Tennis : Gasquet, une vie à Paris

À l’heure de disputer son 21e Roland-Garros, et ainsi d’égaler le record de participations, le Français ouvre la boîte à souvenirs porte d’Auteuil. Photos à l’appui.
Sur le plateau de l’émission « Vivement Dimanche » le 23 mai 2002, juste avant son premier Roland-Garros.
Sur le plateau de l’émission « Vivement Dimanche » le 23 mai 2002, juste avant son premier Roland-Garros. (Crédits : © LTD / Jean-Jacques Datchary/ABACA)

En prenant la suite sur le court Simonne-Mathieu mardi, Coco Gauff a ouvert grand les yeux devant la raquette de Richard Gasquet, modèle unique avec protubérance à la base du manche. Le coach de l'Américaine, Brad Gilbert, a enchaîné sur la prise préférentielle de ce joueur pas comme les autres, agrippé au circuit et aux fulgurances qui lui restent. La 3e mondiale n'était pas née quand le Biterrois, alors adolescent, a fait son entrée dans le grand tableau de Roland-Garros en 2002. Depuis, seules deux éditions se sont ouvertes sans lui : 2008, pour laquelle il était blessé, et 2009, lors du fameux épisode cocaïne. Cette année-là, il avait même interdiction de pénétrer dans l'enceinte. « D'autant plus ridicule, dit-il a posteriori, que je n'avais aucune envie de venir voir les matchs. »

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Dans le rétro s'affichent donc 20 participations. Autrement dit, son premier tour face au Croate Borna Coric aujourd'hui lui permettra d'égaler le record de Feliciano Lopez. À ceci près qu'il a gagné à Paris 17 matchs de plus que le retraité espagnol. Sa dernière danse, il l'espère pour l'édition 2025 mais sait l'horizon flou : « J'aurai 39 ans, ça fait beaucoup. »        À l'heure de mettre pied à terre, il a surtout conscience que LE grand Roland-Garros manque à l'appel, lui qui a vécu au loin trois demi-finales de Grand Chelem (Wimbledon 2007 et 2015, US Open 2013) en 72 participations. « Ici, j'ai été sorti deux fois par Djokovic, trois fois par Nadal et Murray. C'était mon plafond. Bon, j'ai perdu en faisant quelques merdes aussi. » On a préféré ne pas s'y attarder quand on a demandé à l'ex-numéro 7 mondial, désormais 124e, de poser son regard sur quelques photos, comme autant de tranches de vie parisienne. Ici, c'est Richie.

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Sur le plateau de l'émission « Vivement Dimanche » le 23 mai 2002, juste avant son premier Roland-Garros. © LTD / JEAN-JACQUES DATCHARY/ABACA

1 « Pete, Drucker, Dujardin et le vainqueur »

2002, première apparition dans le tournoi

Mon tout premier Grand Chelem. Le seul tableau au monde où mon nom figure avec celui de Pete Sampras. Vraiment un autre temps. Le temps de l'insouciance aussi. J'ai tellement regardé le tournoi à la télé, il y a une excitation de fou. La télé, j'y passe juste avant, invité dans Vivement Dimanche par Michel Drucker. Je sortais d'une première victoire sur le circuit, à Monte-Carlo, mais je n'avais même pas 16 ans, j'étais timide. Se retrouver sur ce plateau, où il y avait aussi Jean Dujardin, c'était dur. Je joue Albert Costa [alors 22e mondial], directement sur le Suzanne-Lenglen. Je commence très bien, lui est crispé, je prends le premier set. Fabuleux. Mais derrière, c'est lui qui gagnera le tournoi. Je finis la quinzaine avec le titre juniors. Sympa mais anecdotique aujourd'hui dans mon esprit. Je ne garde même aucun souvenir des matchs.

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© LTD / CORINNE DUBREUIL/ABACA

2 « Une belle parenthèse avec Tatiana »

2004, titre en double mixte avec Golovin

C'est une période où j'étais mal d'un point de vue tennistique. Et ça a été une belle parenthèse, même si ça n'a pas compté plus que ça : le lendemain, j'avais toujours mes problèmes, je ne jouais pas bien. Mais faire équipe avec Tatiana, hyper forte, était très agréable. Je ne sais plus trop comment est née l'idée de cette association et je me demande encore comment on a pu gagner avec mon niveau du moment. Pour autant, il n'y a pas eu de suite. À Roland, j'ai très peu joué en double [quatre apparitions chez les messieurs, aucune victoire]. Quand tu es dans le top 20, tu joues le simple avec des ambitions et ça devient compliqué de te taper un double pour ton jour de repos. Cette année, je suis inscrit avec Hugo Gaston. C'est davantage un petit plaisir de fin de carrière.

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© LTD / THOMAS COEX/AFP

3 « Il y a une forme de soulagement »

2011, 8 e de finale face à Novak Djokovic

Je suis en forme, récent demi-finaliste à Rome. C'est mon premier huitième à Roland,        alors que j'ai déjà atteint huit fois la seconde semaine en Grand Chelem. Il y a une forme de soulagement parce que, mine de rien, à 25 ans, j'en suis déjà à ma huitième participation. Mais sur le match, rien à dire, Djokovic est au-dessus. Il n'a pas perdu un match de l'année et il a réponse à tout. Je n'aurai pas plus de regrets l'année suivante contre Andy Murray, au même stade.

