Judo : le silence de Riner est d'or

Communication minimaliste, calendrier fluctuant, stages au bout du monde : le champion a pris du champ. Il teste sa stratégie au Grand Slam de Paris.
À Belgrade (Serbie), le 9 décembre, lors de la Ligue des Champions.
À Belgrade (Serbie), le 9 décembre, lors de la Ligue des Champions. (Crédits : © OLIVER BUNIC/AFP)

Mathéo Akiana Mongo devait participer au 50e Grand Slam de Paris jusqu'à ce que Teddy Riner prenne sa place dans la catégorie des +100 kilos, une semaine après l'annonce de la sélection. Du premier, on ne sait encore rien. Du second, plus grand-chose. Depuis son onzième titre mondial en mai 2023 au Qatar (titre finalement partagé avec le Russe Inal Tasoev après une erreur d'arbitrage), il n'a plus combattu en individuel. Surtout, il a pris du champ et cumulé des miles. Rien que ces trois derniers mois, il a fait un petit tour du monde, du Japon au Kazakhstan en passant par le Brésil, qu'il considère désormais comme son « deuxième pays ». Le staff qui l'accompagne lui réserve des surprises pour casser sa routine. Ce n'est pas inhabituel.

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35 ans en avril

S'il a, paraît-il, passé un bon moment avec l'acteur Vincent Cassel à Rio, le sportif préféré des Français a surtout combattu des spécialistes du jiu-jitsu, un art martial très pratiqué au Brésil, pour progresser au sol. Au même moment, une partie de l'équipe de France était en stage à la Réunion. Le grand frère des judokas, qui aura 35 ans en avril, devrait s'entraîner avec eux la semaine prochaine, dans le giron fédéral à Paris. Certains dirigeants seront ravis de l'avoir sous la main, ce qui n'est plus si évident.

En aparté, parce qu'il faut toujours ménager la tête de gondole, on s'interroge: pourquoi Riner est-il devenu moins accessible ? Il y a quelques mois, il a écarté une partie de son entourage, chargée de sa communication depuis son premier titre mondial (2007). Pas une mince affaire avec son agenda de ministre. Est-il entré dans une bulle étanche pour mieux atteindre son Graal, une troisième médaille d'or individuelle aux Jeux olympiques, devant son public ? Cela lui permettrait d'égaler le Japonais Tadahiro Nomura, qu'il vénère, et c'est sans doute une partie de la réponse.

Historiquement, quand Riner s'est fait discret, c'était souvent lié à sa condition physique, plus précaire qu'il voulait bien l'admettre, ou à une blessure qu'il espérait cacher à ses adversaires. De petites entourloupes qu'il a reconnues a posteriori. Cette fois encore, l'encadrement tricolore lui trouve « de bonnes sensations », sans quoi il n'aurait pas ajouté le Grand Slam de Paris à son calendrier. Au-delà des mots, rassurants, difficile de savoir où en est vraiment le Guadeloupéen. En décembre à Belgrade pour la Ligue des champions avec son club, le PSG, il avait remporté ses trois combats mais manqué de « rythme » et de « repères ». Un mois plus tard, à Rio, son préparateur physique estimait qu'il était à 70 % de ses capacités.

Treizième mondial

La suite de la saison dépendra de sa performance à l'Accor Arena, où une huitième victoire dans le tournoi constituerait un record. Plusieurs options sont envisagées. Cette répétition générale peut aussi bien être sa dernière apparition avant les Jeux que la première compétition d'une série de trois ou quatre. Treizième au classement mondial des lourds, Riner doit marquer des points s'il espère entrer dans les huit premiers ; il serait alors tête de série aux JO, promesse d'une journée un peu moins chargée. Son calendrier fluctue, pas sa ligne directrice : « Arriver au mois d'août avec [son] meilleur judo pour gagner l'or. » De cela, au moins, il ne fait pas mystère.

Clarisse Agbégnénou s'impose

De retour. La championne olympique, catégorie -63 kilos, Clarisse Agbégnénou a remporté le Grand Slam de Paris pour la septième fois en battant en finale la Croate Katarina Kristo. Auréolée d'un sixième titre mondial depuis son retour de maternité, la judokate de 31 ans restait sur deux déceptions : le bronze au Masters de Budapest et une élimination prématurée aux championnats d'Europe.

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