Facebook a partagé des données personnelles avec 60 fabricants d'appareils - dont Apple et Samsung

Après le scandale Cambdrige Analytica, Facebook est critiqué pour avoir signer des accords de partage de données avec une soixantaine de fabricants d'appareils - dont Apple, Samsung et Amazon - durant la décennie écoulée. Le réseau social donne accès aux données des utilisateurs, mais aussi de leurs amis, sans consentement explicite.
Anaïs Cherif
Facebook, le plus grand réseau social au monde, revendique 2,2 milliards d'utilisateurs.
Facebook, le plus grand réseau social au monde, revendique 2,2 milliards d'utilisateurs. (Crédits : Dado Ruvic)

Rebelote. Moins de trois mois après le scandale Cambridge Analytica, Facebook est de nouveau critiqué pour ses pratiques en matière de protection de données personnelles. Le plus grand réseau social au monde aurait signé des accords de partage de données avec des fabricants d'appareils comme Apple, Samsung, Amazon, Microsoft, BlackBerry... Pour ne citer qu'eux. Car le fleuron de la Silicon Valley aurait passé ce genre de contrats avec "au moins 60 fabricants d'appareils" durant la décennie, selon une enquête du New York Times publiée le 3 juin. Parmi les données accessibles figurent les statuts des relations (en couple, célibataire...), les opinions politiques, les croyances religieuses ou encore, les événements auxquels les utilisateurs prévoient de se rendre.

Ces accords auraient été passés avant que Facebook ne soit largement disponible sur application, selon des sources anonymes de l'entreprise, interrogées par le NYT. Déjà populaire sur ordinateur, le réseau social cherchait à s'étendre rapidement sur mobile. De tels accords lui auraient permis de s'assurer que ses fonctionnalités populaires - telles que les boutons "j'aime", la messagerie ou les carnets d'adresses - soient disponibles sur smartphones. Un porte-parole d'Apple a déclaré au NYT que l'accord permettait d'avoir accès aux données de Facebook pour déployer certaines fonctionnalités, comme l'affichage de photos sur le réseau social sans avoir à ouvrir l'application Facebook. La firme à la pomme n'aurait plus accès aux données Facebook depuis septembre dernier.

Partage des données sans consentement

Le point sensible : Facebook donnait également accès aux données des amis des utilisateurs, sans leur consentement explicite et ce, même après avoir déclaré qu'il ne partageait plus d'informations avec des tiers. Selon le NYT, la plupart des partenariats sont encore en vigueur - seulement 22 des contrats auraient été résiliés. Le fleuron de la Silicon Valley aurait mis un coup de frein en avril... Soit le mois suivant la polémique Cambridge Analytica, où Facebook est déjà accusé de laxisme. Le cabinet d'analyse britannique a mis la main sur les données personnelles de 87 millions d'utilisateurs Facebook, sans leur consentement. Ces informations ont été utilisé à des fins politiques, notamment pour la campagne présidentielle américaine de Donald Trump et le groupe « Leave.EU » lors du Brexit, en 2016.

| Lire aussi : Cambridge Analytica : comment savoir si vos données Facebook ont été captées

Mark Zuckerberg, Pdg et co-fondateur de Facebook, a été convoqué en personne devant le Congrès américain à la mi-avril, avant de témoigner devant le Parlement européen le 22 mai. Selon lui, les restrictions adoptées en 2015 par le réseau social, permettant de réduire l'accès aux données pour les développeurs d'appli, "empêchent une redite de Cambridge Analytica". Pour autant, les responsables de Facebook interrogé par le NYT ne précisent pas si les fabricants d'appareils sont concernés par ces restrictions.

Aucune utilisation détournée des données, selon Facebook

Selon les responsables de Facebook, ce partage des données est compatible avec ses politiques de confidentialité, les promesses faites aux utilisateurs et les exigences de la FTC (Commission fédérale du commerce, l'agence de régulation américaine). À la différence de Cambridge Analytica, où Facebook n'était officiellement pas partie prenante, le réseau social souligne que ces accords étaient régis par des contrats. Ces derniers prévoient une limitation stricte de l'usage des données, interdisant notamment le stockage des données des utilisateurs Facebook sur des serveurs appartenant aux entreprises partenaires. Si le réseau social assure qu'aucun cas d'utilisation détournée n'a été constaté, Facebook a reconnu que certains partenaires stockaient les données des utilisateurs - y compris les données des amis - sur leurs propres serveurs, toujours selon le NYT.

En plein scandale Cambridge Analytica, une campagne de boycott a été lancée sur Internet avec le slogan #DeleteFacebook (en français, supprime Facebook). Mark Zuckerberg admettait alors un "problème de confiance" avec les utilisateurs. Lors des derniers résultats trimestriels publiés en avril, qui ne prennent pas en compte l'épisode Cambridge Analytica, Facebook affichait encore une hausse du nombre d'utilisateurs pour atteindre les 2,2 milliards dans le monde. Et le réseau social était plus riche que jamais, avec un chiffre d'affaires ahurissant de 12 milliards de dollars (+49% sur un an).

| Lire aussi : Facebook est plus riche que jamais malgré le scandale Cambridge Analytica

Anaïs Cherif

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Commentaire 1
à écrit le 05/06/2018 à 18:09
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« Pour avoir signer » ....vous êtes sûre ??

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