Paris 2024 : les derniers défis de la flamme

Le parcours du relais est calé, enrichi de trouvailles telles que des animations de BMX et de breakdance au château de Chambord.
La torche 2024
La torche 2024 (Crédits : © MARTIN ALEX/PRESSE SPORTS)

À force de polémiques et d'enquêtes, on oublierait presque que tout ne va pas mal. Dans les coulisses de Paris 2024, des petites mains mènent à bien leurs grands desseins. La gestion du relais de la flamme olympique en est un, avec ses 10 000 porteurs, ses 12 000 kilomètres parcourus en métropole et outre-mer, ses 450 villes et 100 sites emblématiques visités. Et même un chiffre trop étourdissant pour être calculé : « On n'a pas compté combien de personnes auront été mobilisées au total, c'est trop compliqué, s'amuse Grégory Murac, le directeur du Relais de la flamme. Mais, entre le personnel des préfectures, des ministères, des collectivités, les bénévoles, les fédérations sportives ou les associations animant le trajet, il y a sûrement des dizaines de milliers de Français impliqués. »

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Lesquels ont permis de toucher au but. « Ce n'est pas officiel, mais je peux dire que les parcours sont validés à 95 % avec les préfectures, poursuit Grégory Murac. Les 5 % restants ne relèvent que d'ajustements. » Tels que ceux récemment effectués à Bordeaux, où c'est un convoi limité aux porteurs de la torche et à leur sécurité qui traversera le jardin public. Les collectivités ont joué un rôle majeur dans la tenue de ce calendrier. Elles ont participé à l'élaboration des parcours, mobilisé leurs effectifs pour préparer la gestion du passage de la flamme, anticipant une foule d'opérations logistiques, comme la pose de blocs de béton et de barrières.

Recours à des ingénieurs japonais

Cette organisation titanesque prendra corps aux yeux du public le 8 mai, jour de l'arrivée de la flamme à Marseille après quinze jours de traversée sur le trois-mâts Belem, depuis le Pirée (Grèce). Deux convois d'une centaine de membres au total avanceront dès lors en alternance pour conduire les porteurs et leur flamme jusqu'à la cérémonie d'ouverture, le 26 juillet à Paris. Surveillés par une centaine de policiers formant une « bulle itinérante de sécurité », ils vont parcourir des tronçons discontinus, traversant un département chaque jour, entre 8 h 30 et 19 h 30.

Pareille mission n'est pas menée à bien sans soubresauts, comme en témoigne le refus de certaines collectivités de verser les 180 000 euros demandés par le comité d'organisation. « Avec mon équipe de 70 personnes, il y a des moments difficiles et des moments de joie, admet Grégory Murac. On ressent beaucoup de pression et beaucoup de plaisir. » Cette semaine est plutôt à classer dans la seconde catégorie. Une idée originale a pris forme : celle de voir les jardins du château de Chambord animés par une démonstration de BMX et de breakdance. « On cherchait quelque chose de décalé, un peu comme la démonstration des escrimeurs avec des sabres laser qui aura lieu dans la grotte de Lascaux, indique Grégory Murac. Le directeur du site de Chambord s'est pris au jeu et a dit oui. »

Ces jours-ci, c'est un autre thème qui a été au cœur d'une réunion à Vire (Calvados), dans l'usine qui fabrique les torches. « La gestion de la flamme en elle-même est d'une complexité sans nom, reprend-il. Des ingénieurs japonais, ceux qui ont géré celle des Jeux de Tokyo 2020, ont dû venir pour réaliser des ajustements. Il n'est pas facile d'assurer la sécurité tout en conservant la beauté de la flamme. » Paris 2024 ne doit surtout pas se brûler les doigts.

Rio, Tokyo, Paris et les affaires

La révélation de l'enquête diligentée par le parquet national financier (PNF) sur les conditions de rémunération de Tony Estanguet (270 000 euros annuels) a électrisé Paris 2024, déjà embarrassé par d'autres procédures pénales. Outre son patron, trois autres hauts dirigeants du comité d'organisation (Cojop) sont soupçonnés par le PNF de « favoritisme » et de « prise illégale d'intérêts ». « Ça alimente les discussions, mais on ne sent pas une atmosphère lourde, dépeint un salarié.

C'est comme si nos dirigeants avaient intégré que ces enquêtes étaient inhérentes à leurs jobs, qui ont une dimension publique. »

Les précédentes éditions ont offert un panorama noir en matière de scandales. Au printemps dernier, trois hommes d'affaires japonais ont été condamnés à des peines de prison avec sursis pour avoir versé des pots-de-vin à un membre du comité d'organisation des Jeux de Tokyo, afin que leur entreprise devienne partenaire officiel. Le Tony Estanguet des JO 2021, Yoshiro Mori, avait par ailleurs dû démissionner cinq mois avant l'événement pour des propos sexistes. Dans un autre registre, l'attribution des Jeux 2016 à Rio avait été entachée par des achats de votes de membres du CIO. L'ancien président du Comité olympique brésilien Carlos Arthur Nuzman a été condamné à trente ans et onze mois de prison.

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