La Corée du Sud met les bouchées doubles. Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a annoncé ce jeudi un nouveau plan de soutien de quelque 17,5 milliards d'euros pour renforcer l'industrie des semi-conducteurs du pays, secteur stratégique au cœur d'une bataille mondiale.

« Nous avons créé un programme complet de soutien à l'industrie des semi-conducteurs d'une valeur de 26.000 milliards de wons (environ 17,5 milliards d'euros) qui inclut le financement, l'infrastructure, la recherche et le développement, ainsi que le soutien aux petites et moyennes entreprises », a déclaré le président sud-coréen, dans un communiqué.

Le montant affiché intègre 6,4 milliards d'euros d'investissements déjà annoncés le 12 mai. Séoul va également élargir les avantages fiscaux aux investissements dans les puces, a annoncé Yoon Suk Yeol. Ces mesures interviennent alors que le gouvernement cherche à investir massivement dans six secteurs technologiques clés, dont les puces, les écrans et les batteries, où les géants de la tech du pays sont déjà bien implantés.

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Un « méga pôle de semi-conducteurs »

Dans le détail, le paquet de soutien annoncé comprend notamment un « nouveau programme de soutien financier aux semi-conducteurs d'une valeur de 17.000 milliards de wons » (11,5 milliards d'euros), géré par la Banque coréenne de développement. Objectif : permettre aux entreprises de réaliser de nouveaux investissements cruciaux, comme une extension de leurs usines ou des lignes de production.

Le plan prévoit également la création d'un « fonds pour l'écosystème des semi-conducteurs » d'une valeur de mille milliards de wons, qui soutiendra les « fabless » (sociétés qui conçoivent leurs produits, mais sous-traitent leur fabrication) et les petites et moyennes entreprises liées à l'industrie.

« Notre part de marché "fabless" est encore de l'ordre de 1%, et les fonderies, qui fabriquent des puces, ne sont pas en mesure de combler l'écart avec des entreprises de premier plan telles que TSMC », a observé Yoon Suk Yeol, faisant référence au géant taïwanais des semi-conducteurs.

Dans la course au semi-conducteurs, la Corée du Sud, qui abrite Samsung Electronics et SK Hynix, parmi les plus grands fabricants mondiaux de puces mémoire, avait déjà annoncé l'an dernier la construction du plus grand pôle de fabrication de semi-conducteurs au monde grâce à un investissement privé de 240 milliards de dollars.

Le pays est en train de construire un « méga pôle de semi-conducteurs » dans les environs de Séoul, qui, selon le gouvernement, sera le plus grand complexe de fabrication de semi-conducteurs au monde et créera des millions d'emplois.

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« Guerre totale »

Les semi-conducteurs sont le principal poste d'exportation de la Corée du Sud et ont atteint 11,7 milliards de dollars (10,8 milliards d'euros) en mars, leur niveau le plus élevé depuis près de deux ans, soit un cinquième des exportations totales de la Corée du Sud, selon les chiffres du ministère du Commerce.

« Comme vous le savez tous, les semi-conducteurs font l'objet d'une guerre totale entre pays », a déclaré Yoon Suk Yeol. « La victoire ou la défaite ira à celui qui fabriquera le premier les semi-conducteurs de pointe dotés d'une grande capacité de traitement des données ». « L'Etat doit soutenir le secteur des semi-conducteurs afin qu'ils ne soient pas à la traîne par rapport à leurs concurrents », a-t-il ajouté.

La sécurisation de l'approvisionnement en semi-conducteurs de pointe est devenue une question cruciale pour de nombreux pays, les États-Unis et la Chine s'étant engagés dans une bataille féroce pour le contrôle du marché. Pour assurer sa souveraineté technologique sur ce marché estimé à 440 milliards d'euros, l'Union européenne ambitionne, de son côté, de produire 20% des semi-conducteurs dans le monde d'ici à 2030, le double de sa part actuelle.

Dans ce contexte, en mai 2022, Samsung avait également dévoilé un plan quinquennal d'investissement massif de 450.000 milliards de wons (305 milliards d'euros), visant à faire du pays un leader dans des secteurs clés, allant des semi-conducteurs aux biotechnologies.

Pénuries de puces

Malgré les investissements massifs de la Corée du Sud, certaines entreprises du pays ont encore besoin de semi-conducteurs à l'étranger pour stabiliser leur approvisionnement. Dans ce contexte, le fabricant de puces électroniques allemand Infineon va fournir jusqu'en 2030 les constructeurs automobiles sud-coréens Kia et Hyundai, selon un contrat signé mercredi dernier. « Ce partenariat permet à Hyundai Motor et à Kia de stabiliser leur approvisionnement en semi-conducteurs », s'est de son côté félicité Heung Soo Kim, vice-président de Hyundai Motor Group.

Il faut souligner que depuis le printemps 2021, le marché automobile est perturbé dans de nombreux pays par une série de problèmes logistiques liés à des pénuries à répétition de semi-conducteurs, dont la demande ne cesse de croître. Le basculement vers l'électrique de ce marché augmente encore ces besoins, et les constructeurs, lancés dans cette transition, cherchent à sécuriser leur approvisionnement.

Outre l'automobile, les équipements informatiques (ordinateurs, smartphones, consoles de jeux) sont les plus touchés par ces pénuries, notamment en raison de l'envol de l'intelligence artificielle, ou encore de l'arrivée de la 5G. Les fabricants de consoles de jeux comme Microsoft et Sony sont aussi confrontés au problème. Par ailleurs, des acteurs de l'électroménager, déjà victimes du manque de matières premières disponibles, ont également fait part de difficultés d'approvisionnement en puces.

(Avec AFP)