Commande publique : l'État ouvre enfin la porte aux startups françaises et mobilise le privé

Le ministère délégué chargé de la Transition numérique Jean-Noël Barrot présentait ce matin « Je choisis la French Tech », un programme fourni, destiné à doubler d'ici à 2027 la commande publique et privée auprès des startups françaises.
François Manens
L'Etat compte doubler la commande publique auprès des startups françaises.
L'Etat compte doubler la commande publique auprès des startups françaises. (Crédits : CR)

Pour les dix ans de la French Tech, le ministre délégué chargé de la Transition numérique, Jean-Noël Barrot, répond enfin à une demande récurrente des startups françaises : orienter la commande publique vers leurs produits et services. Avec le programme « Je choisis la French Tech », le gouvernement ambitionne de doubler le recours aux solutions des startups françaises d'ici à 2027 dans le public, mais aussi dans le privé.

Si l'État a évidemment une influence directe sur le marché public via sa Direction des achats, il doit en revanche multiplier les leviers d'actions pour inciter le secteur privé à suivre le mouvement.

Seulement 2,4% de la commande publique va vers les startups françaises

Le bilan effectué par la French Tech reflète le ressenti des dirigeants de startups : seul 2,4% de l'achat public des ministères a été alloué à leurs solutions en 2021. Soit à peine 540 millions d'euros de commandes sur les plus de 40 milliards d'euros dépensés par l'État. Pire, ce ratio tombe sous la barre des 0,5% chez les entreprises privées. D'après une enquête de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) menée auprès de 410 dirigeants d'entreprises en juin 2023, seulement 6% des entreprises privées (majoritairement des grands groupes) achètent auprès de startups, pour un montant moyen de 30.100 euros.

En France, les jeunes pousses perdent régulièrement les appels d'offres publics face à des entreprises étrangères, le plus souvent américaines. A l'inverse, plusieurs pays - les Etats-Unis et Israël notamment - n'hésitent pas à biberonner leurs pépites à coup de grands contrats publics. Résultat : les startups françaises se plaignent de ne pas jouer à armes égales quand elles s'exportent, alors qu'elles ne profitent que de peu d'avantages quand elles jouent à domicile.

 « Garantir la diffusion des technologies des startups de la French Tech, c'est aussi favoriser le maintien de ces entreprises et de ces technologies en France dans un contexte géopolitique ultra-concurrentiel », développe Clara Chappaz, pour rappeler les enjeux de souveraineté derrière l'initiative.

La commande de l'État pour montrer l'exemple

Pour remédier à cette situation, l'administration va multiplier les initiatives, et se présente en premier porteur du projet. Concrètement, la Direction des achats de l'État s'engage à doubler ses commandes à destination des PME innovantes de 2,4% à 4% d'ici à 2027. Elle dépenserait ainsi environ 1 milliard d'euros dans les services des pépites françaises.

Afin de faciliter l'atteinte de cet objectif, la Direction des achats de l'État va inscrire l'intégralité du Next40 et du French Tech 120 -le classement public des startups les plus prometteuses- sur la récente plateforme unique de commandes publiques, APProch, d'ici à la fin de l'année. Enfin, elle va déployer un fonds doté de 6 millions d'euros sur deux ans pour soutenir les projets d'achats innovants de moins de 100.000 euros, qui n'ont pas à passer par le processus d'appels d'offre public classique.

De son côté, la Mission French Tech va contacter les acheteurs de chaque ministère pour recenser leurs besoins et leur fournir des listes de startups capables d'y répondre. Quant aux 100 startups stratégiques du récent « French Tech 2030 », elles vont bénéficier d'un accompagnement sur-mesure afin « d'identifier les acheteurs publics les plus pertinents et se positionner sur leurs appels d'offres ».

Seulement des « engagements » pour le privé

Pour inciter le secteur privé à consommer plus de services français, le programme s'appuie sur un réseau de partenaires, qui s'engagent à « choisir la French Tech ». Ce dernier est aujourd'hui composé de 45 acteurs institutionnels et 225 entreprises (dont 108 grands groupes et un nombre conséquent de grandes startups). L'État ambitionne de faire bondir à 500 le nombre d'entreprises partenaires dès la fin de l'année, et même à plus de 5.000 d'ici 2027.

Concrètement, ces partenaires s'engagent à organiser une rencontre avec des startups par an, à mobiliser leur réseau pour participer aux initiatives du programme « Je choisis la French Tech », et à désigner un référent sur ces sujets au sein de leurs organisations. Une partie d'entre eux (dont Bouygues, EDF ou encore BPCE) promettent même de doubler leurs achats auprès des startups à l'horizon 2027. Avant d'évaluer la mise en œuvre de ces promesses, la French Tech va créer un classement des meilleurs partenariats dans lequel les startups noteront leur expérience de collaboration avec les grands groupes.

Pour chapeauter le tout, le programme prévoit la création d'un observatoire, qui publiera un baromètre annuel, « avec des données chiffrées ». Il sera présenté à l'occasion d'un événement organisé par la Mission French Tech, dont la première édition sera organisée en novembre 2023.

François Manens

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Commentaire 1
à écrit le 16/06/2023 à 14:32
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Ridicule, les starts up n'ont pas de fonds propres, sont en général en perte, et sont sous capitalistes alors avec un état qui paye à 10ans fin de siècle elles vont juste allet à la boucherie

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