Comment réduire son empreinte numérique ?

Chaque heure, 8 à 10 milliards de mails (hors spam) sont envoyés dans le monde. De même, une donnée numérique (mail, téléchargement, vidéo, requête web...) parcourt, en moyenne, 15.000 kilomètres. Alors que la crise sanitaire a intensifié les échanges numériques, voici dix conseils à mettre en place afin de viser, au quotidien, une certaine sobriété.
Photo d'illustration. Pendant une visioconférence, essayez, autant que faire se peut, de couper votre caméra.
Photo d'illustration. Pendant une visioconférence, essayez, autant que faire se peut, de couper votre caméra. (Crédits : Istock)

Massification du télétravail, transition numérique à marche forcée, explosion du commerce en ligne... La crise du Covid-19 a multiplié les occasions de recourir au numérique. Et, de fait, "les volumes consommés [sur Internet] sont à la hausse [depuis l'éclatement de la crise]", observe le cabinet EY dans un court papier d'analyse, publié récemment.

Le trafic sur Internet, dopé par le streaming vidéo et les jeux, a par exemple augmenté de 30% en France pendant le premier confinement, selon une étude du spécialiste américain des réseaux Netscout, qui a compilé les données des fournisseurs d'accès français. Une autre étude de la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad) montre, qu'à la même période, les ventes en ligne ont augmenté de plus de 5%, pour atteindre un total de 25,9 milliards d'euros.

Seulement voilà, le numérique pollue :

"Ce secteur est responsable aujourd'hui de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et la forte augmentation des usages laisse présager un doublement de cette empreinte carbone d'ici 2025", note, à ce propos, un rapport de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) publié en novembre 2019, intitulé "La Face cachée du numérique".

Internet est un continent à part entière. Toujours selon le rapport de l'Ademe, 8 à 10 milliards de mails (hors spam) sont ainsi envoyés chaque heure dans le monde. Une donnée numérique (mail, téléchargement, vidéo, requête web...) parcourt, en moyenne, 15.000 kilomètres. Enfin, pour la fabrication d'un ordinateur de 2 kg, ce sont en moyenne 800 kg de matières premières mobilisées, 124 kg de CO2 générés, sur les 169 kg émis sur l'ensemble de son cycle de vie.

Les équipements des consommateurs (ordinateurs, smartphones, tablettes, objets connectés, GPS...) sont d'ailleurs - d'après les chiffres cités par l'Ademe - la première source (47%) d'émissions de gaz à effet de serre générés par le numérique, devant les émissions dues aux infrastructures réseau (28%) et celles provenant des data centers (25%).

"En 2019, l'univers numérique est constitué de 34 milliards d'équipements pour 4,1 milliards d'utilisateurs, soit 8 équipements par utilisateur", fait savoir un rapport de GreenIT, un collectif d'expert(e)s de la sobriété numérique. Par ailleurs, au premier semestre 2019, entre 54 millions et 113 millions de téléphones dormaient dans les tiroirs des Français, selon l'Alliance française des industries du numérique (AFNUM).

Au final, chacun peut agir pour réduire son empreinte numérique. Et des pratiques simples peuvent être mises en place, au quotidien, afin de parvenir à cet objectif.

Réparer au lieu de jeter

Avoir les bons réflexes en matière d'équipement informatique. Pour Alexis Chailloux, responsable engagement citoyen chez Greenpeace, il s'agit "de la priorité des priorités". Voici quelques conseils pour y parvenir :

  • Acheter le moins possible d'équipements informatiques neufs. "C'est la phase de production des équipements qui est la plus dommageable pour l'environnement au sens large", explique Alexis Chailloux.
  • Essayer de trouver des équipements réparables. Pour guider son choix, des aides existent, comme la plateforme en ligne iFixit, qui propose des indices de réparabilité pour de nombreux modèles de smartphones, tablettes ou ordinateurs. "Faire durer nos équipements numériques constitue le geste le plus efficace pour diminuer leurs impacts : passer de 2 à 4 ans d'usage pour une tablette ou un ordinateur améliore de 50% son bilan environnemental", estime l'Ademe dans son rapport "La Face cachée du numérique".
  • Préférer un modèle reconditionné, autrement dit un produit vendu d'occasion après avoir été remis en état.
  • Pour le matériel obsolète, penser au don associatif. En novembre dernier, l'association Emmaüs Connect a par exemple lancé "LaCollecte.tech", une plateforme en ligne visant à collecter des dons de matériels informatiques usagés des entreprises. De même, Les Ateliers du bocage - une coopérative du réseau Emmaüs spécialisée dans le réemploi d'appareils électroniques - appelait en mai dernier les entreprises à donner leur matériel informatique ; l'association ayant connu une explosion de la demande à la faveur du confinement.

