
Le plan de transformation de l'économie France 2030 n'oublie pas les startups, malmenées par la crise de la tech. C'était déjà le message qu'avait fait passer Emmanuel Macron à l'Elysée en février dernier, quand il avait reçu l'écosystème tech pour le lancement de la nouvelle promotion du French Tech 120 / Next40. Désormais, l'Etat a joint le geste à la parole en lançant ce mercredi 19 avril un nouveau programme : French Tech 2030.
Le principe : dérouler le tapis rouge à une centaine de startups considérées comme stratégiques, c'est-à-dire qui contribuent à la transformation de secteurs clés de l'économie par l'innovation technologique. Un appel à candidatures est lancé dès le 19 avril pour sélectionner ces pépites dans les domaines de la santé, l'énergie, l'automobile, l'aéronautique ou encore le spatial. « L'idée est de mobiliser l'ensemble des moyens de l'Etat pour aider des startups qui ont un très fort potentiel de croissance, d'impact environnemental, social ou sociétal, et qui contribue à notre souveraineté technologique », explique à La Tribune Clara Chappaz, la directrice de la Mission French Tech.
Accompagnement personnalisé
Dans le détail, French Tech 2030 reprend et élargit la recette qui a fait le succès des autres programmes de la Mission French Tech, c'est-à-dire le French Tech 120/Next40 (la sélection des 120 startups les plus performantes de l'écosystème), Agri20 (les 20 championnes dans l'agritech), Green20 (les 20 championnes des greentech), Health20 (dans la santé) ou Deep Num 20 (les innovations de rupture dans le numérique comme le quantique, la cybersécurité ou le cloud).
Pour chaque startup sélectionnée, la Mission French Tech fera un diagnostic de ses besoins -enjeux réglementaires, financiers, douaniers, de recrutement, propriété intellectuelle et industrielle, visibilité internationale, autorisations administratives...- et des leviers au sein de l'Etat qu'il sera possible d'actionner pour l'aider à se développer. L'objectif : lever les freins à l'hyper-croissance le plus rapidement possible, pour l'aider à devenir un leader européen et mondial de son secteur. Pour cela, la Mission French Tech pourra s'appuyer sur l'expertise financière de Bpifrance et sur le Secrétariat général pour l'investissement, qui pilote le plan France 2030.
« La philosophie de French Tech 2030 est similaire à celle des autres programmes, à la différence qu'il réunit pour la première fois l'expertise de l'accompagnement extra-financier de la Mission French Tech avec les financements de France 2030. Faire partie de cette sélection donnera accès à des accompagnements pour les différents appels à candidatures de France 2030 », précise Clara Chappaz.
Pour être sélectionnées, les startups devront remplir un certain nombre de critères. Déjà, évoluer dans l'un des secteurs stratégiques au sens de France 2030, c'est-à-dire la santé, l'énergie, l'automobile ou encore le spatial. Ensuite, « il faudra démontrer un certain niveau de maturité technologique et économique », ajoute la directrice de la Mission French Tech. Traduction : commercialiser son innovation ou être sur le point de le faire, pour pouvoir justifier d'un accompagnement étatique. Avoir obtenu un financement d'au moins 5 millions d'euros en levées de fonds et/ou dette, ou des revenus d'au moins 5 millions d'euros, fait également partie des pré-requis.
Révélation du casting en juin
L'annonce de la centaine de pépites sélectionnées aura lieu en juin, lors du salon VivaTech. La sélection finale devra comporter 25% de dirigeantes ou cofondatrices, et 50% d'entreprises engagées dans la transition écologique et la réduction de l'impact carbone. « Les startups qui font partie des autres programmes de la Mission French Tech peuvent être éligibles à French Tech 2030 si elles remplissent les critères, notamment sectoriels », affirme Clara Chappaz.
Au total, ce plan porte à environ 310 le nombre de startups accompagnées par la Mission French Tech dans le cadre de ses programmes (120 pour le Next40/French Tech 20, près de 90 pour Agri20, Green20, Health20 et Deep Num 20, et donc 100 pour French Tech 2030). Surtout, le dernier-né des programmes permet à l'Etat d'accentuer son pivot stratégique, de la « startup nation » à une « deeptech nation » dans laquelle la tech est surtout perçue comme un outil de souveraineté économique et technologique pour la France, comme l'avait expliqué le ministre délégué à la Transition numérique, Jean-Noël Barrot, le 6 avril dernier lors de Tech for Future, le forum tech de La Tribune.
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