Tennis de table : pourquoi Félix Lebrun tient sa raquette à l’envers

Seuls deux joueurs du top 50 utilisent encore la prise porte-plume. Dont le jeune Montpelliérain, meilleur pongiste européen et vraie chance de médaille aux JO.
Au championnat de France Pro A, à Montpellier, le 2 février.
Au championnat de France Pro A, à Montpellier, le 2 février. (Crédits : © MARTIN ALEX/PRESSE SPORTS)

« C'est qui le petit blond à lunettes avec une prise porte-plume ? » Une question fréquemment entendue lors des premiers mois de Félix Lebrun sur le circuit international. Aujourd'hui, la singularité du meilleur pongiste français et 6e mondial ne surprend plus grand monde. Il tient le manche de sa raquette vers le haut, entre le pouce et l'index, le majeur en appui. Pour ceux qui n'ont jamais approché d'une table, son entraîneur Nathanaël Molin a une image toute prête : « Quand on attrape un stylo avec trois doigts, on a plus de précision. Mais si l'on serre un marteau de la même façon, on a moins de puissance. » Comprendre que la prise ne fait pas le pongiste.

D'ailleurs, chez les jeunes pratiquants, le choix ne se fait pas sur des critères techniques. Le cadet des Lebrun a eu le déclic à 4 ans, en observant Chen Jian, un Chinois installé dans le sud de la France. « C'était cool et ça m'a donné envie de faire comme lui », a-t-il raconté. Le vice-champion de France trouve que la liberté du poignet permet « plus de variété dans le jeu ». Son frère Alexis, 20 ans et 22e mondial, a essayé, avant d'adopter une prise orthodoxe. L'origine de cette prise à l'envers, revendiquée par des Asiatiques et des Britanniques, est mal connue. En revanche, ses avantages et ses inconvénients sont répertoriés. La remise de service est simplifiée, le smash sur balle haute compliqué.

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Alterner les deux prises ? Du jamais-vu, de mémoire d'entraîneur national. Mais cela pourrait arriver. En attendant, les résultats de Félix Lebrun, 17 ans, qui guidera la France aux championnats du monde par équipes à partir de cette semaine à Busan (Corée du Sud), ont brisé une sorte de tabou.

Nombre de maîtres chinois ont eu du succès avec la prise porte-plume : Ma Lin, considéré comme l'un des meilleurs, a décroché l'or olympique à Pékin en 2008 ; Xu Xin a été champion du monde à quatre reprises. Mais, il y a quelques années, l'entraîneur de ce dernier avait pronostiqué la mort de la prise porte-plume s'il n'arrivait pas à développer sa technique. De fait, sur les cinq joueurs qui devancent Félix Lebrun au classement mondial, tous chinois, aucun ne tient le manche vers le haut. Le monde à l'envers.

Tout le monde disait qu'il n'était pas chinois [...] et qu'il finirait par y avoir un frein

Nathanaël Molin, son entraîneur

Dans le top 50, un seul autre joueur utilise cette technique : l'Allemand Dang Qiu, 11e mondial et champion d'Europe en 2022. La plupart des pongistes européens qui jouent avec cette prise particulière sont issus de familles asiatiques, comme la Luxembourgeoise Ni Xia Lian, toujours en haut de classement à 60 ans.

Grâce à son élève, ou à cause de lui, Nathanaël Molin s'attend à un « effet de mode ». Surtout si, cet été lors des Jeux de Paris 2024, le Montpelliérain rapportait au tennis de table tricolore une première médaille olympique en simple depuis l'argent de Jean-Philippe Gatien à Barcelone (1992).

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