La Cnil note des «irrégularités» sur StopCovid, le gouvernement mis en demeure

Un mois et demi après son lancement, l’application de traçage de contacts StopCovid doit être retravaillée. De fait, la Cnil pointe des « irrégularités » et laisse un mois au gouvernement pour les corriger.
(Crédits : Stephane Mahe)

Comme si l'échec sur l'usage ne suffisait pas, avec à peine 2% de la population française qui l'avait téléchargée, l'application StopCovid censée protéger contre la propagation de la pandémie, rencontre aussi des difficultés sur le plan sécuritaire. La Cnil a en effet demandé ce lundi au gouvernement de régler « plusieurs irrégularités » concernant l'application StopCovid. Le ministère des Solidarités et de la Santé est « mis en demeure d'y remédier dans un délai d'un mois », précise la Commission nationale de l'informatique et des libertés par communiqué.

L'organisme indépendant a récemment procédé à trois opérations de contrôle sur l'application. Parmi les irrégularités relevées, le fait que les informations fournies aux utilisateurs de l'application « devraient être encore complétées », notamment en ce qui concerne le recaptcha (le dispositif visant à empêcher les "robots" d'utiliser l'application). L'analyse d'impact relative à la protection des données personnelles est par ailleurs « incomplète » sur les données conservées à des fins de sécurité, là encore en partie pour le recaptcha.

En définitive, la Cnil demande également au gouvernement de se prononcer sur l'efficacité de l'application dans la lutte contre l'épidémie de coronavirus.

Lire aussi : L'application StopCovid, un ratage spectaculaire

Un outil qui ne fait pas l'unanimité

L'application StopCovid est controversée à la fois dans son principe et dans les choix techniques faits par le gouvernement. Ses adversaires estiment qu'elle n'est pas suffisamment utile au regard des risques qu'elle comporte, notamment de glisser peu à peu vers une société de la surveillance. Elle garde en effet une trace de toutes les personnes croisées durant les 15 derniers jours, à moins d'un mètre.

Mise en service début juin alors que l'épidémie était en phase descendante, l'application est peu utilisée, avec un nombre maximum d'utilisateurs entre 1,4 et 1,5 million de personnes selon un bilan du gouvernement remontant au 23 juin dernier.

Lire aussi : L'appli StopCovid a prévenu 14 personnes mais coûte plus de 200.000 euros par mois

Les Français préoccupés par la collecte de données liée au Covid-19

La voix de la Cnil sur ses risques est d'autant plus entendue qu'elle correspond aux craintes actuelles des Français. 80% d'entre eux se disent préoccupés par le fait que leurs données collectées pour le traçage contacts soient utilisées à d'autres fins que pour la Covid-19, selon une enquête Juniper Research pour Okta*, un acteur sur l'identification. La publicité serait la principale problématique : plus de trois quarts des répondants (79%) s'inquiètent en effet de l'utilisation de leurs informations par des organisations afin de leur offrir des annonces personnalisées. Un peu plus d'un tiers d'entre eux (37%) veulent ainsi des limites quant aux entités autorisées à accéder à ces données. Ils sont davantage (47%) à souhaiter des restrictions temporelles.

En ce qui concerne la collecte d'informations personnelles afin de participer au contrôle de l'épidémie de Covid-19, les Français sont généralement enclins à l'autoriser. 58% des répondants accepteraient ainsi de fournir leurs données de géolocalisation. Ils sont également relativement à l'aise avec l'idée que leurs données soient recueillies pour déterminer si le virus progresse (59%), ou pour savoir quels individus auraient été en contact avec des personnes diagnostiquées positives (53%). Plus de la moitié (56%) des personnes interrogées pensent aussi que le suivi des données issues des smartphones sera efficace pour contrôler la propagation du virus.

* L'enquête a été menée en ligne entre janvier et mai 2020 auprès d'un échantillon représentatif de 2.000 internautes en France. Au total, (avec l'Allemagne, l'Australie, les États-Unis, les Pays-Bas et le Royaume-Uni), 12.239 personnes ont été interrogées.

(Avec AFP)

Lire aussi : Failles de sécurité, inefficacité... les "flops" des applis semblables à StopCovid dans le monde

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Commentaires 7
à écrit le 21/07/2020 à 12:48
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La CNIL note des irrégularités sur StopCovid : sans blague !!? Flicage, surveillance et controle sont les buts premiers de l'application, pas la gestion de l'épidémie. Depuis quand un virus s'arrête parce qu'il a peur d'une appli informatique ??

à écrit le 21/07/2020 à 9:16
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IL faut quand même que l'on nous explique pourquoi ce truc n'a pas été abandonné, certainement profitant à un énième fils de ou copain de je suppose... Un véritable outil de "zozos", mais que fait donc Castex !?

à écrit le 20/07/2020 à 22:06
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les masques CEGETEX que du bissness voir plus sur médiapart ..l

à écrit le 20/07/2020 à 20:21
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"s'inquiètent en effet de l'utilisation de leurs informations par des organisations afin de leur offrir des annonces personnalisées." personnalisées par rapport à quels critères ? Covid ?? Ou faut aller fouiller dans le smartphone pour trouver des él...

à écrit le 20/07/2020 à 18:58
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200 000€uros par mois.! De quoi acheter 5 000 000 de masques à 40 cents l'unité (et encore c'est cher). Des masques qui devraient être donnés aux établissements scolaires pour équiper les enfants et les étudiants pour qui 2 masques par jour vont repr...

le 20/07/2020 à 20:29
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14 000 masques par jour, vous privilégiez qui d'abord ? Il va y avoir de la bagarre. Les masques lavables ça sert de nombreuses fois (faut les laver à 60°). J'ai eu des ffp2 y a 2 ans en solde (date limite atteinte) 5€ la boite de 20, mais quand la ...

à écrit le 20/07/2020 à 18:15
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"La Cnil note des «irrégularités» sur StopCovid, le gouvernement mis en demeure" Fallait s'en douter d’où les 2%

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