À 12h, l'action Logitech perdait 9,93% à 52,24 francs suisses (53,56 euros), à contre-tendance de l'indice suisse SMI, en hausse de 0,05%. Cette chute vertigineuse de près de 10% en quelques heures, en Bourse, fait suite au départ de Bracken Darrell, PDG de longue date du fabricant suisse d'accessoires informatiques. Arrivé chez Logitech il y a plus de dix ans, il avait sauvé l'entreprise lourdement touchée par l'érosion des ventes de PC et en avait refait une pépite de la Bourse suisse.
« Après presque une décennie de croissance constante [...], je pense que c'est un bon moment (pour) passer la main », a déclaré Bracken Darrell, cité dans un communiqué.
L'emblématique patron de Logitech quitte l'entreprise pour « poursuivre une autre opportunité », mais y restera toutefois « durant les prochains mois » pour assurer une transition en douceur », indique le groupe suisse basé à Lausanne et Newark en Californie.
C'est Guy Gecht, membre du conseil d'administration depuis 2019 qui assurera l'intérim à la direction générale en attendant de trouver un nouveau patron.
Conséquence sur le cours de l'action dans un futur proche
Cette démission est « abrupte », a réagi Michael Foeth, analyste chez Vontobel, mais ne constitue « pas entièrement une surprise ». Son départ va peser sur l'action à court terme, estime-t-il dans un commentaire boursier, même s'il s'attend à ce que la stratégie reste inchangée.
Quant à Andreas Müller, analyste à la banque cantonale de Zurich, il a immédiatement abaissé sa recommandation sur le titre, la rétrogradant de « Surpondérer » à « en ligne avec le marché ». Selon lui, « après une performance fulgurante durant la pandémie », les ventes sont en voie de « normalisation ». Il ajoute que Logitech dispose toujours de « moteurs de croissance », mais il est encore difficile de savoir quand ils gagneront en puissance et quel chiffre d'affaires ils généreront. « Pour nous, ça n'est pas clair », insiste l'analyste.
Retour sur le redressement du groupe
Bracken Darrell avait rejoint Logitech en 2012 en tant que président et pris la direction générale en janvier 2013, alors que de nombreux investisseurs craignaient la faillite de la société. A cette époque, la baisse de vente de PC avait un fort impact négatif sur l'entreprise qui voyait ses ventes de claviers et souris plongées. Le ressortissant américain avait alors lancé une grande restructuration et un repositionnement en profondeur de la gamme de produits. Logitech s'était recentré sur les accessoires pour tablettes, la vidéoconférence et les produits audio, tels que les haut-parleurs portatifs. La branche accessoires pour jeux vidéo avait été renforcée par le biais d'acquisitions ciblées.
Les ventes s'étaient progressivement redressées, renouant avec une solide croissance. Puis, au cours des confinements successifs, la demande d'équipement pour le télétravail, l'école à distance et les loisirs à domicile avait fait exploser les ventes.
L'action, qui avait perdu plus de 80% de sa valeur entre 2007 et début 2013, a été intégrée en 2021 au SMI, qui regroupe les 20 plus grandes valeurs de la Bourse suisse, attestant du chemin parcouru depuis les années difficiles de Logitech.
Un recul des ventes attendu en 2023
Au début du mois de juin, l'entreprise suisse avait annoncé s'attendre à une chute de ses ventes en raison d'un « manque de visibilité » sur l'économie qui pousse les entreprises à tailler dans leurs investissements. Les résultats annuels du fabricant d'accessoires informatiques sont en net repli. Logitech s'attend à un recul des ventes une fois converties en dollars de l'ordre de 18% à 22% pour la première moitié de l'exercice 2023/2024 débuté le 1er avril.
Après deux années de très forte croissance durant la pandémie de Covid-19, son chiffre d'affaires a diminué de 13% par rapport à l'exercice précédent et de 17% une fois converti en dollars, à 4,5 milliards de dollars.
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