Déconfiture d'Atos : le groupe présentera les paramètres de son cadre de refinancement le 8 avril

En grandes difficultés financières, Atos a annoncé ce mardi qu'il présenterait les paramètres de son cadre de refinancement à ses créanciers le lundi 8 avril. Les discussions pourraient potentiellement entraîner une évolution de la structure du groupe informatique français, l'un des piliers technologiques des JO de Paris.
Déconfiture d'Atos : le groupe présentera les paramètres de son cadre de refinancement lundi 8 avril.
Déconfiture d'Atos : le groupe présentera les paramètres de son cadre de refinancement lundi 8 avril. (Crédits : Sarah Meyssonnier)

L'avenir d'Atos s'écrit plus que jamais en pointillé. En grandes difficultés financières, le groupe informatique français va présenter le lundi 8 avril les paramètres de son cadre de refinancement à ses créanciers. Atos ajoute qu'il informera le marché en temps utile de l'avancée des discussions qui pourraient potentiellement entraîner une évolution de sa structure de capital. Il adressera ainsi un communiqué au marché le lendemain, mardi 9 avril, avant l'ouverture de la Bourse. Une annonce accueillie positivement par les marchés : le titre gagne 4,4% ce mardi matin.

Entré dans une procédure amiable de conciliation avec ses créanciers depuis février, cet ex-fleuron de la tech, qui a échoué ces derniers jours à boucler la vente de plusieurs activités pour récupérer de l'argent frais, a indiqué en début de semaine dernière disposer de 2,4 milliards d'euros de trésorerie.

Un montant suffisant pour découvrir (ses) besoins de liquidités jusqu'à l'éventuelle obtention d'un accord global pour restructurer son importante dette d'ici juillet. Pour rappel, le groupe a 3,65 milliards d'euros d'emprunts et d'obligations à rembourser ou refinancer d'ici fin 2025.

« En tout état de cause, ce refinancement nécessitera une restructuration de la dette, y compris un abandon de créance significatif par les créanciers, impliquant une dilution massive pour les actionnaires », soulignent dans une note les analystes d'Oddo BHF.

Atos a affiché une perte nette de 3,4 milliards d'euros en 2023, en grande partie due à une dépréciation d'actifs (pour 2,6 milliards d'euros). La valorisation de l'entreprise, qui exerce aussi des activités stratégiques pour l'État français, s'établit désormais à quelque 192 millions d'euros.

Des désaccords avec le premier actionnaire d'Atos

Alors qu'Atos possède des supercalculateurs, notamment utilisés dans la défense et le nucléaire, le ministère français de l'Économie s'est engagé à construire « dans les prochaines semaines une solution nationale de protection des activités stratégiques » du groupe.

Le plan de sauvetage lancé en 2022 par l'ancienne direction comprenant sa scission en deux entités, avec Tech Foundations, qui regroupe les activités historiques d'infogérance, et Eviden, qui comprend notamment les activités « big data » et sécurité (BDS), la pépite du groupe, ne s'est pas matérialisé.

Lire aussiAtos déplore une perte nette de 3,4 milliards d'euros

En effet, après le retrait d'Airbus des discussions pour l'acquisition de BDS la semaine passée, quelques semaines seulement après celui des négociations avec le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky pour la vente de Tech Foundations, « Atos continuera de gérer Tech Foundations et Eviden comme deux activités séparées, tirant parti des forces de leurs offres respectives, avec une stratégie commerciale coordonnée », a affirmé l'entreprise.

De quoi mettre en lumière les désaccords avec David Layani, patron de Onepoint, premier actionnaire d'Atos, qui avait appelé à « mettre fin immédiatement à tout projet de cession », dans un entretien au Figaro le 24 mars. « Ce n'est pas au moment où l'on doit se réinventer et repartir qu'il faut vendre ses bijoux de famille » avait plaidé le dirigeant du cabinet qui détient plus de 11% du capital.

« Les créanciers vont faire un effort et les actionnaires vont devoir mettre de l'argent », estime celui qui veut « faire d'Atos l'Airbus du cyber et du digital » et dont la société est prête à participer « à une solution de recapitalisation ». Selon lui, le groupe pourrait ainsi retrouver « d'ici deux ou trois ans, 6% à 8% de croissance et des marges comparables à celles de ses concurrents ». La CFE-CGC, premier syndicat du groupe, avait défendu il y a une semaine le projet de David Layani, « le seul à répondre » aux objectifs de « survie » et de « croissance » de l'entreprise.

Un des piliers technologiques des JO de Paris

Malgré ces difficultés, il n'y aura « aucun souci sur les Jeux olympiques », a assuré mardi dernier son directeur général Paul Saleh, alors que le groupe est l'un des piliers technologiques de l'événement. Très scruté sur ce dossier, Atos doit notamment assurer la gestion des plus de 300.000 accrédités et la diffusion instantanée des résultats, ou encore fournir ses services en matière de cybersécurité.

« Nous avons évidemment une vigilance particulière qui se matérialise par des audits qui ont été faits sur les systèmes d'Atos qui contribuent aux Jeux », a déclaré à l'AFP Vincent Strubel, directeur général de l'Agence française de sécurité informatique (Anssi). « Pas d'inquiétude » à ce stade.

(Avec agences)

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Commentaires 2
à écrit le 03/04/2024 à 17:45
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"Un refinancement...qui impliquera une dilution massive pour les actionnaires", en d'autres termes: la perte quasi-totale de leurs économies pour bien des petits actionnaires qui, suivant ainsi les conseils des "analystes financiers", avaient acheté...

le 09/04/2024 à 11:25
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!e. passage d un ancien premier ministre chez ATOS ( les résultats se font attendre aujourd'hui ? )

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