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© LTD / MIKE FREY/BPI/ICON SPORT

4 « Épique ! »

2013, 8 e de finale face à Stan Wawrinka

Sans doute la partie la plus intense que j'ai disputée ici. Match épique, 4 h 15, public incroyable. Je mène deux sets à zéro, mais les échanges sont très serrés. Au cinquième,    j'ai beaucoup de balles de break, je pense avoir le match en main mais il m'échappe. Deux ans après, en retrouvant Stan à Wimbledon [en quart], j'y ai repensé. Je n'avais pas envie de faire deux fois le même match. Et au lieu de perdre 8-6 au cinquième, j'ai gagné 11-9. Donc ça m'a servi.

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Avec Jo-Wilfried Tsonga, en Coupe Davis, en 2014. © LTD / NICOLAS LUTTIAU/PRESSESPORTS

5 « Au-dessus de tout »

2014, demi-finale de Coupe Davis contre la Tchéquie

Ah, ça, c'est beau ! Aucune anicroche, du soleil, le Central plein dès 10 h 30. Week-end idéal. Je bats Berdych en trois sets le vendredi et on conclut le lendemain avec « Jo » Tsonga en double [3-0]. Avec lui, ça marchait vraiment bien. Déjà parce qu'on se connaît depuis toujours et qu'on a une grande confiance l'un envers l'autre. Et puis il y avait de la complémentarité. Il servait fort, frappait, moi je pouvais conclure au filet, et puis je jouais un peu plus dans les pieds. Ensemble, on est invaincus en Coupe Davis [trois victoires]. Cette épreuve, c'était au-dessus de tout. Même en demie de Grand Chelem, je n'ai pas ressenti la même adrénaline.

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© LTD / YOAN VALAT/EPA/MAXPPP

6 « Je dois mener deux sets à zéro »

2016, quart de finale face à Andy Murray

La première, et dernière fois, que je me retrouve à ce niveau à Paris. Je viens notamment de battre Kyrgios et Nishikori. C'est un gros combat physique : on met quasiment deux heures et demie pour boucler les deux premiers sets. Temps froid, court lent, grosses balles. Aucun point gratuit, il faut quinze coups pour que je gagne un échange. Mais je dois mener deux sets à zéro. Dès lors, ça aurait été un autre match. Même si, c'est vrai, le score sur la fin est sec [5-7, 7-6, 6-0, 6-2].

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© LTD / PIERRE LAHALLE/PRESSESPORTS

7 « Quelque chose qui nous lie »

2021, 2 e tour face à Rafael Nadal

L'édition Covid. Quand je vois que je tombe sur lui dès le deuxième tour, ça me fait un peu chier vu que je reste sur quelques bons résultats. Il était au-dessus, mais ça reste un moment sympa. Bon, quand je prends 6-0 dans le premier, je ne suis pas bien, je me fais dessus. Mais il y a eu quelque chose de pas mal ensuite. [Nadal était venu le voir plus tard à l'hôtel pour lui dire qu'il avait trouvé le match très bon.] Se retrouver tous les deux en night session, sans personne dans le stade, c'était assez incroyable, avec un bruit très particulier. Sachant notre longue histoire - les Petits As, la comparaison chez les jeunes -, il y avait une part de symbole.

Entre le moment où tu le joues en 2005, après l'avoir accroché au tournoi de Monte-Carlo,    et là 2021, tu sens bien que l'ère a changé. Tu n'entres pas sur le terrain avec le même état d'esprit. Mais ce qui ne change pas avec Nadal, c'est la problématique tactique. Cette diagonale revers, point fort de mon jeu, qui tombe sur son coup droit de gaucher. C'est le seul membre du Big Four que je n'ai jamais battu et la raison majeure se situe là, je pense. Mais dans ce groupe, c'est avec lui que j'ai la meilleure connexion en dehors du court. Il y a quand même quelque chose qui nous lie.

Quand le tennis crève l'écran

Présenté en séance spéciale à Cannes, le documentaire Nasty, qui brosse un portrait du truculent joueur roumain Ilie Nastase, reflète la tendance du moment : le tennis et l'écran font bon ménage. Le 20 juin sur Amazon Prime, ce sera au tour de Roger Federer d'être au cœur d'un docu focalisé sur les douze derniers jours de la carrière de la légende suisse, de l'annonce de sa retraite à son ultime match à la Laver Cup 2022. Netflix, qui suit déjà les coulisses des circuits ATP et WTA avec sa série Break Point, prépare un programme autour de la nouvelle tête d'affiche qu'est Carlos Alcaraz.

Mais il n'y a pas que des documentaires. Sorti fin avril, Challengers, avec Zendaya, met en scène un triangle amoureux dans le monde du tennis (actuellement 5e au box-office américain 2024). Dans un genre différent mais toujours sur le thème des relations sur le court et en dehors, Perfect Match doit être présenté fin juin sur Amazon Prime. Le film revient sur l'idylle entre Steffi Graf, interprétée par Lena Klenke, et Andre Agassi, joué par Toby Sebastian.

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