Si le stade Brestois n'avait pas subi, d'après lui, quatre décisions arbitrales injustes, on n'aurait peut-être pas entendu de la saison la voix de Denis Le Saint, le plus discret des présidents de Ligue 1. Mais trop, c'est trop. D'une missive sommaire adressée à la Ligue (LFP), le dirigeant finistérien, 59 ans, a réclamé rien de moins que l'abandon de la VAR. Sa requête a été étudiée en milieu de semaine par le conseil d'administration de la LFP. Pour la forme. Paris, il ne devrait même pas s'y rendre ce soir pour le déplacement au Parc des Princes de son équipe, improbable troisième avant la 19e journée. « Denis parle peu, mais quand il a quelque chose à dire, on l'écoute », assure Gérard Le Saint, de près de trois ans son aîné, qui copréside le club. Lui apprécie davantage les sollicitations et s'étonne de n'avoir pas été interviewé depuis septembre.

Leur passion les unit. L'un, libéro « à l'ancienne » jusqu'à la quarantaine, et l'autre, stoppeur ou milieu défensif, sont entrés dans le foot professionnel en 1997, en acceptant de payer les survêtements d'une équipe brestoise exsangue. Leur engagement a grandi en même temps que leur entreprise, le réseau Le Saint, distributeur de produits frais, d'hygiène et d'arts de la table, 92,5 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022. « Denis est à 75 % dans les affaires et à 25 % dans le sport », évalue Gérard Le Saint, qui se dit, lui, à « 50-50 ».

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Le hand oui, le hockey non

Car l'aîné a mis la main sur l'équipe féminine de handball de la ville, de manière tout aussi fortuite. Il allait parfois aux matchs d'Arvor 29, champion de France en 2012, avant un dépôt de bilan. Les frères ont accepté de reprendre la structure, rassemblée avec le football dans un holding. « Mais je ne connais pas encore toutes les règles », s'amuse celui qui préside le deuxième club féminin du pays, derrière Metz. D'autres sports ont tenté d'entrer dans le giron des Le Saint, comme le hockey. Leur projet, c'est surtout le nouveau stade de 15 000 places, prévu à l'horizon 2027.

Très occupés, les propriétaires bénévoles zappent les déplacements mais assistent à tous les matchs dans l'iconique mais vétuste Francis-Le Blé. Sauf exception. Mijanvier, Gérard Le Saint a raté la victoire contre Montpellier car ses filles jouaient une heure plus tard en Ligue des champions. Imagine-t-il la grande Coupe d'Europe s'ajouter au calendrier des hommes d'Éric Roy ? « Ça nous fait rigoler. » À mi-saison, la perspective n'est plus farfelue.De leur présidence bicéphale, ils disent : « À deux, on a trois fois moins de chances de se tromper. » Et puis, ils sont « souvent » d'accord. Le week-end dernier contre Trélissac en Coupe de France, le directeur sportif Grégory Lorenzi n'a pas pu joindre le président pour s'assurer qu'il devait laisser sa part de recette.

Gérard Le Saint a pris sur lui d'être généreux. Décision validée a posteriori par le patron. Le coprésident a tiré un enseignement de la phase aller : « Une belle saison, c'est beaucoup de cohésion et le savoir-faire d'un entraîneur normal. » Il s'efforce donc de trouver le pendant d'Éric Roy pour coacher ses handballeuses à partir de 2024-2025. Avant ça, il entend « profiter le plus longtemps possible » de la grande forme des footballeurs, car il sait bien que « ça ne va pas durer ». On n'en jurerait pas.