Astanor Ventures lève 275 millions d'euros pour financer les startups à impact de l'agriculture

Spécialisée dans le financement des startups à impact de l'agroalimentaire, la société de capital-risque Astanor Ventures annonce ce vendredi la clôture de son premier fonds institutionnel. Doté de 325 millions de dollars (environ 275 millions d'euros), il vise à financer des tickets entre "1 à 20 millions d'euros" pour environ 25 startups du secteur.
Anaïs Cherif
Astanor Ventures est l'un des principaux investisseurs d'Ÿnsect, jeune pousse française qui se revendique leader mondial dans l'élevage d'insectes afin de les transformer en nourriture pour animaux.
Astanor Ventures est l'un des principaux investisseurs d'Ÿnsect, jeune pousse française qui se revendique leader mondial dans l'élevage d'insectes afin de les transformer en nourriture pour animaux. (Crédits : Ynsect)

Financer une agriculture plus durable. C'est l'objectif affiché par la société de capital-risque Astanor Ventures, spécialisée dans le financement des startups à impact de l'industrie agroalimentaire depuis sa création en 2017. Connue pour son investissement dans la startup-star du secteur, Ynsect, cette société européenne annonce ce vendredi le lancement de son premier fonds institutionnel, doté de 325 millions de dollars (environ 275 millions d'euros). De quoi revendiquer le titre de "plus grand fonds à impact dédié aux startups de l'industrie agroalimentaire au monde", souligne Eric Archambeau, cofondateur d'Astanor Ventures.

La technologie pour changer l'agriculture

"Lors de notre création il y a trois ans, notre constat était le suivant : nous sommes arrivés à bout d'un système agricole créé il y a 70 ans, estime Eric Archambeau. Les agriculteurs ont été poussés à produire toujours plus de quantité, pour un prix de vente le plus bas possible. Mais ce modèle est à repenser."

Et de poursuivre : "La bonne nouvelle, c'est qu'il y a une prise de conscience des consommateurs sur la provenance de leur nourriture, sa fraîcheur... Et en parallèle, des technologies se développent depuis dix ans." Face à l'affluence des jeunes pousses qui œuvrent pour une agriculture et une alimentation plus saine, la société s'est donc tournée au cours de l'année dernière vers des institutions pour constituer ce nouveau fonds. "Dans un premier temps, nous pensions que le Covid-19 pouvait nous ralentir - et cela a été le cas en mars et avril dernier. Mais cette crise a aussi démontré l'importance de développer les productions locales, les circuits-courts...", liste l'associé.

Avec ce nouveau fonds, Astanor Ventures souhaite investir dans environ 25 jeunes pousses. Soit doubler son portefeuille actuel, qui comprend une vingtaine de startups européennes et américaines, comme Ÿnsect, pionnier français de l'élevage d'insectes pour l'alimentation animale, ou encore la Ruche Qui Dit Oui, qui propose des produits frais en circuit-court. Si le fonds se dit "multi-stage, avec des tickets pouvant varier de 1 à 20 millions d'euros", Eric Archambeau avance qu'il y aura "très peu d'investissements à un million d'euros".

Concilier croissance et impact

Astanor Ventures dit s'intéresser à toute la chaîne de l'agroalimentaire, des sols jusqu'au microbiome humain, en passant par la production, la transformation et la conservation des aliments, sans oublier leur distribution. Pour trier sur le volet les startups prometteuses, le fonds s'intéresse de façon traditionnelle "aux potentiels de croissance importants et au management", tout en mesurant l'impact qui doit être dans l'ADN de l'entreprise dès sa création.

"Lorsque nous souhaitons investir dans une startup, nous ne mesurons pas simplement son impact relatif mais nous adoptons une vision d'ensemble pour déterminer quel sera l'impact global de son activité commerciale et industrielle sur la planète et le grand public", affirme Eric Archambeau. "Nous insistons aussi auprès des sociétés pour leur rappeler régulièrement de ne pas privilégier la croissance à l'impact."

Car c'est tout l'enjeu des fonds à impact, encore émergents : parvenir à concilier hyper-croissance des pépites pour générer un fort retour sur investissement, tout en préservant les objectifs initiaux de développements durables. Deux logiques aux antipodes. Selon le cofondateur, "c'est une question fondamentale : peut-on rendre profitable une société qui, par nature, n'a pas vocation à l'être ? C'est notre pari en misant sur l'agroalimentaire car c'est un domaine qui a besoin de se réformer" de façon urgente aux regards des enjeux climatiques.

Anaïs Cherif

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