« Non, je ne me tape pas les tibias contre les poteaux » (Cyril Benzaquen, kick-boxeur)

ENTRETIEN - Avant le combat pour le titre unifié jeudi à Paris, le champion du monde Cyril Benzaquen brise les clichés collant à son sport.
Solen Cherrier
Cyril Benzaquen, kick-boxeur.
Cyril Benzaquen, kick-boxeur. (Crédits : © Jerome Domine/ABACA)

Huit titres de champion du monde de kickboxing ou de boxe thaï et un master 2 entrepreneuriat à Paris- Dauphine. Vingt ans de combats et un détour par le mannequinat. Des cours sur un ring posé dans les salons luxueux de l'hôtel de Crillon. Trois semaines d'entraînement dans les quartiers nord de Marseille pour préparer le championnat du monde unifié (WKN-ISKA) qu'il disputera jeudi au Grand Palais éphémère. Cyril Benzaquen, 34 ans, aime défier les clichés. Il était l'interlocuteur parfait pour briser ou confirmer ceux liés à son sport.

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L'idée reçue qui l'agace. Le syndrome Kickboxer. Du style : « Est-ce que tu te frottes les tibias avec des bouteilles en verre ? Est-ce que tu te les tapes contre les poteaux ? » Non ! On est des êtres humains. On s'habitue aux chocs, bien sûr, mais on a mal quand on tape avec le tibia sans protection lors des premiers combats.

Jean-Claude Van Damme est l'acteur préféré des kickboxeurs. Peut-être pas le préféré de tous, mais beaucoup lui sont reconnaissants d'avoir mis en lumière ce sport en faisant un blockbuster. Pour moi, Kickboxer est un film culte. Pour bien comprendre le kickboxing, il y a aussi le biopic sur Dida, Chok-Dee, avec Bernard Giraudeau.

Il faut maîtriser le grand écart, comme sur l'affiche de Full Contact. Pas du tout. Mais c'est bien d'être un peu souple. Je ne le suis pas, et je ne mets pas beaucoup de high kicks. Il y a une nuance entre la souplesse passive - savoir bien écarter les jambes - et la souplesse technique - savoir mettre un coup de pied. Ça, c'est de l'ordre articulaire et c'est davantage à la portée de tout le monde. Quand on commence à être rouillé avec l'âge, il est quand même plus facile de travailler avec les mains qu'avec les jambes.

La Thaïlande est le pays du kickboxing. Historiquement non, ça vient du Japon, et aujourd'hui c'est très développé aux Pays-Bas. Mais c'est quand même la Mecque de ce sport. Dans sa quête sportive, il est parfois important d'aller à la source. Moi, j'ai fait douze séjours en Thaïlande. Aujourd'hui, ça me correspond moins, car ce sont des entraînements très longs, à l'ancienne. Là, j'ai préféré aller m'entraîner dans les quartiers nord de Marseille pour puiser dans mes retranchements face à des adversaires qui étaient là pour me casser la gueule, sans retenue.

Les kickboxeurs viennent de cités. Ce n'est pas une règle générale, j'en suis la preuve et j'ai vu d'autres exemples à l'étranger. Mais c'est vrai que beaucoup de combattants viennent de zones sensibles, car c'est un sport dur qui y est très pratiqué.

Jérôme Le Banner est le plus grand kickboxeur français. Bien sûr. C'est un monument de ce sport, et même des sports de combat. Je regardais ses cassettes quand j'étais jeune, il m'a profondément marqué.

Pas besoin d'avoir le « six-pack ». Il faut de la motivation

Il faut être musclé pour pratiquer. Non, il faut pratiquer pour être taillé. Pour appréhender ce sport, tu n'as pas besoin d'avoir le « six-pack » et une condition physique de fou. Il faut de la motivation, de la patience et beaucoup de sagesse. Quand tu commences à progresser, tu entres en introspection. Tu apprends sur toi dans l'adversité, car tes comportements sur le ring sont ceux que tu aurais eus en dehors.

C'est un sport dangereux. On se blesse beaucoup moins que dans d'autres sports. Lorsque j'étais suivi à l'Insep pour les soins, je voyais plus de blessures en athlétisme ou en basket. Quand tu maîtrises, il y a peu de coups inattendus ou d'éléments extérieurs. On ne se fait pas percuter par quelqu'un alors qu'on est concentré sur une action. Mais on peut se faire mal, oui. Moi, je me suis cassé les mains, par exemple.

Au MMA, un kickboxeur ne fait pas le poids. Exact. Il suffit qu'on m'attrape et je ne vais pas aller loin. Debout, en revanche, c'est plus compliqué. Je m'entraîne énormément avec des athlètes de MMA, mais je n'ai jamais pratiqué.

Solen Cherrier

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