C'est un peu la différence entre un doigt mouillé et un thermomètre. Alors que la transition énergétique doit s'accélérer pour que les objectifs de l'Accord de Paris de 2015 aient une chance d'être atteints, l'exploitation de la data émerge comme l'une des clés de la réussite. En France, la société Energisme, pionnière sur ces questions, prêche la bonne parole et la bonne plateforme. « Notre plateforme logicielle permet de collecter en quelques jours l'ensemble des données énergies et fluides de grands patrimoines immobiliers et sans aucune instrumentation », résume Thierry Chambon, PDG de l'entreprise basée près de Paris.

Ses clients sont autant des consommateurs finaux d'énergie et d'eau (sociétés foncières, bailleurs sociaux ou encore collectivités locales) que des sociétés de maintenance ou des sociétés de services à l'énergie, qui proposent l'outil à leurs clients. On y trouve de grands noms français comme SPIE ou encore Idex, mais aussi des fleurons internationaux tels que Gazprom Energy ou Kurita, au Japon, leader mondial du service sur l'eau industrielle.

De la data visualisation à l'analytics

L'histoire d'Energisme pose un éclairage riche sur l'évolution de la prise en compte des données dans le pilotage des fluides du bâtiment. Fondée en 2004, c'est en 2016 qu'elle a opéré son tournant stratégique. Alors qu'elle proposait jusqu'alors de la « simple data visualisation à partir de données issues de la consommation d'énergie », Energisme sort cette année-là une solution logicielle capable d'aider ses clients à maîtriser totalement leur « structure de consommation ». « Nous leur permettons de collecter, d'homogénéiser et d'accéder en temps réel et à grande échelle à des données fiables et enrichies indépendamment de leur format et de leur source », précise le dirigeant.

Le défi était immense. Le traitement centralisé d'une « data hétérogène, massive, en continu et en temps réel est en effet très compliqué », reconnaît Thierry Chambon. « Cela consiste à collecter, ingérer, casser l'architecture des données pour travailler sur toutes les métadonnées ». Les éléments contextuels (typologie du bâtiment, données météorologiques, utilisation, flux humains, etc.) forment une sorte de troisième dimension de la data énergétique et sont désormais pris en compte. L'année 2016 a ainsi marqué le passage à l'analytics, une « révolution » qui a pris la forme, pour l'utilisateur, d'un middleware de master data management nommé N'Gage.

Pour des décisions désormais « basées sur du réel »

« Dans le vieux monde, qui est encore trop souvent celui d'aujourd'hui, il faut demander les data au service informatique et ce n'est pas toujours simple. Souvent, vous recevez votre dataset (un jeu de données, NDLR) longtemps après et il peut manquer des données », témoigne Thierry Chambon. Beaucoup de temps perdu. Avec une plateforme comme celle d'Energisme, « on ne gère plus que des autorisations, il n'y plus de sujets techniques, le data stewart va faire de la data gouvernance. Cela permet une accélération incroyable de l'exploitation des données et donc des stratégies de transition énergétique ».

Dans les années à venir, l'exploitation de cette précieuse data devrait participer à abaisser les barrières entre « fournisseurs, transporteurs, distributeurs et consommateurs », dans la logique de la smart city et du smart building, pronostique Therry Chambon. Surtout, la data appelle la data et permettra des prises de décision « enfin basées sur du réel. Nous sommes au début de l'ère de l'internet de l'énergie ».