Visible Patient veut guider la main du chirurgien jusqu'en Chine

La deeptech strasbourgeoise a développé des logiciels d'analyse d'organes. Une copie en 3D permet aux chirurgiens, en France, mais aussi au-delà, de visualiser l'intervention à réaliser. La société veut maintenant conquérir la Chine.
(Crédits : DR)

Habitué à rendre la recherche accessible à tous, le professeur Luc Soler, président de la société Visible Patient, décrit la technologie développée à partir de 1999 au sein de l'IRCAD (Institut de Recherche contre les Cancers de l'Appareil Digestif de Strasbourg) comme « le GPS du chirurgien ». Les logiciels modélisent en 3D les organes atteints de diverses pathologies, cancers, en particulier. Véritable cartographie - ou 'photo satellite' du patient - extraite du scanner ou de l'IRM, la technique permet au chirurgien de trouver son chemin et de simuler l'intervention qu'il pratiquera.

Cofondée en 2013 par Luc Soler, qui est également professeur associé à l'équipe de chirurgie digestive et endocrine de l'IHU de Strasbourg, la deeptech commercialise ses produits en France depuis 2015. Elle a levé 12 millions d'euros en 2019, et surtout, signé en 2020, un contrat avec Johnson & Johnson, pour distribuer ses produits dans l'immense réseau commercial de la société américaine. « Nous ajoutons des pays au fur et à mesure », précise le professeur Luc Soler, qui enchaîne les présentations. Après L'Europe et les Etats-Unis, cela a récemment été le tour de l'Australie et de la Nouvelle Zélande, Israël, le Japon et la Corée du sud suivront bientôt. « Nous devons demander des autorisations dans chaque pays, puisque nos produits sont des dispositifs médicaux », précise-t-il.

La spécificité chinoise

Reste la question du traitement des données. Il s'effectue depuis Strasbourg. Mais si la plupart des pays acceptent que des données désidentifiées sortent de leur territoire vers la France, d'autres, comme la Chine, le refusent. En conséquence, pour s'implanter sur cet énorme marché, Visible Patient va devoir s'y installer. Après un long processus administratif, la deeptech française compte y distribuer ses produits à partir de 2023. Mais afin de gérer les aspects réglementaires et recruter des experts sur place, il fallait des fonds... « Nous ne voulions pas diluer le capital en faisant une nouvelle levée », indique le professeur Soler.

Prêt Bpifrance

La société a donc fait appel à Bpifrance, qu'elle connaissait déjà, puisque la banque publique a cofinancé l'un de ses projets dès 2015, sous forme de subventions et d'avances remboursables. Bpifrance a consenti un prêt de 3 millions d'euros : les risques sont limités et le potentiel de l'innovation strasbourgeoise reconnu. En outre, les créations d'emplois se multiplient : de 14 salariés avant la levée de fonds, Visible Patient est passée à 24 lors de la crise Covid, 53 aujourd'hui et passera à 90 en 2022.

La société innove non seulement dans la deeptech, mais aussi dans d'autres domaines. Ainsi, elle a proposé aux assureurs de payer directement les modélisations 3D à Visible Patient plutôt qu'aux différents hôpitaux français. « Nos partenaires assureurs économisent en coûts administratifs et ont une meilleure visibilité, puisque nous leur garantissons un prix unique, contrairement aux hôpitaux qui auraient chacun eu des tarifs différents », explique Luc Soler. Au point que tous les assureurs veulent désormais monter à bord ! Ils ne sont pas les seuls, d'ailleurs. Ce système avait aussi rassuré... les investisseurs. « Au point que nous avons refusé 3 millions d'euros ! », précise Luc Soler. La société a donc préféré ce prêt Bpifrance pour son déploiement dans l'empire du Milieu...

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