Paralympiques 2024 : aux petits soins des moignons

L’extrémité des membres amputés est particulièrement fragile : un sujet majeur pour les para-athlètes concernés. Il existe des astuces pour réduire l’inconfort.
Le para-triathlète Alexis Hanquinquant, aux Jeux de Tokyo en 2021.
Le para-triathlète Alexis Hanquinquant, aux Jeux de Tokyo en 2021. (Crédits : LTD / Xiong Qi/XINHUA/RÉA)

Lorsque deux sportifs amputés se croisent, leurs moignons s'invitent inévitablement dans la conversation. « Grâce à un médecin, j'ai appris que l'épilation au laser du moignon permet de soulager la douleur d'un poil incarné », a raconté le champion du monde de paratriathlon Alexis Hanquinquant à un copain de l'équipe de France de paraski. « Depuis, il revit, confie le Normand, qui a perdu sa jambe droite dans un accident du travail sur un chantier. Les amputés tibiaux manquent d'informations, alors nous partageons entre nous celles qui peuvent être utiles. »

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Le chirurgien qui l'a opéré l'avait prévenu qu'il devrait prendre soin de son moignon « comme de la prunelle de [ses] yeux ». Alexis Hanquinquant n'avait pas compris sur le moment. Jusqu'à ce qu'il se mette à courir régulièrement avec sa prothèse. « Il n'est pas naturel d'enfermer la peau dans du silicone et du carbone, témoigne-t-il des années plus tard. La peau a besoin de se régénérer. »

Variation de poids et transpiration

À défaut, l'effort sportif devient impossible. En 2023, le médaillé d'or à Tokyo a dû renoncer aux championnats de France à cause d'une phlyctène [ampoule] au moignon. Deux semaines de pansements ont été nécessaires. Un coureur victime d'une ampoule peut s'arranger pour décaler son appui ; un amputé tibial ne peut pas déplacer son moignon à l'intérieur de la prothèse. Il subit les impacts, l'impulsion et la force de la course à pied.

S'il n'est pas sujet aux blessures musculaires ou tendineuses, l'athlète de 38 ans prend le plus grand soin de l'aspect cutané. Il se souvient encore du premier marathon de New York couru après son accident. « Je n'appréhendais pas de boucler les 42 kilomètres, mais de voir comment la peau allait réagir. » Un prothésiste et un kiné accompagnent régulièrement les paratriathlètes tricolores sur les compétitions. Le moignon, « outil de travail » d'Alexis Hanquinquant, peut souffrir d'une légère variation de poids ou d'une transpiration abondante en cas de forte chaleur. Et encore, il fait partie des privilégiés : sa prothèse sur mesure réduit l'inconfort des frottements.

Les organisateurs de Paris 2024 n'ont pas pensé que les pavés inclus sur le tronçon à vélo du paratriathlon allaient engendrer des vibrations désagréables pour les sportifs amputés. « Lors du test event sur le parcours, en septembre 2023, j'ai ressenti des chocs mais ça n'a duré que vingt minutes », relativise Gwladys Lemoussu, médaillée de bronze aux Jeux paralympiques de Rio en 2016.

Née sans avant-bras gauche - une malformation appelée agénésie -, la Parisienne de 35 ans glisse son moignon dans une prothèse fixée sur le guidon de sa machine. Elle ressent le froid dans l'extrémité de son bras même quand les températures sont élevées, mais s'en accommode. La gêne est plus grande chez elle, à l'heure de cuisiner ses repas : couper des aliments a longtemps irrité son moignon. Jusqu'à ce qu'elle trouve, elle aussi, une astuce : enfiler un gant ou une chaussette en silicone.

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Commentaire 1
à écrit le 25/05/2024 à 12:54
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Faites gaffe à vos titres, quand même. Vous vous croyez dans Kaamelot ?

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