicolas Tournat la finition chirurgicale dans les moments chauds. Ludovic Fabregas, lui, fait tout, partout. Le Catalan de 27 ans est le meilleur joueur de l'Euro, le deuxième marqueur des Bleus (36 buts) et leur leader silencieux. Ainsi, souffle-t-on, que le futur capitaine, si Luka Karabatic décidait de prendre le large après les Jeux, en même temps que Nikola.

Dans la liste resserrée de juillet, cette densité sera un casse-tête. En janvier, c'est une bénédiction. Guillaume Gille va diriger cet après-midi sa troisième finale dans la peau du sélectionneur. Il a connu l'apothéose aux JO de Tokyo. La plus récente, au Mondial 2023, s'était moins bien finie contre les incontournables rivaux danois (29-34). Il y a de la revanche dans l'air.

En espérant que le débriefing final, dans quelques jours à la Maison du handball, sera moins amer qu'il y a un an, le staff ramènera deux bonnes nouvelles supplémentaires. Grâce à son parcours, la France est qualifiée directement pour les prochaines éditions du Mondial et de l'Euro. Les mois pourront donc être entièrement consacrés à la préparation de Paris 2024. Pour une cinquième finale olympique d'afilée? Ils connaissent la recette par cœur.

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