
[Article publié le lundi 20 novembre 2023 à 08h38 et mis à jour à 16h00] Il avait été débarqué le 17 novembre dernier au soir par le conseil d'administration d'OpenAI après l'avoir pourtant fondée en 2015. Sam Altman ne reviendra pas au sein de la startup. L'ancien directeur général de la société, Sam Altman, et l'ancien président et cofondateur Greg Brockman vont rejoindre Microsoft pour y diriger une nouvelle équipe de recherche sur l'intelligence artificielle (IA), a annoncé le directeur général du groupe informatique américain Satya Nadella, ce lundi, rapporte Reuters.
Satya Nadella a également semblé confirmer la nomination d'Emmett Shear en tant que nouveau directeur général d'OpenAI, en déclarant être « impatient de faire la connaissance d'Emmett Shear et de la nouvelle équipe dirigeante d'OAI et de travailler avec eux ».
« La mission continue », a réagi à cette annonce Sam Altman, 38 ans, sur le réseau social X.
Un audit indépendant sur le départ de Sam Altman
Dans le même temps, l'entrepreneur américain Emmett Shear, cofondateur de la plateforme Twitch qu'il a dirigée jusqu'en mars, a annoncé devenir le nouveau dirigeant par intérim d'OpenAI, dans la matinée.
« J'ai accepté ce poste parce que je crois qu'OpenAI est l'une des entreprises les plus importantes qui soient actuellement », a-t-il écrit dans ce message, tout en s'engageant pour les 30 prochains jours à éclaircir les raisons du départ de Sam Altman et à « réformer l'équipe de direction (...) pour en faire une force capable d'obtenir des résultats pour nos clients ».
« Il est clair que le processus et la communication autour du retrait de Sam ont été très mal gérés, ce qui a gravement entamé la confiance » dans OpenAI, a écrit son remplaçant.
Le nouveau patron d'OpenAI s'est engagé pour les 30 prochains jours à réaliser un audit indépendant sur les raisons de ce départ et à « réformer l'équipe de direction (...) pour en faire une force capable d'obtenir des résultats pour nos clients ».
« Je conduirai des évolutions au sein de l'organisation - jusqu'à pousser fortement à des changements significatifs de gouvernance si nécessaire », a-t-il affirmé.
La crise est loin d'être résolue pour autant. La plupart des cadres dirigeants d'OpenAI encore en poste ont réclamé la démission de l'ensemble du conseil d'administration, faute de quoi ils se disent prêts à démissionner, selon une lettre publiée lundi par plusieurs médias américains.
Le renvoi avec effet immédiat de la star de la Silicon Valley faisait suite à « une procédure d'examen délibératif par le conseil, qui a conclu qu'il n'avait pas toujours été franc dans ses communications avec le conseil, faisant entrave à sa capacité à remplir ses responsabilités », avait indiqué le conseil d'administration dans un communiqué, annonçant la désignation de la directrice de la technologie d'OpenAI, Mira Murati, pour faire l'intérim à la tête de l'entreprise.
Cette instance n'a plus « confiance dans sa capacité à diriger OpenAI, avait ajouté le conseil ».
« Nous sommes reconnaissants des nombreuses contributions de Sam à la création et à la croissance d'OpenAI. Dans le même temps, nous pensons qu'une nouvelle gouvernance est nécessaire pour avancer ».
Microsoft favorable au retour du fondateur d'OpenAI
Pourtant, dimanche, plusieurs investisseurs d'OpenAi s'activaient pour assurer le retour de Sam Altman à la tête de l'entreprise qui a lancé l'an dernier ChatGPT. Il y a moins de dix jours, il avait d'ailleurs présenté les dernières innovations de la plateforme d'intelligence artificielle qui comptabilise quelque 100 millions d'utilisateurs actifs toutes les semaines.
Faisant référence à plusieurs sources non identifiées, le Wall Street Journal a, en effet, écrit sur son site que de gros financiers de l'entreprise, au premier rang desquels Microsoft et la société de capital-risque Thrive Capital, « font des efforts pour faire revenir Sam Altman ». Et si Microsoft et Thrive sont les deux plus gros soutiens d'OpenAi, « d'autres investisseurs dans la société soutiennent leurs efforts », était-il également précisé. Le New York Times avait, lui aussi, rapporté des éléments de même teneur.
En outre, plusieurs responsables de l'entreprise ont depuis annoncé leur démission, en particulier le président du conseil d'administration Greg Brockman, un cofondateur de l'entreprise.
Microsoft avait pourtant assuré un peu plus tôt qu'il quittait ses fonctions au sein du conseil, mais qu'il restait un membre du personnel. Et la société d'investissements Sequoia a dit soutenir Sam Altman et Greg Brockman « dans quoique ce soit qu'ils décident de faire par la suite, que ce soit retourner chez OpenAI ou créer une nouvelle startup », a précisé la chaîne CNBC, après avoir parlé à un proche du dossier.
De son côté, l'homme de 38 ans « songe à revenir, mais il a dit aux investisseurs que s'il revenait, il souhaitait un nouveau conseil d'administration et une nouvelle structure de gouvernance », selon des sources du WSJ. Le quotidien économique a ajouté qu'il discutait en parallèle de la création d'une nouvelle société dans laquelle il ferait venir d'anciens employés d'OpenAI, y compris plusieurs de ceux ayant démissionné après son limogeage. Il « devrait décider entre les deux options aussi tôt que ce weekend », relevait le journal.
À l'annonce de son limogeage, il avait déclaré sur X (ex-Twitter) : « J'ai aimé mon temps passé à OpenAI. C'était transformateur pour moi sur un plan personnel mais aussi, espérons-le, pour le monde ».
« Sam Altman, son équipe et leurs talents sont les bienvenus en France »
S'il le souhaitait, il aurait pu venir travailler en France du moins. « Sam Altman, son équipe et leurs talents sont les bienvenus s'ils le souhaitent en France où nous accélérons pour mettre l'intelligence artificielle au service du bien commun », a, en effet écrit, samedi sur X, le ministre délégué chargé du Numérique, Jean-Noël Barrot.
Et pour cause, la veille, Xavier Niel (Iliad) et Rodolphe Saadé (CMA CGM, propriétaire de La Tribune) ont lancé Kuytai, un laboratoire « à but non lucratif » dédié à la recherche « ouverte » en IA. Doté de 300 millions d'euros, il nourrit l'ambition, par exemple, de créer son propre modèle de langage. Soutenu par Emmanuel Macron qui est intervenu par vidéo lors de l'annonce du lancement, le laboratoire compte également Eric Schmidt, ancien patron de Google, dans son trio de cofondateurs.
(Avec agences)
Sujets les + commentés