"Il n'est pas toujours évident de cocher toutes les cases, chacun fait ce qu'il peut", concède Alexis Chailloux, qui pointe avant tout la responsabilité des entreprises qui "ne produisent pas des matériels réparables".

Optimiser l'utilisation du réseau Internet

"Le gros de ce qui circule en ligne, ce sont les vidéos", rappelle Alexis Chailloux. Et leur impact sur l'environnement est considérable. À titre d'exemple, "le visionnage de vidéos en ligne a généré en 2018 plus de 300 millions de tonnes de CO2, soit autant de gaz à effet de serre que l'Espagne", comme l'explique le think tank The Shift Project, dans un rapport intitulé "L'Insoutenable usage de la vidéo en ligne".

  • Jouer sur la résolution. "Il faut essayer d'éviter la HD ou la ultra HD quand on regarde une vidéo", résume Alexis Chailloux, pour qui, globalement, "plus un écran est petit, plus on peut se permettre de baisser la résolution sans que cela n'impacte trop la qualité de l'image".
  • Privilégier la lecture de vidéos en wifi plutôt qu'en 4G. "Quand vous regardez une vidéo, quelque soit le terminal sur laquelle vous la consultez, privilégiez la connexion internet, la box, l'ADSL, à des données mobiles type 4G, et encore plus 3G", résume, là encore, le responsable engagement citoyen chez Greenpeace.
  • Télécharger une vidéo plutôt que de la regarder en streaming.
  • Couper l'alimentation de votre box dès qu'il est possible de le faire (la nuit, par exemple). "Une box consomme autant qu'un réfrigérateur : sa consommation totale sur un an se situe entre 150 et 300 kWh, [soit] autant qu'un grand réfrigérateur", rappelle l'Ademe dans son rapport.

L'Ademe va soutenir les entreprises visant la sobriété numérique

"Dans le cadre du plan de relance, 30 millions d'euros sont alloués à l'Ademe pour favoriser l'écoconception*", explique Raphael Guastavi, chef du service produits & efficacité matière au sein de l'agence. Une partie de cette enveloppe, dont le montant reste à déterminer, sera spécifiquement réservée au numérique. Plus précisément, cette aide permettra de "soutenir des actions de recherche (publique et privée) en matière de sobriété numérique, mais aussi d'accompagner les entreprises dans la mise en œuvre d'une écoconception numérique", détaille Raphael Guastavi. Les modalités pour bénéficier de ces aides devraient être dévoilées d'ici la fin de cette année ou début 2021. *L'écoconception consiste à réduire les impacts environnementaux à chaque étape du cycle de vie d'un produit.

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ZOOM

Le télétravail, une bonne nouvelle pour le climat ?

La massification du télétravail, vu comme une mesure pour endiguer la propagation du coronavirus, a-t-elle été plus bénéfique que dommageable pour le climat ? Oui, si l'on en croit la toute récente étude de l'Ademe sur le sujet, publiée en septembre dernier.

"Globalement, les premiers éléments de cette étude montrent que les effets positifs du télétravail dépassent les effets négatifs, mais certains sujets restent à creuser", explique Raphael Guastavi, chef du service produits & efficacité matière à l'Ademe.

Ainsi, le non-recours à la voiture pour effectuer les trajets domicile-travail, a constitué un net avantage. En revanche, précise Raphael Guastavi, des études approfondies doivent êtres menées pour mesurer le recours accru à la visioconférence, ou encore le potentiel suréquipement des foyers en matériel informatique.

En ce qui concerne ces deux points en particulier, Raphael Guastavi préconise, afin de réduire son empreinte numérique, de "couper la caméra en visioconférence lorsqu'il est possible de le faire", mais aussi de ramener, autant que faire se peut, son équipement informatique du bureau chez soi.

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Commentaires 4
à écrit le 24/12/2020 à 14:14
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Si on commençait à interdire les cookies? Pas de miracle si 1000 fichiers espions souillent votre disque dur, il est impossible que ça ne se traduise pas par de multiples uploads qui peuvent faire le tour de la planète.

à écrit le 18/12/2020 à 10:26
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Article hors sujet, vu le contexte et les choix imposés aux peuples par la dictature ultralibérale mondialisée.

à écrit le 18/12/2020 à 9:59
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Les performances de l'échange augmentent les volumes de données inutiles et vice versa! Donc la 5G est un domaine a proscrire!

à écrit le 18/12/2020 à 9:28
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100 entreprises dans le monde génèrent plus de 70% des gaz à effet de serre, y a t'il des entreprises du numérique dans le lot svp ? Est-ce que ce sont elles qui sont responsables des zones mortes ? Des perturbateurs endocriniens ? Des pesticicides e...

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