Il ne s'ennuie jamais. C'est du moins ce que Jean Castex affirme lorsqu'il est interrogé sur son poste de président-directeur général à la RATP. Nommé en octobre 2022 par le président Emmanuel Macron, à la suite de la démission surprise de Catherine Guillouard, l'ancien Premier ministre a aussitôt été mis à l'épreuve sur la bonne réussite des Jeux olympiques.
Dès janvier 2023, il est convoqué au conseil régional d'Île-de-France pour un conseil d'administration extraordinaire d'Île-de-France Mobilités présidée par Valérie Pécresse. Devant la presse et les autres opérateurs de transport, Jean Castex a dû admettre que « la qualité de service s'est dégradée ».
« Nous avons des tensions qui touchent à des degrés variables tous les métiers », s'est alors justifié l'ex-locataire de Matignon.
Face aux difficultés à pourvoir des postes en maintenance et en sûreté, au boom des démissions - 1.000 en 2022, contre 400 en 2019 - et à un mouvement social « latent » dans certains services, le PDG de la Régie communique alors sur un « plan massif » de recrutement de 4.500 travailleurs en 2023, ainsi que la création de centres de formation et d'apprentissage (CFA) internes pour les métiers de la maintenance et de la sûreté.
A 177 jours des Jeux olympiques, la pression monte
Aujourd'hui, la RATP affirme avoir embauché près de 6.600 personnes en 2023 - 4.900 CDI, 1.000 alternants et 700 contrats d'insertion. « Le recrutement est le principal levier pour être prêt pour les JOP. Nous devons avoir des personnels formés, en quantité et en qualité », déclare à La Tribune la DRH du groupe, Marie Cosson.
D'autant qu'en parallèle, la pression monte sur les épaules de Jean Castex à 177 jours de l'ouverture de la compétition sportive. « Le rétablissement de la qualité de service promis pour 2023 se fait toujours attendre », a attaqué Valérie Pécresse, mi-janvier, lors des vœux d'Île-de-France Mobilités.
« Nous avons fermement l'intention de continuer à nous améliorer progressivement en 2024, d'ici fin mars, d'ici les Jeux », lui a répondu le lendemain l'ancien Premier ministre.
« On a, sans doute durablement, changé de monde, et c'est toute notre politique RH [...] qui se trouve questionnée », a poursuivi Jean Castex. Aussi la RATP a-t-elle fait savoir, la semaine suivante, qu'elle recruterait 5.300 personnes en 2024, parmi lesquels 900 agents de gare et station, 120 agents de sûreté GPSR, 120 conducteurs de métro - ainsi que 180 en interne -, 1.350 chauffeurs de bus et 350 opérateurs de maintenance.
Et ce, sachant qu'il faut six semaines pour former un agent de gare et station, quinze semaines pour un agent de sûreté, six mois pour un conducteur de métro et jusqu'à douze mois pour un chauffeur de bus.
Castex pas « impressionné » par le préavis de grève de la CGT
Le même jour, lors de ses vœux à l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (Insep), le président Macron en a remis une couche. Il a rappelé que « nous avons besoin d'avoir 15% d'offre supplémentaire pendant les Jeux sur un réseau qui, habituellement durant l'été, est réduit de 20%. C'est le défi qui est le nôtre, [mais] c'est à notre portée », a ajouté le chef de l'Etat.
Message reçu cinq sur cinq par les équipes de Jean Castex. Des réunions se tiennent tous les quinze jours pour prévoir des gratifications spéciales par catégorie. « Chaque entité métier sollicite des contreparties et aura une reconnaissance financière pour valoriser l'organisation du travail », affirme la DRH de la RATP, Marie Cosson. En parallèle, les négociations annuelles obligatoires (NAO) sur les salaires doivent s'achever d'ici à la fin de la semaine prochaine.
Sauf qu'à date, les discussions n'ont pas abouti. La CGT, premier syndicat de l'opérateur, a donc déposé un préavis de grève courant du 5 février au 9 septembre, considérant que la direction « ne mesure toujours pas la perception qu'ont les agents de ce dédain à leur égard ».
« Quand on dépose un préavis de grève, c'est pour faire pression, mais il ne faut pas se laisser impressionner par la durée de ce préavis. Les négociations vont se faire », a balayé Jean Castex dans la foulée.
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