William Troost-Ekong, le footballeur le plus vert de la planète

Le capitaine du Nigeria compense ses émissions de CO2 et joue avec des chaussures recyclables. Il peut être champion d’Afrique ce soir.
Solen Cherrier
William Troost-Ekong, le 26 janvier à Abidjan (Côte d’Ivoire).
William Troost-Ekong, le 26 janvier à Abidjan (Côte d’Ivoire). (Crédits : © FRANCK FIFE/AFP)

William Troost-Ekong a au moins profité de la Coupe d'Afrique des nations (CAN) pour prouver qu'il n'était pas qu'un grand défenseur de la cause environnementale mais un bon défenseur tout court. Alors que le Nigeria impressionne par sa force de frappe offensive, c'est surtout la solidité de son arrière-garde qui lui a permis de se hisser en finale, disputée ce soir à Abidjan contre les miraculés ivoiriens (21 h, W9 et beIN). Jusqu'ici, le capitaine des Super Eagles, 70 sélections, une médaille de bronze aux Jeux olympiques 2016 et un parcours de globe-trotter sur son CV, avait surtout fait parler de lui pour son engagement dans un domaine où la conscience du monde sportif pousse au ras des pâquerettes : l'écologie.

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Il y a un an, William Troost-Ekong a planifié son prêt de Watford (deuxième division anglaise) à la Salernitana (Italie) de telle sorte qu'il devienne le premier transfert international neutre en carbone. Avec un organisme spécialisé en compensation, il a calculé les émissions de CO2 engendrées par son vol (régulier) de Londres à Naples, son taxi pour l'aéroport, le voyage en train de son agent, celui de sa famille... Bilan : un peu moins de 1 tonne, compensée en plantant des oliviers sur des terres agricoles de Campanie. L'été dernier, lors de son transfert au PAOK Salonique (Grèce), il a renouvelé l'opération : 1,224 tonne, arrondie à 1,5, qu'il équilibre en finançant environ 1 000 euros de projets locaux.

William Troost-Ekong évite de se poser en donneur de leçon. Il sait bien que compenser son empreinte carbone n'est pas donné à tout le monde, que les grandes stars du ballon voyagent aussi en jet privé pour des raisons de sécurité, et il mesure avec humilité la portée symbolique de sa démarche. Mais bien que très pollueur, le football ne fait rien, ou très peu, et lui lance des pistes, parmi lesquelles une taxe sur les transferts : « Si les clubs peuvent débourser plusieurs millions pour des joueurs, une fraction de cette somme pourrait être investie dans des efforts visant à réduire [leur] impact », a-t-il récemment écrit sur le site de la Fifpro, le syndicat des joueurs, rêvant également que la Fifa et l'UEFA instaurent des contributions obligatoires liées aux déplacements.

Déchets de maïs, de canne à sucre et de bambou

Son sens de l'engagement ne date pas d'hier : depuis six ans, il donne 1 % de ses revenus à Common Goal ; il a aussi lancé Thrive Africa, qui sensibilise aux maladies tropicales. Depuis la naissance de ses trois enfants, il ressent « une nouvelle forme de responsabilité », celle de leur laisser la planète telle qu'il l'a connue. À la CAN, il porte son combat à ses pieds : ses chaussures sont fabriquées à 56 % à partir de déchets de maïs, de canne à sucre, de bambou et autres matériaux écologiques. Elles sont l'œuvre de l'équipementier Sokito, autoproclamé « marque de chaussure de foot la plus respectueuse de l'environnement ».

Né aux Pays-Bas, lié au Nigeria par son père et formé outre-Manche, William Troost-Ekong cite deux collègues parmi ses influences : l'ancien Toulousain John Bostock, qui portait des crampons recyclés lors de leur expérience commune en Turquie, et l'Anglais Ben Mee, qui avait neutralisé ses émissions de CO2 lors de son transfert de Burnley à Brentford en 2022. Si certains footballeurs, tel Héctor Bellerín, s'impliquent dans la lutte contre le réchauffement planétaire, les initiatives restent limitées. Et pour passer à la vitesse supérieure, il faudrait que « quelqu'un comme Kylian Mbappé » s'empare du sujet, soulignait le défenseur du PAOK en juin dans The Guardian. Il espérait alors que « d'autres transferts climatiquement neutres » suivraient le sien. Il attend toujours.

Solen Cherrier

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